Le FMI analyse les performances de l’économie algérienne : Croissance «forte», inflation «préoccupante»

31/03/2024 mis à jour: 00:32
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Photo : D. R.

Le FMI note que «la croissance réelle devrait rester forte en 2024, à 3,8%, soutenue en partie par d’importantes dépenses budgétaires». «Les pressions inflationnistes ont persisté et la politique monétaire est restée accommodante». Le Fonds souligne les risques qu’impliquent une inflation persistante, la volatilité des prix internationaux des hydrocarbures, les risques budgétaires et une dette publique croissante.

Le FMI vient de rendre publiques ses conclusions sur les performances de l’économie algérienne, dans le cadre des consultations au titre de l’article IV, à l’issue d’une mission effectuée à Alger en décembre 2023. «On estime que l’économie algérienne a connu une croissance de 4,2% en 2023, une performance robuste due à un rebond de la production d’hydrocarbures et à de solides performances dans les secteurs de l’industrie, de la construction et des services.

La position extérieure est restée solide, avec un excédent du compte courant pour la deuxième année consécutive», a-t-il indiqué d’emblée. Si, en effet, les prix internationaux élevés des hydrocarbures ont stimulé les recettes publiques et les exportations, il reste comme ombre au tableau, cependant, la persistance des pressions inflationnistes.

Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) attire l’attention sur le fait  que  «les pressions inflationnistes ont persisté (principalement en raison des prix élevés des produits alimentaires) et la politique monétaire est restée accommodante». Pointe-il du doigt la responsabilité de la Banque d’Algérie ?

Le gouvernement ? Peut-être les deux à la fois puisque le FMI dresse en tout cas un diagnostic sans appel et affirme sans détour que «l’inflation reste préoccupante», avant d’asséner : «On estime que le déficit budgétaire s’est creusé, quoique moins que prévu dans le budget révisé de 2023, en raison de taux d’exécution relativement lents.»

Le FMI prévoit, dans la foulée, que «la croissance réelle devrait rester forte en 2024, à 3,8%, soutenue en partie par d’importantes dépenses budgétaires». Et d’ajouter : «L’inflation commencerait à ralentir, notamment grâce à la baisse des prix des produits alimentaires frais, même si son maintien à un niveau relativement élevé reste préoccupant.»

En 2024,  l’excédent du compte courant devrait «se réduire», en raison de la baisse des prix des hydrocarbures. Le Fonds fait remarquer que les perspectives de l’Algérie, à moyen terme, dépendront de la capacité du pays à diversifier son économie et à attirer les investissements privés.

Dans la même veine, il souligne les risques qu’impliquent une inflation persistante, la volatilité des prix internationaux des hydrocarbures, les risques budgétaires et une dette publique croissante. Aussi a-t-il invité à considérer le cas où  les événements climatiques extrêmes affecteraient l’économie et le budget, tandis qu’une transition énergétique désordonnée constitue un risque à plus long terme.

Les administrateurs du Fonds ont souligné, dans ce cadre,  qu’«une combinaison de politiques judicieuse, accompagnée d’une mise en œuvre soutenue de réformes visant à diversifier l’économie et à réduire les risques liés au climat, sera nécessaire pour garantir la stabilité macroéconomique et promouvoir une croissance inclusive et durable».

«Faire de la stabilité des prix l’objectif principal»

Le FMI met en garde contre «l’important déficit budgétaire» et considère que les besoins de financement prévus à court terme pourraient «accroître» les vulnérabilités financières, budgétaires et inflationnistes.

Dans cette optique, il appelle les autorités à «rééquilibrer» progressivement la politique budgétaire. Invitant à privilégier la lutte contre l’inflation, le FMI recommande aux autorités «un resserrement proactif de la politique monétaire, par le biais d’une augmentation du taux directeur et du taux de réserves, combiné à une absorption continue des liquidités, ce qui contribuerait à soutenir les efforts désinflationnistes».

De même qu’«il sera également essentiel, a-t-il indiqué, de renforcer le mécanisme de transmission monétaire et de faire de la stabilité des prix l’objectif principal de la politique monétaire.»

Tout en se félicitant de l’adoption de la loi monétaire et bancaire visant à moderniser les marchés financiers, le Fonds recommande également une  «plus grande flexibilité du taux de change» et encourage les autorités à «renforcer la supervision bancaire, à surveiller les prêts improductifs et à renforcer la gouvernance des banques publiques et autres entreprises publiques».

Enfin, et tout en soulignant l’importance de poursuivre les réformes structurelles,  les administrateurs du FMI ont également exhorté les autorités à «améliorer la couverture et l’actualité des statistiques, avec le soutien du renforcement des capacités du FMI, afin de mieux éclairer l’élaboration des politiques».

 

 

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