Le Congrès américain évoque les affaires controversées de son fils à l’étranger : Biden visé par une procédure de destitution

17/12/2023 mis à jour: 04:56
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Photo : D. R.

Avocat puis homme d’affaires, le fils de Joe Biden, Hunter Biden, 53 ans, s’est reconverti dans la peinture après s’être sorti d’addictions à la drogue et à l’alcool, selon la presse américaine.

Joe Biden, 81 ans, est désormais le quatrième président des Etats-Unis à être visé par une procédure de destitution après Andrew Johnson en 1868, Bill Clinton en 1998 et enfin Donald Trump en 2019 et 2021. Richard Nixon a préféré démissionner en 1974 pour éviter une destitution certaine par le Congrès en raison du scandale du Watergate. Mais jamais un Président n’a été destitué dans l’histoire américaine.

D’ailleurs, la procédure ciblant Joe Biden n’a quasiment aucune chance d’aboutir, selon des analystes qui estiment toutefois qu’elle risque de fragiliser encore plus le patron de la Maison-Blanche déjà embourbé dans le conflit israélo-palestinien qui a tourné au génocide.

Concrètement, le Congrès américain a approuvé, mercredi dernier, l’ouverture formelle d’une enquête en destitution (Impeachment) de Joe Biden, motivée par les affaires controversées de son fils, Hunter Biden, à l’étranger. Dans une déclaration, le président américain a qualifié cette démarche de «combine politique sans fondement». «Joe Biden a menti de façon répétée au peuple américain», a accusé le chef de la commission d’enquête de la Chambre, James Comer, depuis l’hémicycle.

«Mon père n’a jamais été impliqué financièrement dans mes affaires», avait déjà balayé Hunter Biden, lors d’une rare conférence de presse mercredi matin.  Présent devant le Congrès américain, le quinquagénaire a cependant reconnu avoir  fait «des erreurs» dans sa vie. Mais il a refusé de participer à une audition à huis clos organisée par les républicains, qui l’avaient assigné à comparaître au Capitole.

Rappelons qu’une première audition parlementaire avait été organisée sur le sujet fin septembre dernier, lors de laquelle les experts interrogés s’étaient accordés à dire que rien ne permettait pour l’heure de justifier une mise en accusation du  président Biden.

Les républicains ont estimé toutefois que l’ouverture formelle de l’enquête leur offrira des pouvoirs supplémentaires, et donc de nouvelles possibilités d’incriminer le président démocrate. Une fois l’enquête terminée, la Chambre des représentants vote, à une  majorité simple, des articles de mise en accusation détaillant les griefs reprochés au Président, selon la législation américaine.

Hunter n’est pas à son premier délit

Dans les faits, les conservateurs, majoritaires à la Chambre des représentants, accusent Joe Biden d’avoir usé de son influence lorsqu’il  était vice-président de Barack Obama (2009-2017) pour permettre à son fils de  faire des affaires douteuses en Chine et en Ukraine.  Ils ont fait rappeler que Hunter Biden siégeait au conseil de surveillance d’un groupe gazier ukrainien.

Les conservateurs attribuent à une volonté de protéger ce groupe les pressions exercées sur Kiev par son père, lorsqu’il était vice-président de Barack Obama, pour obtenir en 2016 le limogeage du procureur général ukrainien Viktor Chokine.

Malgré ces accusations, Hunter Biden n’a jusqu’ici été inculpé d’aucun délit lié à ses affaires à l’étranger. Son père a toujours nié être impliqué dans les affaires de son fils, tout en le soutenant publiquement. Il faut savoir que cette enquête en destitution intervient une semaine après une deuxième inculpation de son fils, Hunter, par la justice fédérale, non pas pour «affaires douteuses» en Ukraine mais pour fraude fiscale.

Avocat puis homme d’affaires, Hunter Biden, 53 ans, s’est reconverti dans la peinture après s’être sorti d’addictions à la drogue et à l’alcool, selon la presse américaine. Il «a été impliqué dans un stratagème» qui lui a permis de ne pas payer 1,4 million de dollars en impôts dus pour la période fiscale allant de 2016 à 2019, selon l’acte d’accusation. «Les arriérés d’impôts ont depuis été payés», a indiqué le Washington Post. Hunter Biden «a dépensé des millions de dollars dans un style de vie extravagant au lieu de payer ses impôts», poursuit le document, qui a détaillé neuf chefs d’accusation, allant de la fraude fiscale aux fausses déclarations.

Il a notamment dépensé son argent pour financer sa consommation de drogues, s’offrir la compagnie «d’escorts», des voitures et vêtements de luxe, selon l’acte d’accusation publié par le New York Times.

Le fils de Joe Biden n’est pas à son premier délit. Il a déjà fait l’objet de poursuites pour détention illégale d’arme et il risque d’être jugé deux fois en 2024, année électorale aux Etats-Unis. Il a comparu dans cette affaire le 3 octobre devant le tribunal fédéral de Wilmington, dans le Delaware, Etat d’origine de la famille Biden. Il y a plaidé non coupable avant de repartir libre.

Procédure en deux actes

Il était parvenu en juin à un accord avec le procureur David Weiss pour plaider coupable, pouvant lui éviter la prison et un procès gênant, mais il a été annulé cet été. L’accord couvrait à la fois des accusations de fraude fiscale et celles d’acquisition illégale d’arme à feu.

Mais il a été retiré à la suite de doutes émis en juillet par une juge sur sa validité. Selon la presse américaine, le fils de Biden encourt 17 ans de prison dans le volet de fraude fiscale, et 25 ans d’emprisonnement à cause de sa détention illégale d’arme. La Constitution américaine prévoit que le Congrès puisse destituer le président en cas de «trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs».

Aux Etats-Unis, la procédure de destitution implique les deux chambres du Congrès, à savoir la Chambre des représentants et le Sénat.  Elle débute par une enquête menée par le Comité judiciaire de la Chambre des représentants.

Au terme de ses investigations, ce dernier soumet une résolution à la Chambre qui vote à la majorité simple l’adoption d’une motion d’impeachment. En cas d’inculpation par la Chambre, un procès en destitution s’ouvre devant le Sénat.

Les sénateurs sont alors amenés à se prononcer sur la culpabilité, ceci à la majorité des deux tiers. Cela dit, l’enquête en destitution va encore sustenter bien des débats entre démocrates et républicains. A moins d’une année des élections américaines, la question de savoir à quel camp la procédure profitera se pose avec acuité.


 


 


 

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