Le président de la République algérienne a fermement réagi, dans l’interview donnée au journal français l’Opinion aux déclarations autour de l’aide publique au développement accordée par la France, qualifiant ladite polémique de «profonde méconnaissance de l’Algérie» et déclarant sans ambages que l’Algérie n’a pas «besoin de cet argent».
Le chef de l’Etat précise ainsi que cette aide est de l’ordre de 20 à 30 millions par an, tandis que, tient-il à glisser, «le budget de l’Etat algérien est de 130 milliards de dollars et nous n’avons pas de dette extérieure». Il souligne : «Nous finançons chaque année 6000 bourses africaines pour venir étudier chez nous, une route de plus d’un milliard de dollars entre notre pays et la Mauritanie et venons d’effacer 1,4 milliard de dette à douze pays africains. Nous n’avons pas besoin de cet argent qui sert avant tout les intérêts d’influence extérieure de la France.»
Dans un contexte où les relations algéro-françaises traversent une forte zone de turbulences, la polémique sur cette aide s'est enflammée lorsque l’eurodéputée Sarah Knafo, affiliée au parti d’extrême droite Reconquête, a prétendu que la France verserait annuellement quelque 800 millions d’euros à l’Algérie. Une assertion démentie, y compris par l'ambassade de France à Alger qui, dans un communiqué publié dimanche 2 février, a livré des chiffres officiels bien inférieurs.
Selon cette source, le montant de l’aide française au développement accordé à l’Algérie en 2022 s’est élevé à 132 millions d’euros, mais dont une grande partie va à des institutions et organismes français. La répartition de cette enveloppe montre ainsi que 121 millions d’euros ont été alloués au ministère français de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, destinés à financer les bourses d'étudiants algériens poursuivant leur cursus en France.
De même, 8,5 millions d’euros ont été affectés au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères pour couvrir les frais de fonctionnement des bourses scientifiques et les programmes de coopération pilotés par le Service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France en Algérie.
Quant à l’Agence française de développement (AFD), elle a bénéficié d’une dotation de 1,5 million d’euros pour soutenir des projets algériens de développement économique. Enfin, 280 000 euros ont été attribués au ministère français de l’Intérieur, destinés aux activités des collectivités territoriales et de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).
Dans une récente dépêche de l’agence officielle APS intitulée «De quelle aide au développement parle-t-on ?», il est souligné que «les estimations de la valeur des aides au développement reçues de la France n'excèdent pas le chiffre de cinq millions d'euros».
«Et encore, est-il noté dans le même texte, ces fonds sont strictement liés à la mise en œuvre de projets de coopération bilatérale, dont l'inscription au titre de la catégorie de l'aide publique au développement est sujette à discussion et nullement acquise d'office.» L’agence précise ainsi que 80% de cette ne quitte pas le territoire français. La seconde partie inclurait, selon la même source, entre autres, la promotion de la langue et de la culture françaises, le soutien aux ONG françaises autorisées à opérer en Algérie, ainsi que la consolidation de la présence économique de la France en Algérie.
Et pour souligner davantage l’indépendance économique de l’Algérie, le président algérien n’a pas manqué, dans l’interview accordée au journal l’Opinion, d’afficher des prédictions particulièrement optimistes et ambitieuses : «Si Dieu le permet, déclare-t-il, peut-être que dans deux ans maximum, l’Algérie sera un pays émergent du niveau des pays du sud de l’Europe avec un PIB de plus de 400 milliards de dollars.»
Il souligne que l’Algérie mise sur une diversification économique. «Début 2027, tout au plus, nous aurons achevé la construction de notre programme de 3,5 millions de logements – deux millions sont déjà livrés –, nous en aurons aussi terminé avec le problème de l’eau et nous aurons réduit l’importation de matières premières pour nos usines. Notre objectif est de fabriquer le maximum de produits sur place», a-t-il précisé, annonçant que «nous allons développer l'énergie solaire et la production d’hydrogène vert, une nouvelle ressource qui renforcera l’attractivité industrielle de l’Algérie».