La présidente de l’UCP, Zoubida Assoul, convoquée par la Sûreté de wilaya d’Alger (SWA), a refusé de répondre aux questions des officiers des RG. L’objet de la convocation : les activités du parti, notamment ses rencontres avec des diplomates accrédités en Algérie, précise-t-elle. L’UCP a dénoncé une «dérive autoritaire».
La présidente du parti de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul, a qualifié, hier, sa convocation par la sûreté de wilaya d’Alger de «dérive autoritaire» sans précédent dans l’histoire du pluralisme politique.
Cette ancienne magistrate et cadre du ministère de la Justice s’est présentée, mardi vers 15h, à la Sûreté de wilaya d’Alger (SWA), boulevard Amirouche, à Alger-centre, en réponse à une convocation qui lui a été adressée le matin même.
Le motif de la convocation n’était pas notifié. Une fois arrivée sur place, Me Zoubida Assoul est orientée vers le département des Renseignements généraux.
Etant, dit-elle, respectueuse de la loi et des institutions, elle a répondu favorablement le jour même à cette convocation à la sûreté de wilaya où elle «est reçue par deux officiers très respectueux des formes ; j’ai compris alors que l’objet de cette convocation était les activités du parti, notamment ses rencontres avec des diplomates accrédités en Algérie», affirme Me Assoul, jointe par téléphone.
La présidente de l’UCP a refusé de répondre aux questions des officiers des RG et dit n’accepter de leçon de morale et de patriotisme de personne. «J’ai signifié au service de sécurité que je ne répondrais à aucune question et que je refuse d’être auditionnée sur mes activités. J’ai dit : ‘‘Si je suis accusée de quoi que ce soit, je contacte mes avocats. Je connais la culture de l’Etat et je travaille dans la transparence. J’ai dit clairement à l’officier que je n’ai pas de compte à lui rendre», raconte Me Assoul.
A la suite de cette convocation, le bureau exécutif de l’UCP s’est réuni en urgence et a dénoncé, dans un communiqué, une «dérive autoritaire» qui s’ajoute, dit-il, aux autres atteintes à l’action politique.
Défense de la souveraineté de l’Algérie
«Cette dérive nous renseigne sur l’état des libertés dans notre pays. Me Assoul a répondu à la convocation, mais n’avait pas à répondre ni à justifier ses activités politiques devant les services de sécurité.
L’article 58 de la Constitution garantit les libertés d’expression, d’opinion et de réunion entre autres droits, aux partis politiques et c’est ce qu’elle a bien signifié lors de cet entretien», lit-on dans le communiqué qui rappelle que «depuis dix ans d’existence sur la scène politique algérienne, le parti dirigé par Me Zoubida Assoul n’a cessé de défendre la souveraineté de l’Algérie contre toutes ingérences étrangères», «une position constante» et «fièrement revendiquée» publiquement et lors des rencontres avec les différentes représentations diplomatiques.
Cependant, l’Algérie, soutient Me Zoubida Assoul, ne vit pas en autarcie et de par les valeurs d’universalité prônées par l’UCP, «il y va de son rôle de parti politique d’opposition et de proposition agissant dans la transparence de porter une voix d’une Algérie qui défend toutes les libertés».
«L’action politique encadrée par la loi, comme celle de l’UCP, n’est pas un crime et cette suspicion systématique d’un autre âge ne grandit pas l’Algérie, elle lui porte même un coup», avertit la direction du parti, précisant que l’UCP n’a de leçon à recevoir de quiconque, ni sur le plan patriotique ni sur le plan politique : «Seuls nos militants ont le droit de questionner sa présidente sur l’agenda et les activités politiques du parti.»
L’UCP appelle à «renforcer le front intérieur» au regard des bouleversements que connaît le monde actuellement et des menaces de tous ordres qui pèsent sur l’Algérie.
Convaincu du bien-fondé de sa démarche, le parti affirme que sa première responsable «œuvrera à la concrétisation de l’Etat de droit qui garantit toutes les libertés démocratiques dans notre pays».