Laurent Lhardit. Député : «L’intérêt de la France est de développer d’excellentes relations avec l’Algérie»

15/03/2025 mis à jour: 16:32
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Élu à la municipalité de Marseille et député socialiste, Laurent Lhardit a pris le 10 mars la présidence du groupe d’amitié France Algérie, le temps de la législature. Il a bien voulu répondre à quelques questions d’El Watan

 

Propos recueillis par  Walid Mebarek

 

Comment avez-vous été amené à prendre la présidence du groupe d’Amitié France- Algérie ?

J’avais candidaté comme deux autres députés, mais j’ai été simplement nommé, car les deux candidats ont préféré se désister pour me laisser la place.


Pourquoi  étiez-vous intéressé par ce poste ?

Mon premier regard sur l’Algérie, c’est d’abord un regard de Marseillais. Je suis né et je vis à Marseille, et pour moi l’Algérie c’est tous les jours… j’ai des amis, une histoire, en ayant d’ailleurs mis les pieds en Algérie en mai 2024 pour la première fois à la faveur d’un déplacement avec le maire de Marseille, constituée d’une délégation économique et culturelle. L’Algérie, pour moi, c’est pour une bonne part, un lien affectif et une histoire. Mon histoire à moi est très courte, c’est mon père qui a été instituteur en Algérie dans le Sud puis appelé. Il y a quelques années, j’ai retrouvé dans un placard familial des diapositives du temps qu’il a passé là-bas. On les a développées, ordonné dans un album et on lui a demandé de raconter. Il a terminé son séjour au Sud, comme méhariste. D’ailleurs, depuis que je suis nommé président, c’est fou ce que des gens que je connais me livrent des souvenirs ou anecdotes sur l’Algérie. 


63 ans après l’indépendance l’histoire va-t-elle accoucher d’un autre regard ?

C’est bien qu’il y ait du sang neuf de personnes qui commencent à s’intéresser à ces questions. Finalement, on pourrait même s’étonner que cela n’aille pas plus vite. A Marseille, on a débaptisé une place et une rue portant le nom de Bugeaud. Quand on a connaissance du travail de mémoire effectué et à faire sur cette histoire, on se dit qu’il est évident qu’il faut en parler, poursuivre, approfondir et que c’est là-dessus qu’on aura réussi à franchir des pas supplémentaires. Il n’y a strictement rien à laisser dans l’ombre. 

Quelles vont être vos premières actions ? 

On va rencontrer l’ambassadeur de France à Alger. Un courrier officiel est parti. Je voudrais aussi  rencontrer l’historien Benjamin Stora et j’espère qu’on pourra le faire dans le cadre d’une audition à l’Assemblée nationale. Pour avoir son point de vue sur le fonds mais aussi  sur tout ce qu’il a réalisé comme travaux sur l’histoire contemporaine algérienne. 

Il faudra aussi qu’on reçoive d’autres historiens, - des Algériens aussi. Ça c’est pour le travail de mémoire. J’aimerais aussi, de part mon vécu marseillais et notre action à la municipalité depuis 2020, continuer sur les dossiers importants pour l’avenir. Il y a une société civile qui sur plein d’aspects est mobilisée de part et d’autre de la Méditerranée. Il faut mettre ces mobilisations en lumière. Il existe des relations capillaires aujourd’hui entre la France et l’Algérie qu’il faut valoriser. Surtout, dans cette période qu’on traverse, plein d’interrogations, on se doit de poser les bonnes questions. On est en train de ramener une relation extrêmement importante pour la France et les Français à des problématiques de politique intérieure. Avec Bayrou qui court après Darmanin qui court après Retailleau qui court après le Rassemblement national, et cela est insupportable, car à côté de ça, on a un contexte international qui indique que nous avons un partenaire de l’autre côté de la Méditerranée. Que l’intérêt de la France est non seulement de rétablir d’excellentes relations avec l’Algérie mais de les développer. 

Apparemment c’est mal parti ?

On va discuter avec l’ambassadeur et avec le Quai d’Orsay qui vont nous dire où en sont les relations. On considère pour notre part qu’en dehors de ces relations d’Etat à Etat, il y a au niveau parlementaire le travail de notre groupe d’amitié. On est là pour valoriser les choses et essayer de peser d’un poids certes relatif pour dire qu’on a un travail à engager, à poursuivre et à améliorer.


Votre rôle est d’impulser un dynamisme relationnel ? 

Nous avons un pouvoir de soft power qui a son importance. 

Les propos du ministre de l’Intérieur et l’amplification par les médias de la sphère Bolloré ne font-ils pas des ravages ?

Mon commentaire, à titre personnel :  je regrette profondément les propos de M. Retailleau. Ce que font les médias que vous citez est dangereux, mais pas seulement sur l’Algérie, on le voit sur la Russie ou sur l’Ukraine. C’est de la désinformation en permanence. C’est un lobby médiatique qui existe qui a une orientation. Bon, on ne peut pas l’interdire, mais on peut dire et répéter aux Français à faire attention à cette machine de désinformation qui est là. 

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