L’Algérie, l’ONU et le Sud global

07/01/2024 mis à jour: 04:15
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En entamant son mandat en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, l’Algérie renoue avec son rôle diplomatique au sein des Nations unies. C'est la quatrième fois que l'Algérie occupe un siège non permanent au Conseil de sécurité. Le tout premier mandat a été entamé en 1968. 

Une année auparavant, en pleine émergence du tiers-monde non aligné (bloc géopolitique aujourd’hui appelé Sud global), l’Algérie avait abrité la première rencontre de grande importance où fut adoptée la fameuse «Charte d'Alger» du Groupe des 77 aux Nations unies, communément appelé G77 qui compte actuellement 133 pays, soit environ deux tiers des membres des Nations unies.

Ce groupe ambitionne de renforcer le rôle et le poids des pays en développement. Plus d’un demi-siècle après l’adoption de la Charte d’Alger, la revendication d’une meilleure et légitime représentativité du Sud global au sein de l’ONU est plus que jamais d’actualité. Au même titre que la Chine, l’Inde et l’Amérique latine, l’Afrique fait partie du Sud global qui milite pour un ordre international plus multipolaire. 

Le contexte actuel est marqué par la quête insistante de l’Afrique pour une meilleure représentativité au sein de l’ONU. L’Afrique mérite, en effet, légitimement d’être mieux représentée au Conseil de sécurité. Les 54 pays africains membres de l'ONU, qui totalisent 1,3 milliard d'habitants, ne sont représentés que par trois sièges non permanents sur les 15 du Conseil de sécurité. Le continent africain réclame, depuis 25 ans, deux sièges permanents et cinq de membres non permanents avec un droit de veto au sein de cette instance sécuritaire onusienne. 

La légitimité de cette aspiration tient par la grande taille de l’effectif des pays africains au sein de l’ONU. En 2005, les Etats africains ont soumis à l’Assemblée générale des Nations unies une proposition pour la réforme intitulée «le Consensus d’Ezulwini». La réforme d’élargissement est en discussion depuis plus de quarante ans à l’ONU, mais elle tarde à être concrétisée. 

Dans sa quête de sièges permanents à l’ONU, l’Afrique est notamment appuyée par la Chine, l'Allemagne et les Etats-Unis. Lors de son discours à la tribune de l’ONU, en septembre 2022, le président américain s’est dit «favorable» pour que deux pays africains aient des sièges permanents au Conseil de sécurité. Cet appui s’explique sans doute par une stratégie de vouloir rallier les pays africains pour amender le principe du droit de veto pour amoindrir son usage par la Russie. 

Mais que peut faire un président américain en fin de mandat ? Donald Trump qui lui succédera potentiellement en novembre prochain, remettra certainement en cause ce soutien américain à la revendication de sièges permanents pour l’Afrique. L’argument souvent avancé par les opposants à cette demande est la faible contribution financière de l'Afrique au budget des Nations unies (0,01% en 2021, au moment où les Etats-Unis contribuent à hauteur de 25%). Dans le fond, il faut dire que les questions liées à la légitimité ou à la représentativité n’ont jamais fait partie du logiciel de l’ONU. 

C’est surtout une question de rapport de force, de puissance économique et militaire qui compte. Les Etats africains ont besoin de renforcer leurs capacités stratégique, économique et d’influence diplomatique pour avoir une place de membre permanent et peser sur l’échiquier mondial. 

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