La ville de l’Ouest du pays a tout pour plaire aux vacanciers : Une saison estivale pas comme les autres à Oran

24/08/2023 mis à jour: 06:57
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Le fort de Santa Cruz domine la ville d'Oran - Photo : D. R.

On peut noter un drôle de contraste entre l’animation de folie qui prévaut à l’est d’Oran en nocturne (où on a l’impression que la ville ne dort jamais) et le centre-ville qui, lui, fait grise mine, avec ses rues de Larbi Ben M’hidi et de Khemisti, presque désertes dès 22h, si ce n’est les quelques bistrots qui font de la résistance en restant ouverts jusqu’à minuit.

Passer son été à Oran n’est pas de tout repos tant la température es+t élevée et de surcroît accentuée par un taux d’humidité des plus étouffants, ce qui rend de facto le climat abiotique au possible. Il n’empêche, cette année encore, le commun des Algériens continue de jeter son dévolu sur El Bahia, une ville regorgeant d’atouts touristiques à même de charmer ses visiteurs. Notons tout de même, à mesure que les années passent, les passe-temps des juilletistes et des aoûtiens évoluent en synchrone avec l’évolution de la cité. Ainsi, pour fuir la canicule et le soleil tapant qui prévaut en ce mois d’août, beaucoup optent pour un après-midi de farniente passé au centre commercial d’Es-Senia, «copieusement» climatisé.

Sans avoir pour autant des achats à effectuer, les gens y vont en grand nombre juste pour faire du lèche-vitrine, s’attabler pour un café ou encore se payer une séance de ciné. Petit bémol tout de même : se situant à la périphérie de la ville, dans ce qu’on appelle la zone industrielle, aucun transport en commun n’assure la navette à cette grande surface, accessible donc aux seules personnes véhiculées ou ceux qui n’hésitent pas à débourser la somme de 600 DA pour s’y rendre en taxi.

Sinon, les plus téméraires, -et force est d’admettre qu’ils sont nombreux- n’hésitent pas à délaisser les espaces climatisés et affronter le soleil en allant visiter les monuments historiques d’Oran. Fethi Belmokhtar, un guide touristique connu sur la place d’Oran, nous a expliqué que cet été particulièrement, on a eu de cesse à faire appel à ses services pour qu’il fasse visiter aux touristes les sites oranais les plus emblématiques. «C’est surtout depuis le 15 juillet que la demande a explosé.

Que ce soit le palais du Bey, les Arènes, le fort de Santa Cruiz, le musée Ahmed Zabana, la maison Yves Saint-Laurent, partout, on retrouve des essaims de touristes composés dans leur grande majorité de nationaux, mais encore d’émigrés, et dans une moindre mesure de touristes étrangers. Jeudi dernier par exemple, j’ai fait visiter à des Français toute la corniche oranaise, de la pêcherie jusqu’aux Andalouses, en passant par Paradis Plage et Bomo Plage. Même les petits villages côtiers, à l’instar d’El Ançor et de Bousfer, on les a visités.»

Excursion en mer

Pour ceux en quête de sensations fortes ou désireux de sortir des sentiers battus, deux agences proposent, en échange de 2000 DA, des excursions en mer. L’idée est de s’assurer un dépaysement complet en allant passer la journée sur l’île Paloma et nager dans les petites criques sympathiques dont elle recèle. Avec une rotation de toutes les heures, soit à partir de la plage des Coralès ou celle de Bousfer, les estivants y vont en nombre. Autres nouveautés oranaises propres à l’été 2023 : la piscine semi-olympique du complexe sportif de Belgaïd (inauguré l’année dernière à l’occasion des Jeux méditerranéens) a été ouverte au public, et autant dire que c’est la cohue.

Petits et grands, femmes et hommes y vont pour s’y prélasser, faire trempette dans l’eau jusqu’à 22h en ne déboursant pas plus de 1000 DA, alors que jusqu’ici l’accès aux piscines pour la population oranaise n’a été que du seul ressort des établissements privés qui proposent, eux, des tarifs parfois prohibitifs. Autre fait nouveau : plus besoin pour les touristes, cette année, de monter au sommet d’Oran par voiture ou taxi en empruntant des chemins sinueux et zigzaguant, le téléphérique, en moins de 6 minutes montre-en-main, peut les y emmener à partir du quartier d’El Derb pour la modique somme de 60 DA.

Cela dit, il aurait été judicieux que l’entreprise se chargeant de moyen de transport, prenant en considération les exigences estivales, repousse l’horaire de la dernière rotation non à 19h mais au moins jusqu’à minuit. C’est en nocturne en effet que les gens aimeraient monter au mont Murdjadjo ou tout au moins à l’heure du coucher du soleil. Y aller à 14h ne rime à rien, le soleil tape fort et le site est si peu pourvu de lieux ombragés. La nuit justement est la caractéristique majeure de la saison estivale oranaise à ceci près que le «by-night d’Oran» ayant délaissé depuis plusieurs années les rues du centre-ville, s’extasie à l’est de la ville, notamment à Millenium, Bir El Djir et surtout Akid Lotfi. L’engouement est tel qu’aux premières heures de la soirée, la principale artère de ce quartier se retrouve interdites d’accès aux automobilistes.

Partout des enseignes lumineuses y sont placardées et les terrasses, les unes à côté des autres, faisant locomotive, sont investies par les familles, les couples et les bandes d’amis dans une formidable ambiance populaire. Certes, le consumérisme a pignon sur rue et les gens n’ont d’yeux que pour la fièvre acheteuse mais la bonne humeur est tout de même de mise. Toutefois, pour ce qui est de «l’envers du décor», les résidants de ce quartier en voient des vertes et des pas mûres. Mohamed, un habitant d’El Akid, s’en désole : «Je peux vous assurer que c’est la croix et la bannière que d’habiter Akid Lotfi. Un quartier qui ne dort pas la nuit et nous empêche, par la même occasion, de dormir. De 21h jusqu’à 2h du matin, les chalands font un boucan d’enfer. On nous pousse à investir dans le double, voire le triple vitrage !»

Farniente, visites et plage

Akid Lotfi se trouve en sandwich entre deux espaces verts très prisés des Oranais et qui connaissent en été une animation sans pareil. Le premier, «embusqué» derrière des tours résidentielles, s’étale sur plusieurs dizaines d’hectares. Il donne directement sur la mer, et les familles l’occupent jusque tard dans la nuit en y ramenant leur transat pour être le mieux à leur aise et apprécier l’étendue de la mer noire que scintillent ici et là des navires lumineux, d’autres en s’allongeant à même le gazon, et enfin celles et ceux qui font ripaille dans un pique-nique en bonne et due forme. L’autre espace, situé après le Centre des conventions, l’hôtel Méridien et l’école du tourisme Eshra, est bien plus vaste, longeant le versant côtier du quartier Belle vue.

On l’appelle le jardin méditerranéen, et si l’animation est de mise, avec un foisonnement de jeux pour les enfants, de cafés et même un petit cinéma 9D, on peut regretter qu’il soit quelque peu victime de son succès : la saleté est bien plus visible qu’ailleurs, ce qui est bien dommage. Une chose est sûre, on peut noter un drôle de contraste entre l’animation de folie qui prévaut à l’est d’Oran en nocturne (où on a l’impression que la ville ne dort jamais) et le centre-ville qui, lui, fait grise mine, avec ses rues de Larbi Ben M’hidi et de Khemisti presque désertes dès 22h, si ce n’est les quelques bistrots qui font de la résistance en restant ouverts jusqu’à minuit.

C’est sûrement dans l’optique de «l’animer» peu ou prou que l’ONCI propose depuis jeudi dernier des galas musicaux au cinéma Maghreb appelés «Sayf El Bahia Wahran», qui auront lieu tous les week-ends jusqu’à la fin de l’été. Jeudi dernier par exemple, c’était notamment la chanteuse Zahwania qui a enflammé la salle en présence d’un public nombreux et déchaîné. La direction de la culture, pour sa part, en concertation avec l’association Acam, organise au théâtre de verdure Hasni Chakrou ce week-end et le prochain, l'événement «Night music» qui se veut 100% raï. De quoi donc terminer la saison estivale en beauté… 

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