La vie politique évoluera-t-elle en 2025 ? : Le défi du dialogue national

02/01/2025 mis à jour: 00:36
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Photo : D. R.

La Centrale syndicale a mis en avant les acquis socioprofessionnels réalisés dans les secteurs sensibles de la société, en attendant les résultats de la dernière rencontre gouvernement-walis et du discours du président de la République adressé à la nation.

Qu’est-ce qui attend les Algériens, côté politique, en cette nouvelle année 2025 ? La réponse est à trouver dans le discours prononcé, dimanche soir au Palais des nations d’Alger, par le président Abdelmadjid Tebboune, comportant des accents résolument réformateurs. Devant les deux Chambres du Parlement, il a confirmé son engagement à ouvrir un dialogue national inclusif et annoncé des réformes visant à moderniser la gestion des communes, s’inscrivant ainsi dans une dynamique de changement qu’il qualifie de nécessaire face aux enjeux internes du pays.

Le chef de l’Etat a affirmé que le dialogue national qu’il souhaite inaugurer en 2025 devra être «profond et inclusif, et non purement discursif». Ce processus ambitionne, selon ses termes, de «renforcer les droits fondamentaux», notamment à travers la mise en œuvre de lois adaptées, consacrées par la Constitution, et la loi organique sur les partis politiques et les associations. «J’ai promis à la classe politique d’ouvrir un dialogue pour renforcer le front intérieur, et cela se fera de manière organisée», a-t-il insisté, affichant une volonté d’apaisement et d’écoute dans un contexte marqué par des attentes sociales et économiques élevées.

Le discours a suscité des réactions favorables parmi les principaux partis politiques algériens proches du cercle présidentiel. Le Front de libération nationale (FLN) a salué une «volonté politique aux contours bien définis» et un «engagement en faveur des principes de bonne gouvernance». Citant les «traditions constitutionnelles ancrées en Algérie», le FLN a présenté le discours comme un «plan de route vers une Algérie victorieuse et souveraine».

D’autres formations, comme le Front El Moustakbal, ont souligné le caractère stratégique des engagements présidentiels. «Ce discours traduit une volonté de construire une Algérie nouvelle, en phase avec les aspirations des citoyens», a déclaré le parti, qui voit dans l’appel à un dialogue inclusif une opportunité pour consolider la démocratie.

Le mouvement Ennahda, quant à lui, a mis en avant l’importance de la «mémoire collective» et des positions claires, exprimées par le Président sur des sujets sensibles, tels que les crimes coloniaux. Le mouvement islamiste considère que ce dialogue national pourrait jeter les bases d’un consensus renforcé autour des principes de souveraineté nationale et de justice sociale.

Dans son message de vœux aux Algériens, le Front des forces socialistes (FFS) a appelé à la mise en place d’une «feuille de route à la hauteur des challenges qui nous attendent, à travers l’adoption de réformes profondes et inclusives, tenant compte des revendications légitimes de toutes les franges de la société et des courants politiques nationaux représentatifs».

«La finalité suprême est l’instauration d’un solide Etat de droit, basé sur les principes de la gouvernance transparente, la démocratie représentative, la justice sociale, l’égalité des chances, ainsi que les libertés fondamentales», peut-on ainsi lire dans le communiqué du FFS.

«Implication de tous»

Outre le dialogue national, Abdelmadjid Tebboune a abordé la réforme des codes communal et de wilaya. Il a insisté sur leur rôle dans la mise en place d’une véritable démocratie participative. Ces réformes viseraient à moderniser la gestion des collectivités locales, souvent critiquées pour leur inefficacité. «Le changement exige l’implication de tous», a rappelé le Président, appelant les citoyens à participer activement à ce processus de transformation. L’objectif affiché est de «parachever l’organisation de la vie politique et de construire les institutions de l’Etat sur des bases solides et transparentes».

Si les déclarations présidentielles traduisent une ambition claire, elles interviennent dans un contexte marqué par de nombreux défis. Les critiques envers l’Exécutif, bien que plus discrètes dans le paysage politique algérien, n’ont pas totalement disparu. La question est de savoir quelle sera la place des partis de l’opposition dans le dialogue promis par le Président dans un climat marqué par la méfiance.

Les réformes annoncées, notamment celles relatives à la gestion des communes, devront également surmonter les résistances d’un appareil administratif souvent réfractaire aux changements. Il faudrait, en somme, une véritable révolution des mentalités pour aboutir au changement promis par le Président.

Le discours de Abdelmadjid Tebboune pourrait néanmoins ouvrir une nouvelle phase politique. En mettant l’accent sur l’unité nationale et les réformes structurelles, le Président s’efforce, à en croire son discours, de répondre à une double exigence : apaiser les tensions internes et projeter l’image d’un Etat souverain et résilient face aux pressions extérieures. L’Algérie se prépare ainsi à un exercice démocratique ambitieux, dont les résultats pourraient redéfinir les contours de son système politique. Une échéance qui, pour beaucoup, sera le véritable test des intentions proclamées par le président Tebboune. 
 

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