Dans un contexte de stress hydrique croissant en Afrique du Nord, l’Algérie opère un changement de cap majeur pour garantir l’approvisionnement en eau potable à ses concitoyens. Le président Abdelmadjid Tebboune a engagé un ambitieux programme d’urgence de dessalement de l’eau de mer, s’étalant de l’extrême ouest à l’extrême est du pays, visant à répondre aux besoins de millions d’habitants.
Le programme, dont la première station de dessalement, Cap Blanc à Oran, a été inaugurée le 20 février courant, prévoit la mise en service de cinq grandes installations, chacune d’une capacité de 300 000 m³ d’eau par jour. «Ce programme de dessalement représente une réponse innovante et déterminée aux défis hydriques du XXIe siècle, un signal fort envoyé aux citoyens et à la communauté internationale quant à l’engagement de l’Algérie pour un avenir durable», estiment les parties impliquées dans la concrétisation de cet investissement.
A Oran, la station de Cap Blanc, véritable chef-d’œuvre d’ingénierie sur 15 hectares et dotée de 12 unités, est destinée à alimenter Oran et plusieurs wilayas environnantes, touchant près de trois millions de personnes. «C’est un miracle, il n’y a pas d’autre mot», s’est exclamé le chef de l’Etat lors de la cérémonie inaugurale, soulignant «la détermination et la capacité d’innovation des Algériens, notamment dans un pays où certains projets peinent à sortir de l’ombre pendant des années».
Le stress hydrique menace la région nord-africaine depuis plusieurs années, aggravé par la croissance démographique. Conscient de ces défis, le chef de l’Etat a ordonné la mise en œuvre urgente d’un programme complémentaire visant à couvrir 60% des besoins en eau potable d’ici 2030, grâce aux projets de dessalement. En plus des installations de Cap Blanc, quatre autres stations à Fouka 2 (Tipasa), Cap Djinet (Boumerdès), Tighremt (Béjaïa) et Koudiet Eddraouche (El Tarf), seront inaugurées avant la fin du mois en cours.
Gestion durable des ressources en eau
Cette dernière sera aussi inaugurée par le président Tebboune et devrait être opérationnelle avant le Ramadhan. Une initiative qui représente une priorité nationale, notamment dans un pays régulièrement confronté aux pénuries et à l’approvisionnement irrégulier en eau. Le PDG de Sonatrach, Rachid Hachichi, a précisé, lors d’une récente visite dans les wilayas d’El Tarf et de Annaba, que la station de Koudiet Eddraouche, dont le raccordement électrique est désormais achevé, verra sa phase d’essais techniques commencer très prochainement. «Cette station est une pièce maîtresse pour pallier les effets de la sécheresse et répondre à la demande croissante en eau potable», a-t-il déclaré.
Depuis août 2023, le taux de réalisation a connu une progression remarquable, passant de 15,85% à 100% en février 2025.
Dotée d’une capacité journalière de 300 000 m³, cette station permettra de renforcer l’approvisionnement en eau potable des wilayas de Annaba (160 000 m³), d’El Tarf (80 000 m³), de Guelma (40 000 m³) et de Skikda (20 000 m³). Occupant une superficie de 11 hectares, le projet est réalisé par l’Entreprise nationale de réalisation des canalisations et la Société algérienne de réalisation des projets industriels (Sarpi), sous la supervision de l’Algerian Energy Company (AEC), toutes filiales de Sonatrach. Une fois pleinement opérationnelle, la station fournira de l’eau potable à près de trois millions d’habitants des wilayas concernées.
Au-delà de la satisfaction immédiate des besoins hydriques, le programme de dessalement s’inscrit dans une stratégie nationale de gestion durable des ressources en eau. Avec un investissement global de 2,4 milliards de dollars pour les cinq premières stations et six autres projets prévus par la suite, l’Algérie entend transformer un problème historique en un exemple de modernité et d’autonomie.
Ce projet est d’autant plus salué qu’il offre une solution pérenne à une problématique récurrente dans le pays et renforce la sécurité hydrique à partir du Ramadhan 2025, période cruciale pour la vie quotidienne des citoyens.
Annaba
De notre bureau M.-F. Gaidi