La pièce Théâtrale Le célibataire présentée au TRO : L’humour déjanté de Zoubir ravit le public

12/04/2023 mis à jour: 02:58
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Comédiens de la pièce Le célibataire évoluant sur les planches - Photo : D. R.

C’est un peu l’auberge espagnole sur la scène de la pièce de théâtre Le célibataire produite par le TRO  présentée dimanche.

On chante, on danse, on déménage, on fait le guignol, etc., et c’est à tel point qu’on a du mal à y mettre du sens. Avec une scénographie outrancièrement mouvementée et un personnage central qui pousse à ses extrêmes l’image de clown qu’il renvoie (la calvitie typique), le spectateur a du mal à suivre le déroulement du récit.

Grosso modo, l’intrigue tourne autour de «Zoubir la crevette» (rôle campé par Mustapha Miratia), un célibataire que la petite amie Sakina tarabuste pour qu’il officialise leur supposée union qui dure depuis dix ans. Lui hésite, trouve des excuses, mais se laisse bercer par des rêves anachroniques, comme celui de trinquer avec Marilyn Monroe, icône des années 1950, représentée ici sur scène mais évidemment avec l’image de pin-up en moins.

Cette insertion d’une vie rêvée par opposition au réel est une des thématiques de la pièce mais par vie rêvée, il ne faut pas aller chercher des idéaux ou des projets de vie car tout tourne autour de la relation de couple.

Là aussi, comme pour beaucoup de comédies du théâtre post-Alloula à Oran, la thématique liée au mariage et ses à-côtés occupe une place particulièrement importante. Le statut d’enseignant de Zoubir ajoute à la confusion d’un personnage qui peut très bien sonner comme une véritable caricature de l’intellectuel.

Les allusions, dans les dialogues, à Federico Garcia Lorca, abondent dans le sens du paradoxe entre justement un poète aux talents multiples, car en même temps dramaturge, pianiste compositeur et un personnage lettré mais empêtré dans une relation banale à la recherche d’un logement à louer.

Hormis les chansons en off de plusieurs grands artistes d’Oran ou sa région, les références culturelles sont multiples, car par les images, dans le décor, on remarque bien, entre autres, une représentation de l’une des versions du Cri, célèbre œuvre expressionniste du peintre Edvard Munch symbolisant l’angoisse existentiel de l’homme moderne.

La pièce renvoie-t-elle à cet aspect des choses ? Rien n’est sûr malgré l’introduction de toutes ces scènes qui renvoient à ce qui s’apparente à des séances de psychanalyse. Le burlesque est tellement fort qu’il apparaît comme une fin en soi. Toujours par l’image, on remarque aussi et on se demande pourquoi une grossière image rappelant Les montres molles, de Salvador Dali.

Dans le texte sont ajoutés par évocation les peintres Mohamed Khadda et M’hammed Issiakhem. On se demande alors que viendrait faire au milieu de ce beau monde la représentation du magasin (abandonné) Disco Maghreb, un banal éditeur des années 1970 qui a fait son beurre avec les chanteurs de raï, mais qui est en train de devenir, par l’entremise d’un DJ, «Snake», une espèce de monument historique.

Ce sont surtout les gesticulations clownesques du personnage central qui déclenchent les rires du public et le comédien en rajoute et cela se remarque en faisant parfois rire même ses pairs qui lui donnent la réplique.

Le public réagit aussi bien à certaines situations puisées du réel et de l’actualité d’aujourd’hui comme ces allusions à la «crise de l’huile de table» ou surtout au prix de l’oignon (un pic à 300 DA le kilogramme au lieu des 30 ou 40 habituels).

Il faut sans doute s’armer de beaucoup d’ingéniosité pour réussir à démêler les ingrédients de cette «tchaktchouka» théâtrale. Une chose est néanmoins sûre, les comédiens dans leur totalité (Houria Zaouch, Amina Belhoucine, Mustapha Meratia, Youcef Gouasmi, Sofiane Ahed et Amine Rara) recèlent un grand potentiel et c’est particulièrement le cas, hormis Miratia, de Amina Belhocine à qui est confié le rôle de Sakina.

C’est la construction du récit théâtral qui semble poser problème, mais cela démontre seulement la difficulté à traduire sur la scène un récit romanesque, la pièce de Meliani Mohamed Mourad étant adaptée «librement» du roman de Rabiâa Djalti, par ailleurs poétesse. Publié en langue arabe, le texte a été traduit en français mais là n’est pas le propos. 
 

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