La conscience internationale ébranlée

05/11/2023 mis à jour: 05:05
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L’enlisement à Ghaza a déjà commencé pour les troupes terrestres israéliennes entrées dans l’enclave palestinienne dans une guerre nouvelle pour elles : jusque-là habituées au seul usage d’avions et de chars sophistiqués, elles affrontent au sol des combattants connaissant parfaitement le terrain et qui sont très mobiles. 

Leur plus grande force est d’être surtout très motivés psychologiquement par rapport à leurs ennemis israéliens, généralement des réservistes insuffisamment entraînés, très jeunes pour la plupart, devant porter sur leur dos de lourds équipements et surtout peu concernés par les enjeux de cette guerre qui, déjà, divise la population israélienne.

Ces soldats peuvent ne pas se sentir proches de l’idéologie sioniste qui guide leurs chefs militaires et dirigeants politiques davantage pris en charge par les mouvements d’extrême droite, dont Netanyahu, un de leurs représentants, est à l’origine de cette guerre insensée contre la population de Ghaza. 

Ils ressemblent, en fin de compte, aux étudiants américains envoyés au Vietnam durant les années 1960 et aux appelés français en Algérie durant la Guerre de libération. Aussi, leur manque de motivation a beaucoup joué dans leur déroute face aux combattants de la liberté, galvanisés par la justesse de leur combat émancipateur. 

Dès les premiers jours de l’offensive, de lourdes pertes humaines ont été enregistrées dans leurs rangs. Avec des armes rudimentaires, les combattants palestiniens ont détruit des chars ultrasophistiqués de fabrication américaine.

De ce fait, la guérilla urbaine qui commence risque d’être fatale pour l’armée israélienne, et cela, ses responsables le redoutent. Aussi, ont-ils décidé de la seule chose qu’ils savent faire : intensifier le bombardement massif de Ghaza, de jour comme de nuit, dans une stratégie guerrière qui consiste à tuer cent personnes pour en éliminer une seule, considérée comme ennemie, c’est-à-dire faisant partie du mouvement Hamas.
 

Les experts militaires neutres sont sidérés par cette conception de la guerre décidée à Tel-Aviv qui consiste à éradiquer toute une population et détruire son territoire pour éliminer un groupe de combattants considérés comme cachés dans des tunnels et qu'Israël n’a même pas exactement identifiés comme tels. Le but stratégique d’Israël est de tuer le maximum de civils palestiniens et pousser les survivants au désespoir, afin qu’ils fuient l’enclave, puis se l’approprier et l’intégrer dans son projet colonisateur.
 

Ce dernier est très avancé, notamment en Cisjordanie, qui subit régulièrement des expropriations au bénéfice de colons israéliens, toujours par la force avec la complicité des plus hautes autorités de Tel-Aviv. Sourdes au désespoir des Palestiniens, ces dernières tournent le dos à la communauté internationale qu’elles savent incapable de faire appliquer les résolutions contraignantes onusiennes du fait du veto systématique de leur allié inconditionnel qu’est Washington et à un second degré, les capitales européennes.
 

La tournure prise par le conflit actuel – près de 10 000 morts palestiniens, dont le tiers sont des enfants, plus de 20 000 blessés, des traumatismes incommensurables, la moitié des habitations de l’enclave détruites – a ébranlé le monde arabe qui redécouvre, dans l’horreur de Ghaza, que la question palestinienne ne peut plus être passée sous silence, encore moins trahie, comme l’ont fait de nombreux pays qui se sont lancés dans la «normalisation» avec Israël, emboîtant le pas aux Etats qui ont noué des relations diplomatiques avec Tel-Aviv. Quelques-uns d’entre eux ont commencé à opérer des revirements sous la pression de leurs opinions publiques qui se sont exprimées massivement et sans détour en faveur de la cause palestienne.
 

Mais la solidarité arabe reste encore faible alors qu’elle s’élargit au monde entier, théâtre de massives manifestations populaires, et cela dans un grand nombre de capitales. Des ruptures diplomatiques et des rappels d’ambassadeurs ont même été entrepris par certains Etats, le premier d’entre eux la Bolivie puis le Pérou et le Chili. 

Devant le génocide en cours, la conscience internationale ébranlée appelle enfin, 70 ans après le début de la tragédie, à une solution politique qui rendrait justice aux Palestiniens par la restitution de leur terre colonisée par le mouvement sioniste mondial et par Israël, avec le soutien actif des pays occidentaux.

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