Invité par son homologue Al Sissi : Tebboune ne se rendra pas au sommet du Caire

21/10/2023 mis à jour: 00:30
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Photo : D. R.

Le président Tebboune a décliné l’invitation de son homologue égyptien de se rendre au Caire pour participer au sommet sur la situation en Palestine. Des «désaccords profonds» sur les moyens de règlement de la crise expliquent la décision de la présidence algérienne.

Un sommet international sur la situation en Palestine se tiendra aujourd’hui au Caire, à l’initiative du président égyptien, Abdel Fattah Al Sissi. Le «sommet du Caire» devrait permettre de discuter de la situation en Palestine et des moyens de relancer le processus de paix à l’arrêt depuis plusieurs années, ont annoncé ses promoteurs. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, convié par son homologue égyptien à prendre part à ce sommet, ne  se rendra pas au Caire. 

«Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu une invitation du président égyptien pour participer au sommet prévu demain (aujourd’hui, ndlr) au Caire afin de discuter de l’avenir de la question palestinienne et du processus de paix. L’Algérie a décidé de ne pas participer à ce sommet», apprend-on  d’une source proche de la présidence de la République.

Des «désaccords profonds» sur les moyens mis en œuvre par la communauté internationale et particulièrement certains acteurs régionaux dans le règlement de la question palestinienne expliquent la fin de non-recevoir de la présidence algérienne, explique-t-on à El Watan. L’Algérie, dont le soutien à la cause palestinien ne s’est jamais démenti, a de tout temps œuvré à la prise en charge des revendications légitimes du peuple palestinien.

En octobre 2022, une Conférence d’unification des rangs palestiniens s’est tenue à Alger. Le président Tebboune avait affirmé, lors de sa rencontre avec les représentants des factions, que l’Algérie «jouit de toute la crédibilité» pour pouvoir réconcilier les différents groupes, étant «le seul pays qui n’a pas de calculs étroits à ce propos, de même qu’il se tient aux côtés de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en tant qu’unique représentant légitime du peuple palestinien».

«Sans unité et sans unification des rangs, l’indépendance de la Palestine ne saurait être réalisée», a-t-il tranché. Les représentants des factions participant à la conférence ont signé «la Déclaration d’Alger» qui plaide, entre autres, pour la «consécration du principe de partenariat politique entre les différentes forces nationales palestiniennes, notamment par le biais d’élections, de manière à permettre une large participation aux échéances nationales à venir dans la patrie mais aussi pour la diaspora».

Les derniers développements au Proche-Orient étaient l’occasion pour les autorités algériennes de dénoncer l’agression «permanente» de l’occupant israélien et de rappeler l’«engagement indéfectible» du pays aux côtés du peuple palestinien en lutte pour ses droits.

Le ministère des Affaires étrangères algérien (MAE) a ainsi affirmé, samedi 7 octobre, suivre «avec une grande préoccupation l’évolution des agressions brutales israéliennes contre la bande de Ghaza». L’Algérie a réitéré sa demande pour une «intervention immédiate» de la communauté internationale «à travers les instances multilatérales concernées afin de protéger le peuple palestinien de l’oppression et des crimes qui caractérisent le colonialisme israélien».

«Les Palestiniens à bout de patience»

Le 9 octobre, M. Tebboune a réaffirmé, lors de l’appel reçu du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, l'«entière solidarité de l’Algérie, peuple et gouvernement, avec le peuple palestinien frère».

Le chef de l’Etat a souligné que «ces développements (guerre menée contre la bande de Ghaza, ndlr) rappellent à tous que la paix juste et globale en tant qu’option stratégique ne peut se concrétiser que par l’établissement d’un Etat palestinien indépendant souverain avec Al Qods comme capitale conformément à la légalité internationale et à l’initiative de paix arabe».

La diplomatie algérienne se démène pour défendre les droits fondamentaux des Palestiniens qui subissent les pires exactions. Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a réaffirmé la position de l’Algérie qui appelle «la communauté internationale à reconnaître un ensemble de vérités choquantes qu’on ne peut occulter, à savoir que le peuple palestinien est à bout de patience face à l’indifférence internationale devant ses souffrances et ses peines induites par tant d’oppression, d’injustice et de tyrannie... que le peuple palestinien a attendu 75 ans dans l’espoir de lui permettre d’exercer ses droits nationaux légitimes et inaliénables d’établir son Etat indépendant, avec Al Qods pour capitale».

Dans un discours prononcé, jeudi, devant le Conseil de sécurité lors d’une réunion d’urgence sur la situation en Palestine, le représentant permanent de l’Algérie auprès de l’ONU, Amar Bendjama a réitéré «la mise en garde de l’Algérie, depuis des années, contre la détérioration de la situation dans le territoire palestinien occupé». Tout en soulignant que «le nouveau cycle de violence résulte de l’absence de solution politique à la question palestinienne et aux conditions désastreuses dans lesquelles des générations de Palestiniens sont forcées de vivre», M. Bendjama a mis en garde contre l’«inaction du Conseil de sécurité face à la détérioration rapide de la situation sur le terrain»  
 

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