Intempéries dans plusieurs localités de Boumerdès : Des inondations et des bouchons interminables

01/06/2023 mis à jour: 17:19
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Le front de mer de l'entrée de la ville de Boumerdès a été couvert par des torrents de boue - Photo : D. R.

Les habitants de certaines localités de la wilaya de Boumerdès ont vécu hier une journée particulièr. Beaucoup de cités de la région ont frôlé la catastrophe à cause des eaux de pluie mais aussi de l’anarchie caractérisant le tissu urbanistique.

De fortes pluies, des inondations, beaucoup de bouchons mais aucun dégât important. Les habitants de certaines localités de la wilaya de Boumerdès ont vécu hier une journée particulière. Moins d’une semaine après les violentes intempéries ayant secoué la wilaya de Tipasa, beaucoup de cités de la région ont frôlé la catastrophe à cause des eaux de pluie mais aussi de l’anarchie caractérisant le tissu urbanistique.

Il a suffi qu’il pleuve sans discontinuer pendant deux heures pour que des quartiers entiers deviennent inaccessibles et que de nombreuses routes se ferment à la circulation automobile. Dans un bilan établi en fin d’après-midi, la Protection civile affirme être intervenue au niveau de 26 points et sauvé 7 personnes cernées par les eaux à l’intérieur de leurs véhicules au front de mer et près de la station de bus de Boumerdès.

La même source précise que trois familles ont également été secourues au lieudit Nechit, à Boudouaou. «Nos éléments sont toujours sur le terrain. Il y a eu des inondations çà et là et la perturbation de la circulation sur plusieurs routes, mais nous n’avons enregistré aucune perte humaine ou dégât matériel à travers la wilaya», indique le commandant Hocine Bouchachia, chargé de communication de la Protection civile.

Comme à chaque averse, les inondations ont eu lieu au niveau des sites de basse altitude ou ceux se trouvant au-dessous ou au même niveau que la mer. Les communes les plus touchées sont Corso, Boudouaou et Boumerdès, où les points vulnérables à ce type de phénomène naturel sont connus de tous. Les intempéries ont provoqué aussi la fermeture momentanée de plusieurs axes routiers.

L’axe reliant Boumerdès à la RN05 a été transformé en mare d’eau au lieudit El Kares. Idem au niveau de la descente de Berrahmoune, sur la RN5, où de nombreux véhicules ont failli être emportés par les eaux venant des hauteurs. «Dans certains endroits, l’écoulement des eaux a été rendu difficile par les glissières en béton séparant les deux voies de l’autoroute. Les autorités doivent remédier en urgence à ce problème», préconise un usager de cette route.

A Corso, la cité Boubachiche Slimane et la cité Mohamed Boudiaf ont été complètement inondées par les eaux. «Cela se produit chaque année car ces quartiers sont non seulement mal viabilisés mais ils sont situés au-dessous du niveau de la mer. Je me demande comment-a-t-on laissé pousser des centaines de villas ici ?» s’offusque un habitant coincé durant plus d’une heure dans les embouteillages à la sortie de Corso. Ailleurs, à la cité AADL et Hai Sahel, devenues des lacs, c’est le réseau d’évacuation qui pose problème.

Urbanisme débridé !

Malgré sa topographie et sa position géographique favorable, la ville de Boumerdès aussi a connu son lot de désagréments à cause des fortes intempéries. Les eaux se sont accumulées au niveau des endroits habituels, comme la cité L’albatros et autres quartiers bordant l’oued Tatareg. Un fleuve qui s’est avéré très exigu face aux grandes quantités d’eau charriant toutes sortes d’objets vers la mer.

Abdelkrim Chelghoum, chercheur et président du Club des risques majeurs, met en cause l’anarchie urbanistique et la défaillance de certains services de l’Etat. «On est en train de subir les conséquences des mauvais actes de gestion. Ces inondations sont le résultat d’un urbanisme débridé et archaïque. Malgré tout ce qu’on a vécu  suite au séisme de 2003, l’Etat laisse encore les gens construire sur les lits des oueds ou des sites au sol liquéfiable et glissant, comme à Boumerdès. Il est grand temps de mettre un terme à ces dépassements», réagit-il.

Selon lui, même le minimum, comme les réseaux d’évacuation des eaux pluviales, n'est pas réalisé selon les normes. Cela s’est vérifié encore aussi bien à Boumerdès qu’à Boudouaou. «Les caniveaux ont été bouchés par les monticules de déchets ramassés hier par les agents de la voirie avant de les laisser au bord de la route», témoigne un citoyen abordé près du grand rond-point de Boumerdès.

Pas loin d’ici, des conduites d’AEP nouvellement posées ont été arrachées par les eaux. «Qui va réparer ces dégâts ? L’entrepreneur aurait pu attendre le retour du beau temps pour entamer le projet», fulmine un commerçant du coin. Si les pluies se sont estompées vers 10h, leurs conséquences restent encore visibles dans plusieurs endroits. Il faudrait peut-être des jours pour pouvoir les éliminer à jamais et se prémunir contre ce type de phénomène naturel à l’avenir.    

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