Belle prestation que celle donnée par la chanteuse espagnole Karmento à Oran samedi dernier.
C’est la dernière étape d’une tournée qui l’a menée d’abord à Tunis puis à Alger, avant d’atterrir à l’Institut Cervantès d’Oran. Elle est présentée comme (et se voulant elle-même) une chanteuse folklorique mais ses œuvres, effectivement teintées de saveurs traditionnelles, dépassent en réalité ce cadre-là pour proposer de véritables compositions où se mêlent des influences multiples.
Son registre musical couvre un large éventail allant des manières de faire typiquement européennes pour ne pas dire occidentales aux styles enchanteurs de la Méditerranée et des genres développés dans son pays et de sa région natale, en particulier. Originaire de la région dénommée Castilla La Mancha, son dernier album qu’elle est venue présenter est intitulé La Serrana (La montagnarde). Elle revendique sa montagne où se sont sans doute révélés ses talents artistiques inspirés notamment par ses aînées mais comme la musique ne connaît déjà pas de frontières, celle-ci n’est pas non plus à chercher dans les reliefs.
Chez elle et d’une certaine façon, tout est question de puissance vocale, de qualité et de beauté des mélodies. Le public présent ce soir-là a eu droit à de belles berceuses, à un traditionnel mexicain mais aussi à des chansons qui n’ont rien à envier à ce qu’on peut trouver dans le répertoire mondial des meilleurs chansonniers hommes ou femmes.
Ces chants sont empreints de ce même désir de transmettre des valeurs et de raconter le monde. Elle-même guitariste, elle s’est, dans la première partie de son spectacle, fait assister au même instrument par un autre musicien. Les accords décalés de l’un par rapport à l’autre qu’ils soient en battements ou arpégés confère à l’accompagnement de la voix une richesse inattendue. Elle ne se délestera de sa guitare que pour se munir des castagnettes typiques du folklore espagnol qui accentuent le rythme, tout en donnant un peu de sensualité aux quelques pas de danse avec lesquels elle a ajouté un grain de sel à sa performance.
Certains de ses titres invitent effectivement au déhanchement, mais le gros reste à écouter et à apprécier même si l’aspect ambiance n’est pas toujours loin. Dans un second temps, étant passé au clavier, son musicien exécute des fonds pour mettre en valeur des mélodies disons plus spatiales, mais aussi des imitations savoureuses d’instruments comme le violoncelle dont le son particulier cadre bien avec le registre de la voix et des airs un peu plus graves, mais pas forcément tristes.
Un spectacle haut en couleur rehaussé par une présence remarquable sur scène, mais pas seulement. En effet, la taille de la salle permet une approche plus intimiste avec le public, une occasion qu’elle n’a pas laissé passer en allant, le temps d’un morceau, affronter du regard presque chacun d’entre eux.
L’effet l’est aussi sur le public qui découvre une artiste accessible, d’où le regain de sympathie mutuelle et la promesse d’un retour.