Instantané / Entre actions de bon samaritain et familles souffreteuses

22/03/2025 mis à jour: 00:50
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En ce mois béni de sidna Ramadhan, l’on relève que beaucoup de restos de la Rahma sont venus se répandre à travers les cités des grandes agglomérations ou au niveau des carrefours de certaines banlieues.

 On voit même les petits volontaires de la route qui, à l’approche de la rupture du jeune, se font un devoir d’apostropher les usagers de la route pour leur proposer de casser un chouia de la graine avant de poursuivre leur bonhomme de chemin. 

On ne peut donc que saluer ces actions de bienfaisance diligentées par les âmes altruistes. Contrairement aux producteurs et mandataires de fruits et légumes qui, dès qu’ils flairent les senteurs du 9e mois lunaire, affichent une mercuriale qui met le feu dans la besace de la ménagère…

 Une pratique fourbe, à l’opposé de ce qu’on voit et on entend dans les pays outre-Méditerranée qui n’embrassent pas la confession musulmane. Fermons la parenthèse et voyons les conditions de vie dans lesquelles vivent les habitants ce qu’on appelle les zones d’ombre (manatîq eddhâl). 

Ces territoires reculés du pays où les gens peinent à se sustenter. Quand bien même, il est des caravanes qui leur acheminent occasionnellement des kits alimentaires, ils vivent à longueur d’année dans la dèche, attendant le geste de bon Samaritan...  Une petite virée lors de ce mois de Ramadhan dans une contrée steppique, une zone d’ombre nommée Aïn Lahdjar qui dépend de la commune de Aïn Ben Srour, relevant de la daïra de Bou Saâda (w. M’sila), nous a édifié sur les rudes conditions de vie des pensionnaires qui occupent la cinquantaine de galetas, au milieu d’un environnement aride, presqu’hostile, sans eau, ni électricité, ni gaz. 

A notre vue, les petits accourent de toutes parts pour voir ce que contient le véhicule master brinquebalant qui vient de faire une halte dans la piste caillouteuse. Les mères flanquées de leur marmaille abandonnent l’espace d’un temps leurs masures pour venir à notre rencontre. Elles n’ont pas de quoi se sustenter. Elles demandent, presque à l’unisson de l’eau et des victuailles, histoire d’étancher leur soif et calmer un tant soit peu leur faim. 

A défaut de citernes d’eau que la commune se hasarde d’acheminer de temps à autre dans ce patelin, les enfants au visage livide et asséché, ahanent devant la charge qu’il leur est assignée : ils passent le plus clair de leur temps à parcourir une distance de 4 à 5 km pour rallier à dos d’âne le chef-lieu de la commune de Aïn Ben Srour et pouvoir ramener l’eau à leur douar. La ménagère s’arrange tant bien que mal pour stocker le liquide précieux dans des bassines à l’abri des coléoptères et autres arthropodes dont le scorpion est très fréquent dans la région alentour. 

Une vieille dame disetteuse nous accueille sous son toit recouvert de canisses en roseau, avant de lancer dans un cri de détresse, à notre endroit. «De grâce, soyez notre porte-voix ! Dites aux responsables qui président aux destinées de la wilaya de nous alimenter en eau potable, cette ressource hydrique qui nous permet de vivoter dans ce territoire aux conditions souffreteuses et que nos cambuses ne soient pas privées d’électricité ni de gaz.» 

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