Virée dans l’ancienne médina d’Alger : La Casbah, entre restauration et délitement

02/04/2024 mis à jour: 04:06
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Un quartier de La Casbah d’Alger - Photo : D. R.

Bien que la wilaya s’attelle par-ci, par-là à faire dans la restauration du bâti traditionnel de l’ancienne médina, en honorant un programme de réhabilitation, à l’image des palais ou des maisons historiques, le patrimoine immobilier n’en reste pas moins estropié dans sa globalité, tant le tissu urbain présente au quidam une image mi-figue, mi-raisin.

Après avoir opéré au pavage et repavage de certaines rues, ruelles et venelles de la vieille cité ainsi qu’aux abords de la place des Martyrs et le long de la rue Bab El Oued, la wilaya a jugé bon de refaire certaines portes de locaux en bois, histoire de faire dans l’authenticité, autrement dit, un chouiya dans le style ancien.

Bien que ce ne soit pas du bois massif – les portes étant faites avec un matériau dont l’essence est loin d’être noble – cela donne un tout peu de chaleur et cadre plus ou moins bien avec l’ensemble architectural de l’ancienne médina où le bâti hybride de l’époque coloniale a estropié, faut-il souligner, le patrimoine. 
Ce qu’il en subsistait depuis dans certaines maisons n’a pas tardé à aller à vau-l’eau.

Il est vrai aussi que le squat de certaines maisons – si elles ne sont pas murées ou livrées à l’outrage du temps – par des indus occupants a précipité l’effritement du bâti.

Excepté certaines demeures bien entretenues, voire excellemment restaurées par leurs propriétaires, et on les compte sur les doigts d’une seule main,  beaucoup d’éléments architectoniques au niveau des maisons de La Casbah, comme les rambardes chantournées, les colonnes, le stuc, le  zelidj…, ont fini par disparaître ou connu une autre destination…

Certainement pour enjoliver des demeures cossues. Aussi, au pavage des rues dans lesquelles on gambadait lorsqu’on était tout petits a été substitué le revêtement au bitume, à l’image des pavés taillés qui tapissaient certaines rues ou utilisés dans les caniveaux qui longent les rues Mohamed Bencheneb et Abderrahmane Arbadji, pour ne citer que ce parcours.

Beaucoup d’entre nous aussi se souviennent du revêtement de la place des Martyrs avec ces beaux petits carreaux jaunes de l’époque coloniale qui assuraient un bon drainage des eaux pluviales.

Et les passants ne risquaient pas d’avoir les quatre fers en l’air lorsqu’ils traversaient la place sous une pluie battante. Fermons la parenthèse sur ces blessures infligées au patrimoine et voyons ce qui manque à notre porte, objet de notre papier, en ce mois ramadhanesque où le fumet de la chorba titille nos narines.

Oui, il manque sur la porte le heurtoir ou ce qu’on appelle trivialement ‘ennah’, d’où l’expression populaire ‘’adrab ennah’’, mais désignant toutefois un autre sens.

Dans le même sillage, ce qui a aussi disparu malheureusement ou qu’on ne trouve que très peu, selon les anciens pensionnaires de la cité, ce sont les auvents réalisés dans le style arabo-mauresque qui, accrochés au-dessus des cintres des portes, protègent le seuil de la douéra.

Il était question lors du défunt gouvernorat de doter tous les locaux et maisons de la médina d’Ibn Mezghenna de ces petits toits en saillie, revêtus de tuile verte, mais l’opération n’a pas tenu ses promesses bien avant même qu’on ôte le statut de gouvernorat à la capitale.
 

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