Trump perturbe l'économie mondiale : La rivalité entre la Chine et les Etats-Unis s'aggrave

10/04/2025 mis à jour: 16:39
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( Dessin : Le Hic )

Les Etats-Unis ont continué de frapper, depuis hier, les produits venant de dizaines de pays d’une nouvelle vague de droits de douane, dont la plus importante est destinée à la Chine, son premier rival commercial, pour atteindre les 104%. 

La réplique chinoise ne s’est pas fait attendre puisque Pékin a annoncé, le jour même, des droits de douane supplémentaires de 50% sur les produits américains, portant le total à 84%. Pékin avait promis des contre-mesures si les Etats-Unis insistent, comme il a aussi annoncé des restrictions à l’exportation de terres rares, dont certaines sont utilisées dans l’imagerie magnétique et l’électronique grand public. 

Dans ce contexte, le Japon, la Corée du Sud et la Chine avaient déjà annoncé dimanche dernier vouloir renforcer leur coopération pour offrir «un environnement prévisible» aux entreprises et «accélérer» leurs négociations en vue d’un accord de libre-échange. 

De son côté, l’Union européenne a promis une réponse «ferme et proportionnée» aux différents droits de douane imposés par Donald Trump et a proposé de répliquer d’abord aux taxes sur l’acier par des droits de douane de 25% sur des produits américains : les motos, le maquillage, la volaille, le soja. Les Etats membres vont devoir approuver cette liste pour une entrée en vigueur mi-mai pour la plupart des produits.

En outre, la riposte européenne pourrait, elle, être présentée en début de semaine prochaine, mais les 27 sont divisés sur l’opportunité de frapper la «tech» américaine. Paris et Berlin prônent aussi le recours à «l’instrument anticoercition», jamais utilisé, qui permettrait notamment le gel de l’accès aux marchés publics européens ou le blocage de certains investissements. Et toujours dans le sillage des réactions, la Corée du Sud, frappée par des surtaxes de 25%, a annoncé hier une aide d’urgence de 1,8 milliard d’euros pour soutenir ses constructeurs automobiles, pour lesquels les exportations s’avèrent essentielles, après l’imposition de droits de douane supplémentaires de 25% sur les voitures importées aux Etats-Unis. 

Le Canada, pour sa part, premier partenaire des Etats-Unis, a décidé d’appliquer, dès hier, des droits de douane de 25% sur les importations de certains véhicules américains, en réponse à une mesure similaire prise par les Etats-Unis. Ottawa a déjà imposé, en représailles aux surtaxes américaines sur l’acier et l’aluminium allant jusqu’à 25%, des droits de douane sur des biens de consommation américains d’une valeur de 30 milliards de dollars canadiens et sur des importations américaines d’acier et d’aluminium au Canada d’une valeur de 30 milliards de dollars canadiens. 

Pas de répit sur les marchés 

La Malaisie, qui assure la présidence tournante de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), appelle de son côté à faire front commun, sachant que les dix pays membres de l’Asean, qui comptent les Etats-Unis comme principal marché d’exportation, figurent parmi les plus touchés par les surtaxes.Le répit sur les marchés, qui avait vu les Bourses mondiales rebondir mardi, aura donc été de courte durée. Wall Street était attendu, hier, en déclin à l’ouverture, dans le sillage des Bourses mondiales qui accusent de nouvelles pertes, ce qui laisse présager une guerre commerciale d’ampleur. Les prédictions sur les indices new-yorkais suggèrent une ouverture de Wall Street dans le rouge, le Dow Jones s’affichant en baisse de 1,93%, tandis que le Standard & Poor’s 500 perd 1,8% et le Nasdaq 1,5%. A Paris, le CAC 40 chute de 4,2%, le Dax à Francfort se replie de 3,59%, tandis que le FTSE à Londres perd 3,19%. 

Des analystes n’excluent pas des conséquences négatives sur les bénéfices des entreprises au cours des prochains mois. Ajoutée à l’incertitude quant aux mesures de rétorsion, la baisse du moral des consommateurs et des entreprises, ainsi que l’effet de richesse négatif lié à la chute des Bourses, les sujets d’inquiétudes pour les marchés et l’économie sont nombreux, estiment-ils. Et comme pour illustrer cet état de fait, il y a lieu de noter, à titre d’exemple, que les valeurs du secteur européen de la santé baissent suite aux nouveaux droits de douane sur les produits pharmaceutiques de Donald Trump. Le secteur recule de 5,6%, Sanofi de 6,8%. 

Le secteur de l’énergie chute, quant à lui, de 5,3%, le prix du baril reculant sous les 60 dollars pour la première fois depuis début 2021. Enfin, il y a lieu de relever que le dollar poursuit son repli, les inquiétudes sur la fiabilité de la devise américaine érodant l’appétit pour le billet vert. 

Le dollar perd 0,73% face à un panier de devises de référence alors que l’euro se hisse de 0,89% à 1,1053 dollar. Et dans cet état de fait, les analystes prédisent que les cryptomonnaies peuvent être tentantes comme alternative aux marchés boursiers traditionnels dans un contexte de tensions commerciales aux Etats-Unis. Cependant, certains estiment que la nature de la crise économique et politique, liée aux droits de douane plutôt qu’à la faillite des banques, n’est pas de nature à alimenter la confiance dans les cryptomonnaies qui, en raison de leur volatilité, ne sont pas comparables à des valeurs refuges comme l’or. 

Le président américain, Donald Trump, a annoncé hier sur son réseau social Truth qu'il allait imposer désormais 125% de droits de douane sur les produits chinois en réponse aux représailles de Pékin, mais ramenait à 10% ceux imposés au reste du monde. «Du fait du manque de respect de la Chine à l'égard des marchés mondiaux (...), je hausse les droits de douane sur la Chine à 125%», a écrit M. Trump, ajoutant que «dans le même temps, du fait de la volonté de plus de 75 pays de négocier, j'ai autorisé une pause de 90 jours et des droits réciproques substantiellement réduits durant cette période, de 10%, également effectifs immédiatement» pour les autres pays. Mahmoud Mamart 

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