Trump – Netanyahu, l’enfer à Ghaza

19/03/2025 mis à jour: 17:29
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Plus de quatre cent Ghazaouis ont été tués dans la nuit d’avant-hier par l’aviation israélienne sans que cela ne révolte les «bonnes consciences» occidentales qui réservent leur indignation aux seules victimes ukrainiennes. Fragilisé par la pression des familles d’otages, les coups de boutoir de son opposition, les poursuites judiciaires le concernant pour corruption, sa fin politique annoncée et enfin le spectre du 7 octobre 2023, Netanyahu relance la guerre, du moins le génocide.

Il s’est assuré du soutien de Donald Trump qui, dès son arrivée au pouvoir, a annoncé faire de l’enclave palestinienne une «riviera» pour riches touristes, une fois vidée de sa population. Un projet qui tombe à pic pour Netanyahu, convaincu que le président américain est un complice idéal et qu'il acceptera son deal : une aide politique et militaire massive en contrepartie d’un nettoyage ethnique, voire d’un génocide de la population de Ghaza. Le Premier ministre israélien a un atout, ses forces armées qui ont déjà à leur «actif» la mort de plus de 50 000 Ghazaoui, dont les deux tiers sont des femmes et des enfants.

Avec l’aide de Trump, il pourra recoloniser Ghaza et l’intégrer dans le projet du «Grand Israël» avec un nouvel apport de colons juifs, à l’image de ce qui est entrepris en Cisjordanie occupée où se trouvent déjà installés un demi-million de colons juifs. Une politique adossée à une stratégie de «neutralisation» de l’environnement régional d’Israël, qui consiste en l’affaiblissement de l’Iran et la «normalisation» des relations politiques avec les capitales arabes proches et même lointaines, à l’image du Maroc.

Cela s’inscrit dans une trajectoire historique qui consiste, depuis 1948, à contrecarrer toute volonté de récupération par les Palestiniens de leur terre spoliée et meurtrie. Il a fallu le spectaculaire coup d’éclat de l’organisation Hamas, le 7 octobre 2023, pour que la donne prenne une nouvelle tournure et que l’opinion internationale redécouvre – ou découvre – le dossier palestinien anesthésié par des décennies de propagande sioniste. Netanyahu a donc trouvé un allié inespéré en la personne de Donald Trump, redoutable homme d’affaires ayant flairé le «filon ghazaoui» pour fructifier ses affaires, celles de ses proches et accessoirement de son pays. Comme il a également flairé un filon en Ukraine dans ses terres rares.

A Ghaza, le terrain a été préparé par Biden, son prédécesseur, par le biais d’une aide militaire et financière massive. En cela ils s’inscrivent dans une longue tradition américaine qui consiste à tout faire pour que leur pays soit la nation la plus puissante et la plus dominatrice dans le monde, quel que soit le coût humain et économique. Il faut rappeler brièvement que nombre de populations ont été décimées dans le Sud-Est asiatique, le monde arabo-musulman et même en Europe (les Balkans). Cela s’est soldé par des millions de morts et la fragilisation, voire la destruction de nombre d’Etats.

Les Etats-Unis se sont appuyés sur des dictatures pour mener à bien leurs projets déstabilisateurs et sur une Europe qu’ils ont réussi à dompter, voire vassaliser par le biais de multiples accords économiques et politiques, dont le plus redoutable est le Traité de l’OTAN. Le prix payé par la société américaine aux guerres est exorbitant. Selon divers rapports américains, plus de 8000 milliards de dollars américains ont été dépensés dans les interventions engagées en Afghanistan, en Irak et ailleurs au Moyen-Orient, depuis les attaques du 11 Septembre 2001.

Le coût humain a été exorbitant, 7052 soldats et 8189 sous-traitants de l’armée ont perdu la vie. Environ 3000 anciens combattants des guerres d’Irak et d’Afghanistan se sont suicidés, et au moins 387 072 civils et 301 933 combattants considérés comme ennemis ou terroristes ont été tués lors des opérations militaires américaines au Moyen-Orient. Un bilan auquel il faut ajouter un millier de travailleurs humanitaires et 700 journalistes.

Il faut ajouter aussi les victimes de Ghaza tuées par des bombes livrées par Biden et Trump. Des chiffres exorbitants ? Cela importe peu, ce qui compte, c’est l’ambition et le rêve américains d’une nation au-dessus de tous et dominatrice. Dès son arrivée au pouvoir, Trump s’est attaqué frontalement à des nations et à des institutions mondiales. Il a piétiné le droit international, n’épargnant que le gouvernement israélien pourtant mis au ban de la communauté internationale.

La société américaine est tétanisée par son emprise comme elle l’a toujours été par les dirigeants mégalomanes et va-t-en-guerre avec une seule préférence, Israël, sur pression des lobbys sionistes bien implantés. Avec le massacre d’avant-hier à Ghaza, Netanyahu et Trump ont montré que le sort des otages ne les intéresse pas, encore moins un cessez-le-feu. Hamas reste leur cible première, mais l’organisation est déterminée à ne jamais abdiquer malgré ses pertes et à poursuivre sa guerre de résistance.

Ralentie lors de la trêve obtenue à la faveur de la libération des otages, la désapprobation mondiale peut reprendre, y compris parmi les alliés traditionnels des Etats-Unis, en premier les Européens humiliés dans le dossier ukrainien. Mais sera-t-elle suffisamment forte pour pousser les deux semeurs de mort à reculer dans leurs projets dévastateurs ? Rien n’est moins sûr tant la loi du plus fort est celle qui prédomine dans le monde.
 

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