Face à la rareté de l’eau et sa mauvaise gestion, cette source de vie restera l’une des plus grandes convoitises des habitants de la wilaya de Guelma, mais aussi le plus épineux défi à relever par le secteur des ressources en eau.
L’approvisionnement en eau potable des populations est tributaire des ressources mobilisées, quelles soient de surface ou souterraines. Pour parer à la situation, l’Algérienne des eaux (ADE) a réduit drastiquement les journées de distribution.
Quant à l’approvisionnement des périmètres d’irrigation à partir du barrage de Hammam Debagh, il est purement et simplement suspendu pour la campagne actuelle. «Nous sommes vendredi matin et c’est le 5e jour sans eau. Je suis réduit à aller chercher quelques jerricans dans les rares fontaines publiques aux alentours de Guelma en espérant ne pas trouver trop de monde», a déclaré un habitant du centre-ville de Guelma, visiblement mécontent d’une deuxième journée de ramadan qui s’amorce sans eau au robinet.
Mais y a-t-il encore de l’eau à Guelma ?
La question a été posée mercredi dernier par El Watan aux professionnels du secteur à l’occasion de la journée mondiale dédiée à cette ressource stratégique. «La situation n’est pas bonne, je vous le concède. Cet hiver a été capricieux. Le barrage de Hammam Debagh va passer sous la barre des 5% de sa capacité», a révélé un fonctionnaire du secteur, qui a souhaité garder l’anonymat. Et d’expliquer : «L’eau paie l’eau.
Nous n’avons pas donné à ce jour la véritable valeur à cette ressource. C’est pour cette raison que sur les 100% des eaux de surface, 60% vont dans les oueds pour finir en mer. Quant aux 40% des eaux mobilisées, une bonne partie n’arrive pas aux robinets. Cela est dû aux nombreuses ruptures de canalisations et des interventions malhonnêtes des tiers sur les conduites.»
Nous l’aurons compris, il y a beaucoup plus d’eau qui se déverse dans l’Oued Seybouse, long de 240 km pour finir à l’embouchure de Sidi Salem (wilaya de Annaba) puis à la mer méditerranée, que dans les robinets des habitants.
Qu’en est-il des Step ?
Sachant que le bassin versant de la Seybouse, s’étalant sur 6471 km2, et le plus important d’Algérie, subit contre toute attente et quotidiennement, en aval, un déversement abondant des eaux usées provenant des grandes villes, villages et agglomérations secondaires dans la wilaya de Guelma, pour ne citer que ceux-là, sans pour autant être protégé dans sa globalité par des stations d’épuration des eaux usées (Step) comme le stipule la réglementation.
Mais les projets de ce type (les steps), qui devaient être réalisés pour justement réduire ce gaspillage, n’ont pas encore vu le jour à l’exception de la Step de Guelma, opérationnelle en 2008. Dans ce contexte bien précis, lors de cette journée dédiée à l’eau, une seule planche indique qu’il existe un projet de step à Oued Zenati dont l’étude préalable a été réalisée en 2014. «Ce projet, s’il venait à être concrétisé, protégera le barrage de Hammam Debagh en améliorant la qualité des eaux de cet oued qui s’y déversent», nous dit-on.
Quant aux autres mini-step, dont les projets ont été largement diffusés, il y a une dizaine d’années pour les grands pôles urbains de la wilaya, cela ne reste que du domaine des «vœux pieux». Notons enfin que malgré les nombreux forages en exploitation à travers la wilaya, à s’avoir ceux, entre autres, des nappes alluviales et karstiques des plaines de Bouchegouf, Guelma, Hammam Bradaa, Tamlouka et H’lia, soit prés de 70 forages au total pour des débits qui varient entre 14 et 269 litres/seconde, l’approvisionnement des populations en eau potable des communes reste insuffisant, notamment pour la région de Bouchegouf ou l’eau est saumâtre.