Pratique de la torture pendant la guerre de libération nationale : La France appelée à reconnaître sa responsabilité

06/03/2024 mis à jour: 00:17
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Photo : D. R.

Le contentieux historique entre l’Algérie et la France est, rappelons-le, très lourd. En plus de la torture, les essais nucléaires dans le Sahara et les enfumades figurent aussi dans la longue liste des crimes coloniaux.

Vingt-trois ONG et associations françaises appellent à nouveau la France à reconnaître officiellement le crime de la torture systématique pratiquée par les plus hautes autorités coloniales durant la Guerre de libération d’Algérie.

«La reconnaissance officielle et historique permettrait d’ouvrir la voie à une compréhension du fonctionnement et des logiques de l’Etat durant une colonisation et une guerre pendant lesquelles la République a contredit les principes dont elle se réclamait», affirme ces organisations dans un communiqué commun rendu public lundi 4 mars.

L’action qui intervient à la veille de la célébration de la Fête de l’indépendance de l’Algérie, coïncidant avec le 19 mars de chaque année, sonne comme un rappel à la France officielle que les crimes du colonialisme, notamment la torture, doivent être reconnus.

«Depuis la guerre d’Algérie, pendant laquelle des crimes indignes ont été commis sous la responsabilité des plus hautes autorités françaises, et jusqu’à la période récente, des voix se sont élevées, de manière récurrente, pour réclamer que l’Etat français reconnaisse ses responsabilités dans le recours systématique à la torture durant la répression coloniale», lit-on dans ce communiqué.

Selon la même source, «ces exigences ont été réitérées par différentes associations et personnalités françaises». «En 2000, une lettre adressée au président de la République par douze personnalités appelait ‘’dans un esprit tourné vers un rapprochement des personnes et des communautés et non vers l’exacerbation de leurs antagonismes /…/ à condamner ces pratiques par une déclaration publique’’ et invitait ‘’les témoins, les citoyens à s’exprimer sur cette question qui met en jeu leur humanité’’ », précise la même source.

Les signataires rappellent les gestes du président Emmanuel Macron qui avait reconnu, entre 2018 et 2022, les assassinats sous la torture du mathématicien Maurice Audin (1957) et de l’avocat Ali Boumendjel. «Nous reconnaissons avec lucidité que dans cette guerre, il en est qui, mandatés par le gouvernement pour la gagner à tout prix, se sont placés hors la République.

Cette minorité de combattants a répandu la terreur, perpétré la torture, envers et contre toutes les valeurs d’une République fondée sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen», avait également souligné un communiqué de la présidence française, rendu public le 18 octobre 2022. Pour ces organisations, «cette reconnaissance est importante et courageuse, mais elle est incomplète».

«La reconnaissance de la torture par l’Elysée n’explique pas les dysfonctionnements de l’Etat et de ses institutions militaires, administratives et judiciaires qui ont permis que la théorie de la ‘’guerre contre-révolutionnaire’’ ait été mise en œuvre.

Ni que les ‘’DOP’’ pratiquant la torture aient été créés au sein de l’armée française, ni que ceux qui l’ont pratiquée aient été promus et décorés alors que ceux qui l’ont dénoncée ont été poursuivis et emprisonnés, ni que des milliers de familles de disparus n’ont jamais reçu de réponse des autorités à leurs demandes, ni que des décrets ont autorisé la censure et la saisie des périodiques et des livres rapportant des faits dans leur vérité», ajoute la même source.

Cette reconnaissance, insiste le communiqué, «est également indispensable pour notre présent et notre avenir, car, sans un retour sur cette page sombre de son histoire, rien ne préserve la République française de retomber dans les mêmes dérives».

Parmi les signataires, rappelons-le, il y a, Agir contre le colonialisme aujourd’hui (ACCA), Anciens appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre (ACG), la Ligue française des droits de l’homme (LDH)…

Le contentieux historique entre l’Algérie et la France est, rappelons-le, très lourd. En plus de la torture, les essais nucléaires dans le Sahara et les enfumades figurent aussi dans la longue liste des crimes coloniaux.

Afin de traiter ce contentieux historique, les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron ont décidé, en août 2022, de mettre en place une commission mixte d’historiens des deux pays. Cette dernière a déjà défini les axes de son travail portant sur le XIXe siècle, comme elle a émis une série de recommandations adressées aux deux chefs de l’Etat.
 

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