Pourquoi les enfants palestiniens sont-ils ciblés par l’occupant israélien ?

12/11/2023 mis à jour: 00:32
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Le conflit entre l’armée d’occupation israélienne et les Palestiniens ne date pas du 7 octobre dernier, il a commencé en 1948 avec la décision du Conseil de sécurité de l’ONU ou plutôt des cinq puissances mondiales de créer une entité israélienne en Palestine.

 La Bande de Ghaza occupée en 1949 par les troupes égyptiennes est considérée comme un havre de paix pour les Palestiniens qui sont expulsés de leurs villages, c’est la Nakba qui voit les Palestiniens renvoyés de chez eux vers les pays limitrophes : Jordanie, Syrie, Liban et Ghaza. Dans cette dernière, un rectangle de 41 km de long pour une largeur de 6 à 12 km, 200 000 d’entre eux viendront chercher refuge, ils représentent aujourd’hui plus de 80% des habitants de Ghaza. Ce sont leurs enfants et leurs petits-enfants qui représentent aujourd’hui la majorité de la population de Ghaza.
 

Des agressions répétées depuis 74 ans 

Ce petit territoire est occupé provisoirement lors de l’agression tripartite contre l’Egypte durant l’automne 1956, il est de nouveau durablement occupé en 1967 après la guerre des Six Jours. L’oppression et l’humiliation quotidiennes sont à l’origine de la première Intifada menée par les enfants qui éclate en 1987 et fait près de 2000 morts du côté palestinien. Les accords d’Oslo, signés en 1993, paraissent rapidement comme une supercherie politique, ils enfantent le Hamas. La seconde Intifada durera de 2000 à 2005, et fera un nombre de morts palestiniens plus important encore. Désormais, Ghaza devient l’espace de vengeance d’Israël. Elle est régulièrement bombardée par l’aviation et/ou la marine israélienne, en 2001, 2002 et 2004. De plus en plus d’enfants palestiniens sont tués. En août 2005, voyant qu’il est impossible de réduire la résistance palestinienne, Israël est obligé de se retirer avec ses 7500 colons et d’abandonner ses 21 colonies, mais réduit l’enclave de Ghaza à une immense prison à ciel ouvert.

Les élections législatives palestiniennes sont remportées en janvier 2006, par le Hamas à Ghaza, ce qui exclut définitivement en juin 2007 le Fatah trop engagé avec Israël du pouvoir local. La Cisjordanie est alors dirigée par l’Autorité palestinienne qui se soumet au diktat de l’entité israélienne, les deux déclarent le Hamas hors-la-loi. La même position est adoptée par l’Egypte après la prise de pouvoir par Sissi qui, de même qu’Israël, instaure un blocus sur la Bande de Ghaza.
 

En 2008, Israël lance l’opération Plomb durci, un déluge de feu s’abat sur Ghaza qui est investie par des colonnes de blindés israéliens, l’objectif est d’éradiquer le Hamas, mais Israël tue 1400 Palestiniens, en majorité des enfants, sans atteindre son objectif. 

Pour se protéger des obus lancés de Ghaza, Israël met en place son Dôme de fer en 2011, un mur technologique qui devait empêcher tout projectile de le toucher. Parallèlement, il continue à bombarder la Bande de Ghaza et de lancer ses incursions meurtrières contre les populations civiles : en 2012, 160 Palestiniens, ; en 2014, 2250 morts palestiniens sont tués ; en 2018, les gardes-frontières israéliens tirent sur les civils palestiniens qui manifestent de l’autre côté du mur à l’occasion du 70e anniversaire de la Nakba, faisant de nombreux morts. En 2021, Israël s’entoure d’une clôture d’acier ultra sécurisée pour empêcher toute incursion palestinienne et continue de tuer les Palestiniens, 300  d’entre eux tomberont au champ d’honneur.
 

Depuis, la population de Ghaza, près de 2,4 millions de personnes, dont plus d’un million d’enfants, vit dans une immense prison à ciel ouvert. Ils ne peuvent ni quitter la Bande de Ghaza, ni trouver du travail, ni encore pêcher au-delà de 2 km de leur côte. Les Ghazaouis souffrent d’un manque d’eau chronique, ils n’ont que 15 l d’eau par jour chacun pour un volume de 50 l quotidien nécessaire pour vivre. Plus de 60% d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté et dépendent des rations distribuées par l’UNRWA.
 

Révolution du 7 octobre 2023

Il est évident qu’aucun être humain ne peut vivre dans les conditions imposées aux Ghazaouis, une insurrection était prévisible. Israël et les pays occidentaux ont convaincu certains pays arabes de l’approche de la fin de la question palestinienne vouée à l’oubli. Le grignotage des territoires de la Cisjordanie et de Jérusalem par les colons israéliens semblait confirmer cette impression. Il ne fallait pas plus pour certains pays arabes pour renier les engagements pris au sommet arabe de Beyrouth de 2002 lequel avait lancé une proposition de paix avec déjà beaucoup de concessions.

La population de Ghaza, à qui on avait imposé une mort lente, voyait que l’Autorité palestinienne était devenue une force supplétive de l’ennemi israélien, des centaines de militants sont arrêtés et emprisonnés et certains même livrés à Israël. Les extrémistes juifs multipliaient les violations des périmètres sacrés (esplanade des Mosquées et mosquées de Jérusalem). Face à tant d’humiliation et d’oppression, les Ghazaouis ont fini par s’insurger les 7 octobre 2023.

La plupart des pays occidentaux ont qualifié cela d’acte de terrorisme, alors qu’ils sont signataires des Conventions de Genève et des Protocoles additifs qui reconnaissent le droit des peuples colonisés à recourir à la lutte armée pour libérer leur pays. Hamas n’a jamais attaqué autre qu’Israël et ses actions se sont toutes concentrées dans des territoires qui appartiennent à la Palestine. Pourquoi alors l’amalgame qui rappelle les croisades du XIIe siècle ?
 

Les enfants, principales victimes de l’agression israélienne 

Moins de 30 jours après le début de l’agression israélienne, le nombre d’enfants tués par les bombardements israéliens dépasse largement les 4000 victimes, si l’on y ajoute les centaines de corps d’enfants encore sous les décombres et qu’on n’a pu sortir faute de moyens, le nombre de tués pourrait dépasser les 5000. C’est un véritable holocauste. Le conflit en Ukraine en 20 mois s’est soldé par 600 enfants tués. C’est en arguant notamment de ce motif que la CPI a lancé un mandat d’arrêt contre le Président russe l’accusant de crimes contre l’humanité. Manifestement, on est face à une justice internationale à deux poids, deux mesures. Un enfant palestinien ne vaut-il pas un enfant ukrainien ? Le ministre israélien de la Défense n’a-t-il pas qualifié les Palestiniens de bêtes humaines, et le chanteur nostalgique franco-israélien n’a-t-il pas appelé à les gommer ?
 

Jamais dans l’histoire moderne, notamment depuis la Seconde Guerre mondiale, un nombre d’enfants aussi important n’a été tué de façon violente en un court laps de temps que durant ce mois d’octobre 2023. C’est déjà plus qu’un crime de guerre, un crime contre l’humanité, car la force d’occupation, dont la responsabilité est de protéger les populations qu’elle colonise, c’est elle-même qui devient leur bourreau.

Le blocus sévère imposé à Ghaza de puis 17 ans s’est encore aggravé depuis le 7 octobre dernier avec l’interdiction d’entrée d’eau, de produits alimentaires, de médicaments, de lait d’enfant, de produits d’entretien, de carburant avec lequel fonctionnent les couveuses, les blocs opératoires, les équipements hospitaliers…, il constitue aussi un crime contre l’humanité, car il prive des populations civiles des éléments de base de vie. Il engage la responsabilité totale d’Israël, mais aussi de l’Egypte qui contrôle le passage de Rafah.
 

Le bombardement des infrastructures de base (écoles, marchés) mais aussi les ambulances et le personnel de soins et les hôpitaux relève aussi du crime contre l’humanité. Rappelons que le bombardement de l’hôpital Baptiste, plus connu sous le nom d’hôpital El Ahly, a fait 500 morts. Une douzaine d’autres hôpitaux ont subi des bombardements partiels, tels que l’hôpital turc ou l’hôpital indonésien.
 

Le bombardement systématique de la partie nord de Ghaza et la pression exercée par Israël sur la population pour la faire replier vers le Sud et vers la sortie de Rafah s’inscrit dans une stratégie de déportation de la population vers l’Egypte. C’est un véritable génocide selon les Conventions de Genève.
 

Mort d’enfants et tradition biblique

Israël est un pays théocratique même si une partie de sa classe politique se dit laïque. Sa population s’accroche aux textes bibliques malgré leur altération reconnue par les scientifiques.

Le prophète Moussa, que les musulmans vénèrent, comme c’est le cas pour tous les autres Prophètes, a été envoyé par Dieu pour sauver les enfants d’Israël du joug du pharaon. La société égyptienne, à cette époque, était polythéiste et donnait beaucoup d’importance à la magie.

Au cours de l’année de naissance de Moussa, un grand prêtre de la cour du pharaon prédit à ce dernier qu’un enfant mâle juif naîtrait durant l’année, il allait provoquer la mort du pharaon et mettrait un terme à l’Empire. Pour éviter cela, le pharaon a ordonné la mort à tous les enfants juifs mâles qui naîtraient au cours de l’année. Moussa est né cette même année, sa mère cachait sa grossesse qui était passée inaperçue. A sa naissance, le problème s’est compliqué car les agents du pharaon étaient partout et la mère de Moussa avait peur d’être. 

Par la grâce de Dieu, l’enfant Moussa a non seulement échappé à une mort certaine, mais a été accueilli au palais royal. Dieu a comblé sa mère en le lui rendant pour qu’elle l’allaite et qu’elle partage avec son enfant l’amour qu’elle a pour lui.

Aujourd’hui, l’histoire se répète, ce ne sont pas seulement les extrémistes qui prescrivent à l’autorité sioniste l’obligation de tuer les enfants palestiniens, mais cette démarche est adoptée comme stratégie par l’Etat sioniste qui a peur des enfants palestiniens qui naissent et qui comme les jeunes Ghazaouis d’aujourd’hui, bébés hier de la Nekba de 1949, leur tiennent la dragée haute et revendiquent leur droit à l’indépendance.
 

Conclusion 

Depuis sept décades, le sang d’enfants palestiniens innocents ne cesse de couler en Palestine. Il irrigue cette terre sacrée qui a reçu le plus grand nombre de Prophètes. Il coule aujourd’hui à flot à la suite de l’opposition déclarée des pays occidentaux à un cessez-le-feu. 

Des principes sacralisés depuis la Seconde Guerre mondiale comme la Déclaration universelle des droits de l’homme et les Conventions de Genève et les Protocoles additionnels qui sont la base du droit humanitaire international apparaissent brusquement comme des feuilles qui se détachent d’un recueil et emportées par le vent. Leurs auteurs sont les premiers à les violer.

 

 

Pr Mostefa Khiati

Président de la Forem

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