Washington a plusieurs fois accusé Téhéran de vouloir contourner les sanctions en exportant du pétrole notamment en Chine, au Venezuela et en Syrie, et a saisi à maintes reprises la cargaison de pétroliers qui transportent du brut iranien.
Le ministre iranien du Pétrole, Javad Owji, a affirmé hier que les Etats-Unis, qui ont récemment confisqué la cargaison de pétroliers transportant du brut iranien, n’ont pas réussi à freiner les exportations de pétrole du pays, visé par des sanctions pétrolières, rapporte l’AFP. Selon des documents judiciaires américaines révélés vendredi, les Etats-Unis ont saisi le chargement de deux pétroliers, soupçonnés d’avoir transporté plus de 700 000 barils de brut iranien en violation de l’embargo américain.
«L’ennemi a tenté à plusieurs reprises de réduire les exportations pétrolières de l’Iran et de saisir les navires du pays» au cours des derniers mois, a indiqué J. Owji. «Lorsque l’ennemi a vu qu’il était impuissant et qu’il ne pouvait pas mettre fin à nos exportations, il s’est attaqué à nos navires», a-t-il ajouté, tout en affirmant que «les forces iraniennes ont fait échouer plusieurs» tentatives de saisie américaines.
Selon J. Owji, les exportations de pétrole iranien ont «augmenté» en dépit des sanctions. «Les Etats-Unis ont compris que ces sanctions sont inefficaces et qu’il leur est impossible de réduire nos exportations à zéro», a-t-il affirmé.
Les Etats-Unis accusent l’Iran de vouloir contourner les sanctions en exportant du pétrole notamment en Chine, au Venezuela et en Syrie, et ont saisi à plusieurs reprises la cargaison de pétroliers qui transportaient du brut iranien.
La dernière saisie en date, survenue il y a plusieurs semaines, selon les documents judiciaires américains, a eu lieu discrètement, alors que des négociateurs essaient de ressusciter l’accord sur le nucléaire iranien de 2015.
Frictions sur le nucléaire
Par ailleurs, les négociateurs européens (France, Allemagne, Royaume-Uni, dits E3) sur l’accord de Vienne relatif au nucléaire iranien ont déclaré, hier dans un communiqué, que «personne ne devrait chercher à exploiter les négociations afin d’obtenir des garanties qui n’ont rien à voir avec cet accord», sans citer nommément la Russie.
«Ceci risque de mener à l’effondrement de l’accord, privant le peuple iranien d’une levée de sanctions et la communauté internationale des assurances nécessaires concernant le programme nucléaire iranien», a ajouté le texte qui intervient après un arrêt des discussions lié à de nouvelles exigences russes.
Le 4 mars, les diplomates ont évoqué une entente imminente après des mois de négociations acharnées.
Mais le lendemain, Moscou, frappée par des sanctions occidentales après l’invasion de l’Ukraine, a demandé à Washington la garantie que ces mesures de rétorsion n’affecteraient pas sa coopération économique avec l’Iran.
Des revendications jugées «hors sujet» par le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, mais qui ont stoppé net les discussions. «Nous exprimons notre déception», ont indiqué les signataires dans le communiqué. Et de soutenir : «Nous comprenons que l’Iran et les Etats-Unis ont activement travaillé à résoudre les derniers sujets bilatéraux et nous sommes donc prêts à conclure cet accord maintenant.»
Conclu par l’Iran, d’un côté, et les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l’Allemagne, de l’autre, ce pacte était censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique en échange de la levée des sanctions qui asphyxient son économie.
Mais il s’est délité après le retrait, en 2018, de Washington, qui a rétabli ses sanctions contre l’Iran, dont l’embargo sur le pétrole. En réaction, l’Iran s’est progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire. Les efforts pour le relancer, qui semblent prêts d’aboutir, ont été suspendus vendredi suite à de nouvelles exigences de Moscou.