Pour faire face au stress hydrique : Stations de dessalement d’eau et nouveaux forages au programme

15/02/2022 mis à jour: 11:00
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Photo : El Watan

Même si les spécialistes de la météorologie refusent de parler de sécheresse, le manque de pluie cet hiver est visible. A part quelques averses éparses, il n’a pratiquement pas plu depuis le mois de décembre. 

Conséquence directe : un taux de remplissage des barrages assez faible. Pour affronter le stress hydrique, des solutions sont engagées dans le cadre d’un plan d’action : il s’agit de la réalisation de forages et de stations de dessalement d’eau de mer.

Pour le premier volet, le ministère des Ressources en eau (MRE) a lancé le projet de réalisation de 700 forages, dont 320 sont déjà opérationnels. En collaboration avec d’autres départements ministériels, notamment celui de l’Agriculture, 1200 forages sont prévus, dont 577 sont déjà réceptionnés.

Pour la deuxième solution, des décisions sont annoncées en Conseil des ministres : le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné d’œuvrer pour fournir les capacités foncières et les conditions appropriées afin d’achever les projets des cinq stations de dessalement d’eau de mer, dont la réalisation avait été programmée lors des précédentes réunions du Conseil des ministres, précise le communiqué rendu public à l’issue de la réunion tenue dimanche.

Le ministre des Ressources en eau, Karim Hosni, avait en effet instruit ses services d’accélérer la cadence des travaux de réalisation de ces 5 stations réparties sur les régions du nord du pays (Tipasa, Boumerdès, Béjaïa, El Tarf et Oran). Elles devront assurer une production journalière de plus de 300 000 m3 chacune. Il a également été décidé, lors du dernier Conseil des ministres, de procéder à un examen du véritable volume de consommation quotidienne de l’eau potable. L’étude, qui concernera les wilayas d’Alger, Oran et Constantine, devra être remise en un temps record d’un mois.

«Le véritable chiffre indiciaire actuel est exagéré et atteint dans la capitale 1 250 000 mètres cubes pour quatre millions de citoyens», précise le communiqué. Dans le même sens, il a été décidé de mettre en place un nouveau plan de distribution de l’eau garantissant un approvisionnement régulier, à partir du mois de Ramadhan et en prévision de la saison estivale.

Des barrages à moitié vides

Selon les derniers chiffres officiels du ministère des Ressources en eau, le taux national de remplissage des barrages est estimé à 37,66%. En décembre, il était à 36,24%.

La région la mieux lotie est celle de l’est du pays avec un remplissage de 61,92%. Elle est suivie de la région Ouest avec 22,80%, puis du Centre où les barrages ne sont remplis qu’à 18,33%. L’Algérie va-t-elle affronter une nouvelle fois un été difficile ? Si la situation climatique continue ainsi, la réponse est automatiquement affirmative.

Le Dr Fares Kessasra, maître de conférences à l’université de Jijel, expert dans les questions environnementales et consultant auprès de l’Unesco, considère que l’«Algérie est soumise à un stress hydrique depuis près de 20 ans exacerbé par les changements climatiques».

«C’est une réalité scientifique que personne ne peut nier. Les changements climatiques ne sont pas une vue de l’esprit, mais une réalité qu’on peut  observer avec le manque de pluies, mais aussi par les pics de chaleur qui favorisent l’évaporation des eaux de barrage. Même s’il pleut en grandes quantités, le pouvoir évaporatoire est énorme.

Ceci sans compter l’envasement des barrages, des retenues colinéaires et autres espaces de stockage d’eau», détaille-t-il. Pour l’expert, il est important aujourd’hui d’adopter un plan d’action qui va de 10 à 30 ans : «Il faut absolument réfléchir à une stratégie d’adaptation aux changements climatiques qui concernera non seulement la raréfaction de la pluie, mais aussi les pics de chaleur qui impactent directement la disponibilité de la ressource.»

Les experts de l’Office national de météorologie (ONM) restent optimistes en matière de pluviométrie. Se basant sur les hivers précédents, ils prévoient des averses assez importantes dès la fin de ce mois de février ainsi que le mois de mars avec même possibilité de chute de neige sur les hauteurs. Des quantités qui pourraient soutenir le remplissage des barrages et atténuer la sécheresse durant le mois de Ramadhan prochain et la saison estivale. 

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