Plaidoyer de l’Algérie devant la CIJ sur la colonisation israélienne de la Palestine : «Israël viole, globalement et dans le détail, le droit international pertinent»

21/02/2024 mis à jour: 01:09
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Photo : D. R.

L’Algérie a démontré devant la Cour internationale de justice (CIJ) la violation du droit international en Palestine par l’occupant israélien. Intervenant hier, au deuxième jour des audiences concernant la demande d’avis consultatif sur les conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques de l’Etat hébreu en Palestine, le professeur Ahmed Laraba a appelé, au nom du groupe des juristes algériens, la Cour à confirmer cette violation. «(…) L’Algérie réitère les demandes qu’elle a exprimées dans ses écritures antérieures.

Elle prie respectueusement la Cour de dire qu’Israël viole, par ses politiques et pratiques, globalement et dans le détail, le droit international pertinent», affirme-t-il, après avoir rappelé longuement l’ensemble des pratiques de l’occupant depuis 1948. Le professeur algérien note, dans ce sens, l’importance de se soumettre aux lois internationales relatives à l’occupation et de les faire respecter.

«L’Algérie est profondément convaincue que l’impunité est la première loi des oppresseurs. Votre fonction est de leur dire qu’il y a une loi et que celle-ci doit être respectée et que ce n’est pas une loi de vengeance, mais de justice. Il est de votre devoir également de leur dire que si cette loi n’est pas respectée, il y aura des sanctions et que l’impunité ne sera pas admise (…)», rappelle-t-il au membre de la Cour.

Ahmed Laraba s’est adressé également à l’ONU pour lui rappeler la nécessité d’examiner de nouvelles mesures pour mettre fin à ces violations. «Dans le prolongement du paragraphe 160 de l’avis sur le mur (mur érigé par Israël, ndlr), l’Algérie est d’avis que l’Organisation des Nations unies, et spécialement le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale doivent (…) examiner quelles nouvelles mesures doivent être prises pour mettre fin aux multiples violations du droit international désormais paroxystiques », plaide-t-il.

Précisant que l’occupation prolongée «est une source des violations illimitées du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme», l’Algérie, souligne-t-il, «demande à la Cour de bien vouloir se reporter aux développements qu’elle a consacrés à ce point dans ses précédentes écritures».

Il est ainsi demandé à la Cour d’exiger que «les autres Etats sont tenus de ne pas reconnaître comme licites les situations créées par ces violations, de ne pas porter assistance à Israël et de coopérer autant que possible pour mettre fin aux violations israéliennes». Poursuivant, Ahmed Laraba affirme  qu’«Israël est dans l’obligation de mettre un terme aux violations du droit international».

«Il a le devoir de réparer l’intégralité des préjudices subis par le peuple palestinien. Il est également contraint d’exécuter les obligations violées, de devoir offrir des assurances et des garanties de non-répétition dans les plus brefs délais», insiste-t-il.

L’occupant israélien, enchaîne-t-il, a «l’obligation de réparer l’intégralité des préjudices causés. Cette obligation de réparer doit, autant que possible, effacer toutes les conséquences des violations. Elle peut prendre la forme de restitution, d’indemnisation et de satisfaction».

«Une forme plus extrême de l’apartheid»

La journée d’hier a été également marquée par l’intervention de l’ambassadeur d’Afrique du Sud aux Pays-Bas, Vusimuzi Madonsela, qui affirme que les pratiques d’Israël dans les territoires palestiniens occupés «sont une forme encore plus extrême de l’apartheid qu’a connu l’Afrique du Sud avant 1994».

«En tant que Sud-Africains, nous sentons, voyons, entendons et ressentons au plus profond de nous-mêmes les politiques et pratiques discriminatoires inhumaines du régime (israélien) comme une forme encore plus extrême de l’apartheid institutionnalisé dans mon pays», martèle-t-il.

Vusimuzi Madonsela affirme que cette politique d’apartheid d’Israël «doit cesser», ajoutant que son pays a une «obligation particulière de dénoncer l’apartheid partout où il se produit et de veiller à ce qu’on y mette un terme immédiat».

Pour rappel, ces audiences publiques de la CIJ, entamées lundi avec l’intervention attendue d’une cinquantaine de pays, font suite à l’adoption, en décembre 2022 par l’Assemblée générale des Nations unies, de la résolution 247/77, qui demande un avis consultatif de la Cour sur les violations israéliennes des droits de l’homme dans les Territoires palestiniens occupés.   

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