Le spectacle que Hasna Hini a donné à Oran sonne aussi comme un hommage à ce père disparu trop tôt et dont la photo orne toujours le dos du pupitre de la chanteuse.
Programmée le 5 avril pour participer à l’animation de l’une des soirées du Ramadhan organisées par l’ONCI à la salle Maghreb à Oran, Hasna Hini fait partie de la toute nouvelle génération des interprètes de musique andalouse qui, après avoir fait leurs preuves au sein d’associations, se sont émancipées pour tenter une carrière professionnelle en solo.
En tant que tel, c’est la première fois qu’elle chante à Oran mais elle s’est déjà produite localement au début des années 2000 lorsqu’elle évoluait encore au sein de l’association El Inchirah d’Alger. Néanmoins, toute petite c’est au sein de l’association Es-Sendoussia qu’elle a fait ses premiers pas avec son père, le regretté Smaïl Hini (1946-2020).
Le spectacle qu’elle a donné sonne aussi comme un hommage à ce père disparu trop tôt et dont la photo orne toujours le dos du pupitre de la chanteuse.
C’est à partir de 2008 qu’elle monte seule sur scène. «Pour passer en professionnel, il faut beaucoup de travail mais en contrepartie on a plus de liberté car au sein de l’association tout est réglementé, une seule note, une seule harmonie, etc.», nous explique-t-elle en marge de sa prestation, un répertoire varié incluant à l’occasion les traditionnels louanges du prophète mais pas que.
«Néanmoins, ajoute-t-elle, il faut garder à l’esprit que cette formation est la base pour quiconque veut se lancer dans ce métier et c’est notamment le cas pour l’apprentissage instrumental.»
Son instrument de prédilection à elle reste l’oud (le luth) qu’elle a appris à maîtriser auprès de Boudjemaâ Fergane lors de son passage à l’association El Inchirah. Il y a quelques années, elle a eu à interpréter toute une nouba en langue amazighe. «C’était une première», se rappelle-t-elle.
La performance est passée inaperçue, car elle a été réalisée dans un contexte particulier, celui de son père qui a voulu rendre hommage à sa tante, la chanteuse Ldjida Tamkrant (1912-1992), dont elle est donc la petite nièce.
Relativement oubliée, la chanteuse originaire d’un village faisant partie de la wilaya de Sétif a pourtant laissé des chansons que la nouvelle génération interprète, encore comme le titre devenu un classique, Erras thili dont elle est la première à l’avoir enregistré. «Il a voulu lui rendre hommage à sa manière et comme lui est un cheikh de la musique andalouse, il ne pouvait pas le faire avec la chansonnette d’où cette performance d’une nouba avec la langue amazighe.»
Auparavant, En réponse à question de Nesrine, animatrice télé de la soirée, concernant cette expérience, Hasna Hini a déclaré qu’elle interprète également une nouba en langue espagnole.
La preuve en direct car, en réponse à la sollicitation de la même animatrice, elle n’hésite pas, alors que ses musiciens étaient déjà sortis de la scène, à remettre de la voix pour interpréter en a cappella un passage de son travail à l’international.
Le contexte est simple. «Cela fait 18 ans que je vis en Espagne et si je rentre aujourd’hui c’est pour rester avec ma mère mais surtout pour poursuivre l’œuvre de mon père», ajoute-t-elle.
Dévoué à ce patrimoine qu’il considère unique, son père, par ailleurs spécialiste du qanun (instrument à cordes), réfute en effet le concept d’écoles existantes en Algérie (grosso modo Tlemcen, Alger et Constantine) pour privilégier, pour l’avoir exprimé à la télévision nationale, le terme «conservations».
Réunir sur la même scène, les trois supposées tendances ont été un pari qu’il n’a pas hésité à tenter. Hasna reste sur la même voie.
«Il a été tout pour moi, mon mentor, mon manager, etc., et je lui dois de m’avoir encouragée à aller de l’avant à mes débuts puis, plus tard, pour m’avoir soutenue dans mes choix de carrière.» Elle a deux albums sur le marché, le premier est intitulé De notre patrimoine (Min Tourathina) et le second Chaâir Errouh wal qalb (Poésie de l’âme et du cœur). D’autres projets sont en chantier dont des vidéoclips.