Le secrétaire général de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) a rejeté les critiques formulées par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), selon lesquelles des réductions volontaires de la production de pétrole par plusieurs Etats de l’OPEP+ «aggraveraient l’inflation et provoqueraient une incertitude économique accrue».
Dans une interview accordée à Energy Intelligence, Haitham Al Ghais a déclaré que «les coupes volontaires n’avaient fait partie d’aucun accord OPEP+» et que la décision d’ajuster la production par mesure de précaution était le «droit souverain» de chaque Etat membre. Al Ghais a réitéré, en outre, les avertissements antérieurs, formulés à plusieurs reprises par l’OPEP+, selon lesquels «le sous-investissement dans le secteur mondial en amont était la plus grande menace pour l’économie mondiale, tandis qu’un dialogue constructif entre les Etats producteurs et consommateurs était nécessaire pour relever les défis énergétiques mondiaux».
Le SG de l’OPEP a rappelé que ce n’est pas la première fois que l’AIE critique l’OPEP et l’OPEP+. «Malheureusement, c’est devenu récurrent, à chaque fois, les fondamentaux du marché prévalent, et les prévisions et décisions plus précises de l’OPEP se révèlent être les bonnes. Un exemple très récent est la décision d’octobre de l’année dernière, lorsque nous avons reconnu l’incertitude entourant les perspectives de l’économie mondiale et du marché pétrolier et son impact sur les fondamentaux du marché.
La décision unanime d’ajuster collectivement la production de 2 millions de barils par jour a été une réponse volontariste et efficace», souligne Al Ghais. «Vous vous rappelez sûrement comment cette décision a été sévèrement critiquée, mais quelques mois plus tard, et au fur et à mesure que les événements se déroulaient, la décision a été saluée par la plupart des observateurs et analystes comme la bonne ligne de conduite pour assurer la stabilité du marché», déclare le SG de l’OPEP.
Il précisera, en outre, qu’aucune décision OPEP+ n’a été prise en avril, comme le suggère l’AIE. Au lieu de cela, plusieurs ajustements volontaires individuels de la production ont été annoncés par certains pays membres de l’OPEP et d’autres pays participant à la Déclaration de coopération (DOC).
C’est le droit souverain des pays d’ajuster volontairement leur production dans ce qui est clairement une «mesure de précaution». «Déformer de telles actions et formuler continuellement des critiques sans fondement est contre-productif et ne peut que conduire à plus de volatilité et d’instabilité du marché», prévient Al Ghais. Le chef de l’OPEP indiquera que l’Organisation et ses alliés «se concentrent entièrement sur les fondamentaux du marché et complètent cela par un dialogue régulier et transparent avec les consommateurs et toutes les parties prenantes».
En réponse à une question sur «les risques que feraient planer les derniers ajustements de la production de la part de certains pays OPEP sur l’économie mondiale et les consommateurs», le secrétaire général de l’OPEP souligne qu’il y a d’innombrables facteurs qui affectent l’économie mondiale.
Il citera, en guise d’exemple, «les problèmes bancaires les plus récents, ainsi que la hausse des taux d’inflation dans de nombreuses régions du monde», soulignant que ces facteurs «ont été exacerbés par des mesures politiques spécifiques».
D’autres marchés de l’énergie ont été beaucoup plus volatils que les marchés pétroliers, principalement en raison du rôle stabilisateur du groupe OPEP+, ajoute encore Al Ghais, faisant remarquer que, «par conséquent, blâmer le pétrole pour l’inflation est un argument qui ne tient pas». «Cela se voit clairement lorsque l’on examine l’indice de base des dépenses de consommation, qui exclut les prix des aliments et de l’énergie.
En fait, la principale raison de la volatilité croissante de l’énergie est due à des années de sous-investissement, en raison d’appels répétés à arrêter tous les investissements dans l’industrie pétrolière. Comme vous le savez, il s’agit d’un problème contre lequel nous, à l’OPEP, nous mettons en garde depuis de nombreuses années», a ajouté le chef de l’OPEP.