L’OPEP répond au FMI : «C’est la géopolitique qui fait grimper les prix du pétrole»

23/04/2022 mis à jour: 01:02
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L’Opep a déclaré jeudi au comité directeur du Fonds monétaire international que la flambée des prix du pétrole était en grande partie due aux facteurs géopolitiques liés au déclenchement de la crise ukrainienne

A environ deux semaines de sa prochaine réunion d’évaluation de sa stratégie pétrolière, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) donne une fois de plus des indices sur son intransigeance sur le maintien de sa politique, exécutée depuis des mois, pour rééquilibrer le marché selon les fondamentaux, et dans l’intérêt des pays producteurs et de l’économie mondiale, et non en fonction de facteurs conjoncturels liés à la géopolitique. 

Dans une réponse à une analyse du FMI sur la situation du marché pétrolier, l’Opep a déclaré jeudi au comité directeur du Fonds monétaire international que la flambée des prix du pétrole était en grande partie due à aux facteurs géopolitiques liés au déclenchement de la crise ukrainienne. 

Une réponse qui sonne comme une fin de non-recevoir renouvelée aux demandes pressantes des pays occidentaux menés par les Etats-Unis, qui ne cessent de faire pression sur l’alliance Opep+ pour l’amener d’une part à se désolidariser avec la Russie et à prendre d’autre part des mesures pour augmenter l’offre de pétrole sur le marché afin de faire baisser les cours de l’or noir.

Dans une déclaration au Comité monétaire et financier international (CMFI) répercutée par Reuters, l’OPEP – qui a noté que le prix du brut Brent s’était établi en moyenne à près de 98 dollars le baril au premier trimestre de cette année, en hausse d’environ 18 dollars par rapport aux trois derniers mois de 2021 – a déclaré que les prix du pétrole ont augmenté, en particulier en mars de cette année, «principalement en raison de l’escalade des tensions géopolitiques en Europe de l’Est et des inquiétudes que cela pourrait entraîner d’importantes pénuries d’approvisionnement en pétrole, au milieu de bouleversements commerciaux».

L’OPEP a également souligné l’impact négatif à court terme de la crise ukrainienne et de la pandémie en cours, ajoutant : «La forte hausse des prix des matières premières, combinée aux goulots d’étranglement persistants de la chaîne d’approvisionnement et aux contraintes logistiques liées à la Covid-19, alimente une inflation mondiale déjà élevée.» L’OPEP a déclaré en outre que l’alliance avait montré son engagement à veiller à ce que les fondamentaux de l’offre et de la demande de pétrole soient en équilibre pendant la crise ukrainienne afin de soutenir l’économie mondiale. Elle devrait ainsi se baser uniquement sur les fondamentaux pour ajuster sa production, même si les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) souhaitent que les plus gros pays producteurs de l’Opep poussent à pomper plus de pétrole pour faire chuter les prix, qui ont atteint un sommet de 14 ans au-dessus de 139 dollars le mois dernier, après la décision de Washington et de Bruxelles d’imposer des sanctions à Moscou suite à son conflit avec l’Ukraine.

L’OPEP+, qui comprend l’OPEP et d’autres producteurs, dont la Russie, augmentera la production d’environ 432 000 barils par jour en mai, dans le cadre d’un dénouement progressif des réductions de production effectuées au pire de la pandémie de Covid-19.

Le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé mardi ses prévisions de croissance économique mondiale de près d’un point de pourcentage, citant la guerre de la Russie en Ukraine et avertissant que l’inflation était désormais un «danger clair et présent» pour de nombreux pays. La guerre devrait encore augmenter l’inflation, a déclaré le FMI dans ses dernières «Perspectives de l’économie mondiale», avertissant qu’un nouveau durcissement des sanctions occidentales contre la Russie pour cibler les exportations d’énergie entraînerait une autre baisse importante de la production mondiale. La hausse des prix des denrées alimentaires, de l’énergie et d’autres biens pourrait déclencher des troubles sociaux, en particulier dans les pays en développement vulnérables, a encore souligné le FMI.

Abaissant ses prévisions pour la deuxième fois cette année, le FMI a déclaré qu’il prévoyait désormais une croissance mondiale de 3,6% en 2022 et 2023, soit une baisse de 0,8 et 0,2 point de pourcentage, respectivement, par rapport à ses prévisions de janvier. La croissance mondiale à moyen terme devrait baisser à environ 3,3%, contre une moyenne de 4,1% sur la période 2004-2013, et une croissance de 6,1% en 2021. 

Le FMI a indiqué en outre avoir revu à la baisse ses perspectives à moyen terme pour tous les groupes de pays, à l’exception des exportateurs de matières premières, qui bénéficient de la flambée des prix de l’énergie et de l’alimentation.

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