Premier exportateur de gaz d'Afrique du Nord, l'Algérie produit environ 100 milliards m3/an, dont un peu moins de la moitié est exportée et le reste est consommé sur place.
Les exportations algériennes de gaz naturel vers l'Europe du Sud se sont redressées en 2023. L'Algérie est ainsi en tête des importations italiennes de gaz, alors que les flux de gaz vers l'Espagne repartent à la hausse après un léger recul au premier trimestre. Selon les données de S&P Global Commodity Insights, «l'Algérie est désormais le plus grand fournisseur de gaz de l'Italie après que les importations russes ont été fortement réduites en 2022, tandis qu'en Espagne, les flux de gazoducs en provenance d'Algérie ont atteint leur plus haut niveau depuis février au début du mois. »
La société spécialisée dans la fourniture d’informations sur les cours du pétrole Platts précise que «l'approvisionnement en gaz par gazoduc de l'Algérie vers le continent a deux points d'entrée principaux : le gazoduc Medgaz vers l'Espagne et le gazoduc TransMed, qui achemine le gaz vers l'Italie continentale via la Tunisie et la Sicile.» Premier exportateur de gaz d'Afrique du Nord, l'Algérie produit environ 100 milliards m3/an, dont un peu moins de la moitié est exportée et le reste est consommé sur place note encore le média spécialisé.
Platts indique en outre que «l’Algérie est bien placée pour répondre aux besoins énergétiques de l'Europe, en tirant parti des voies de transit existantes, en utilisant ses vastes ressources énergétiques et en recalibrant les cadres politiques pour stimuler les développements en amont.»
L'entreprise publique Sonatrach prévoit de fournir quelque 110 milliards m3/an de gaz pour l'exportation et l'utilisation nationale au cours des cinq prochaines années, selon les déclarations du PDG Toufik Hakkar à S&P Global Commodity Insights dans une interview accordée en mars.
Sonatrach premier fournisseur de gaz de l'Italie
L'Italie est un marché clé pour l'Algérie, à la fois en matière d'approvisionnement à long terme mais aussi de ventes supplémentaires via TransMed sur le marché spot, qui se sont élevées à environ 4 Gm3 l'an dernier note le média. En outre, les importations italiennes via TransMed ont atteint en moyenne un peu plus de 61 millions m3/j jusqu'en 2022, selon les données de S&P Global, et sont restées largement conformes à la moyenne de 2022 jusqu'à présent.
L’Italie a ainsi importé un total de 22,4 milliards m3 de gaz d'Algérie en 2022, contre environ 20 milliards m3 en 2021. Au 18 mai, les importations italiennes de gaz algérien cette année s'élevaient à 8,36 milliards m3, légèrement plus élevées par rapport à la même période l'an dernier, lorsque les importations étaient en moyenne de 8,33 milliards m3, selon les données disponibles. «L'Algérie se classe désormais comme le plus grand fournisseur de gaz de l'Italie, avec des importations mondiales cumulées de GNL en deuxième position avec un total de 5,56 milliards m3, tandis que les importations en provenance d'Azerbaïdjan ont totalisé 3,45 milliards m3 jusqu'à présent», selon les données de S&P Global.
Cependant, la maintenance programmée sur le réseau de pipelines TransMed en mai a vu les débits chuter à 53,9 millions m3/j le 20 mai, leur niveau le plus bas depuis le 6 mars, selon les données. «L'italien Eni est un acheteur majeur de gaz algérien et prévoit d'augmenter progressivement les flux de gaz via TransMed, visant une augmentation progressive jusqu'à 9 milliards m3/an supplémentaires d'ici 2024», a indiqué la société dans son rapport annuel 2022.
Les importations espagnoles se redressent
L'Espagne, quant à elle, a traditionnellement profité de sa proximité avec l'Algérie pour ses besoins énergétiques, complétant sa vaste infrastructure d'importation de GNL. L'Algérie a récupéré, en avril, la première place de fournisseur gazier de l’Espagne, devant les États-Unis et la Russie, avec un total de 34 190 gigawattheures (GWh), durant les quatre premiers mois de l’année en cours, selon les données du dernier bulletin statistique de l'opérateur espagnol de gestion des infrastructures énergétiques «Enagás».
L’Algérie a ainsi livré 29.312 GWh par gazoduc, depuis le début de l’année, et 4.878 GWh sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL), livré par méthaniers, couvrant 24,2% de la demande espagnole. Selon le dernier rapport de la Corporation des réserves stratégiques de produits pétroliers (Cores), relevant du ministère espagnol de la Transition écologique, en plus du transfert régulier de gaz via le Medgaz, Sonatrach a réactivé l'envoi de méthaniers vers Espagne, par rapport aux mois précédents, avec la plus grosse expédition de gaz en seize mois, totalisant 31 % du total de gaz provenant d'Algérie.
«Un chiffre dépassé seulement en novembre 2021 et qui survient après plusieurs mois, au cours desquels le transport de gaz par méthaniers n'a même pas atteint un mètre cube.» selon le média «The Objective» qui soulignait récemment que certaines sources avancent que «l’Algérie a décidé d'augmenter sa liquéfaction parce qu’elle a réussi à atteindre une plus grande capacité d'exportation de gaz.» Avant cette nouvelle percée, le gaz algérien représentait environ 24 % des approvisionnements en gaz de l'Espagne en 2022, juste derrière les États-Unis avec 29%, selon le gestionnaire de réseau de transport espagnol Enagas repris par Platts.
Les débits des pipelines ont atteint un sommet récent en décembre de l'année dernière à 28,1 millions m3/j, avant de diminuer au début de 2023. Fin mars, les approvisionnements ont encore chuté, glissant à 15,9 millions m3/j avant de se redresser pour atteindre 24,7 millions m3/j le 2 mai, le niveau le plus élevé depuis la mi-février, selon les données.En février, le patron de Naturgy a déclaré qu'il était en négociation avec Sonatrach pour convenir d'un prix pour les volumes de 2023 après s'être entendu en octobre de l'année dernière d'appliquer rétroactivement un nouveau prix pour 2022.
Les contrats concernés par la révision tarifaire ont été signés il y a plus de 20 ans et portent sur des volumes de 5 Gm3/an jusqu'en 2030. «Les prix du gaz espagnol sont actuellement les moins chers de tous les hubs commerciaux européens en raison des solides approvisionnements algériens, de son infrastructure d'importation de GNL et des stocks de gaz élevés», souligne l’agence de presse. Platts, qui fait partie de S&P Global Commodity Insights, a évalué le prix du mois à venir du PVB à 26,60 euros/MWh le 19 mai, soit une remise de 3,50 euros/MWh par rapport à son équivalent TTF.