Les massacres perpétrés depuis 12 jours restent impunis : Liquidation planifiée du peuple palestinien

19/10/2023 mis à jour: 03:54
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Photo : D. R.

Dans un acte de cynisme ultime, Israël, qui bombarde sans relâche la bande de Ghaza depuis le 7 octobre, nie être à l'origine de cet acte aussi abject qu’immonde qu’il attribue l'attaque au «Jihad islamique».

C’est ce qu’il convient d’appeler «un crime de guerre». Les images diffusées, après la violente explosion qui a frappé mardi soir l'hôpital chrétien Al-Ahly Arabi «Mamadani» où s'étaient réfugiées des centaines de familles palestiniennes à Ghaza, sont tout simplement insoutenables : des corps d'hommes, de femmes et d'enfants déchiquetés, gisant parmi les affaires personnelles, les couvertures et les sacs éparpillés sur le gazon.

Dans un acte de cynisme ultime, Israël, qui bombarde sans relâche la bande de Ghaza depuis le 7 octobre, nie être à l'origine de cet acte aussi abject qu’immonde qu’il attribue l'attaque au «Jihad islamique».

Pourtant, la nuit de l'attaque, Hananya Naftali, ancien membre de l'équipe de communication du Premier ministre Netanyahou, a justifié la frappe israélienne contre cet hôpital, dans un tweet, estimant que celle-ci était «nécessaire pour éliminer les terroristes retranchés à l'intérieur de l'hôpital». Il a finalement effacé son tweet, le remplaçant par la version officielle de l'armée israélienne.

Il est important de souligner que ce n'est pas la première fois que les forces d'occupation ciblent des infrastructures médicales. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déjà recensé «111 installations médicales visées», «12 professionnels de santé tués» et «60 ambulances prises pour cibles» dès le lundi précédent.

Le 14 octobre, l'hôpital Al-Ahly avait déjà subi des dommages lors d'un bombardement israélien, blessant quatre membres du personnel. Lors d'une conférence de presse exceptionnelle qui a eu lieu au milieu de cadavres recouverts de linceuls, le sous-secrétaire du ministère de la Santé, Yousef Abou Al-Rish, a affirmé que l'armée israélienne avait contacté le directeur de l'hôpital pour lui signifier que les deux tirs étaient des avertissements pour évacuer.

Malgré ces preuves, les États-Unis ont rapidement soutenu la version israélienne des faits. En visite en Israël, hier, le président américain Joe Biden a affirmé que les autorités israéliennes avaient «raison», en attribuant la frappe meurtrière à des combattants palestiniens. «J'ai été profondément attristé et choqué par l'explosion dans l'hôpital à Ghaza, hier, (ndlr, mardi).

Et selon ce que j'ai pu constater, il semble que l'attaque ait été perpétrée par l'autre partie, et non par vous», a déclaré le président américain aux côtés du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à Tel-Aviv. « Nous devons aussi garder à l'esprit que le Hamas ne représente pas tout le peuple palestinien et qu’il ne leur a apporté que de la souffrance», a-t-il ajouté. «Les Américains pleurent avec vous », a dit Joe Biden à Netanyahou qui a exhorté «le monde civilisé» à s'unir contre le Hamas.

Cela fait aussi écho aux propos de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a encore soutenu que «l'Europe se tient aux côtés d'Israël dans cette période sombre».

Bénéficiant ainsi d'une impunité totale grâce au soutien des puissances occidentales, les forces d'occupation israéliennes ont poursuivi leurs massacres, hier, causant des milliers de morts et de blessés parmi la population civile palestinienne, ainsi que la destruction de quartiers entiers et d'infrastructures médicales.

Problème d'accès aux hôpitaux

La ministre palestinienne de la Santé, Mai al-Kaila, a annoncé que le bilan des victimes de l'agression sioniste à Ghaza s'est alourdi à environ 3300 martyrs et plus de 13 000 blessés. «Il existe une grave pénurie de médicaments dans la bande de Ghaza et un problème majeur d'accès aux hôpitaux. Les coupures d'eau et la détérioration du système d'égouts augmentent le risque de propagation de maladies transmissibles», a-t-elle ajouté.

L'enclave palestinienne se trouve maintenant en situation de pénurie de tout : médicaments, carburant pour les générateurs, fournitures médicales à usage unique, gaz et eau. L'occupation a complètement détruit plus de 4500 bâtiments résidentiels, comprenant 12000 habitations, tandis que près de 113 300 habitations ont été partiellement endommagées dont 8190 sont désormais inhabitables.

À Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, une foule en colère a demandé la destitution de Mahmoud Abbas, mardi soir. Le président palestinien, en mauvaise posture, a souligné mardi soir que l'agression contre le peuple palestinien «doit cesser», appelant la communauté internationale à «demander des comptes à l'occupant et à fournir une protection internationale au peuple palestinien», selon l'agence de presse Wafa. Une grève a été observée, hier, dans tous les gouvernorats de Cisjordanie pour protester contre l'agression israélienne.

Sur le plan diplomatique, à la demande de la Russie et des Émirats arabes unis, le Conseil de sécurité de l'ONU devait tenir une réunion d'urgence, hier, pour discuter de la situation, suivie d'un vote sur une résolution présentée par le Brésil, en vue de trouver une position commune sur le conflit.

Mais il faut dire que les précédentes tentatives ont été un échec : alors que les morts se comptent déjà par milliers, le Conseil de sécurité - dont la majorité des membres reste aveugle et sourde à la détresse palestinienne- a rejeté, lundi dernier, une résolution proposée par la Russie en faveur d'un «cessez-le-feu humanitaire». Il y a, certes, des condamnations internationales des atrocités commises à Ghaza, mais force est de constater qu’il y a peu d'actions concrètes pour mettre fin à ces massacres. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, doit se rendre en Égypte, pour discuter de l'aide humanitaire.

Il a déclaré, mardi soir, qu'il était «horrifié» par la mort de «centaines de civils palestiniens» et a rappelé que les hôpitaux et le personnel médical sont protégés par le droit humanitaire international. Les tensions pourraient encore monter d’un cran, sachant qu’elles restent vives à la frontière avec le Liban où les échanges de tirs entre l'armée israélienne et le Hezbollah s’opèrent au quotidien. Le Hezbollah libanais, allié du Hamas, a appelé à une «journée de colère» pour dénoncer le massacre commis par Israël.

Action préventive

Le président iranien Ebrahim Raïssi a déclaré une journée de «deuil public» et prédit que l'attaque contre l'hôpital se retournerait contre Israël et son allié américain. Mardi, le Premier ministre iranien avait évoqué la possibilité d'une «action préventive» contre Israël.

L'explosion à l'hôpital a, par ailleurs, conduit la Jordanie à annuler un sommet prévu à Amman entre le président américain Joe Biden, le roi jordanien Abdallah II, le président égyptien Abdel Fattah Al Sissi et le dirigeant de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Hier et après plusieurs jours de siège strict, l’entité sioniste a annoncé l’autorisation de l'entrée d'aide humanitaire dans la bande de Ghaza depuis l'Egypte. «Israël n'empêchera pas l'aide humanitaire depuis l'Egypte tant qu'il s'agit de nourriture, d'eau et de médicaments pour la population civile dans le sud de la bande de Gaza», d'après un communiqué du bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des centaines de camions d'aide humanitaire sont bloqués dans le désert du Sinaï égyptien depuis plusieurs jours, à cause de la fermeture du point de passage de Rafah et du bombardement de ce dernier par l’armée israélienne.

Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur Général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a averti que la situation à Ghaza «devient incontrôlable» en raison du blocus et des attaques incessantes. Il déplore que les fournitures médicales soient bloquées depuis quatre jours, le passage reste fermé du côté palestinien, à la suite des bombardements de cette semaine.A cela s’ajoutent les provocations des sionistes.

Des rapports font état de dizaines de colons ayant pénétré de force dans la mosquée Al-Aqsa via la porte Al Mughariba, provoquant des affrontements dans ses cours. Les médias israéliens diffusent des paroles racistes décomplexées. Selon un rapport publié par l’agence Wafa, les médias et les réseaux sociaux israéliens publient des incitations de haine et de racisme contre les Palestiniens.

Un membre de la Knesset, Zvi Socott – parmi tant d’autres –, a appelé sur son compte Twitter «X» à tuer plus de citoyens à Ghaza, exigeant une escalade du conflit, déclarant que la situation actuelle ne pouvait être résolue que par des dizaines de milliers de morts ghazaouis.

A moins que la communauté internationale ne condamne fermement le massacre de civils innocents à Ghaza, il y a un risque que la machine de guerre sioniste continue à opérer impunément, ce qui pourrait aggraver la situation jusqu'à, craint-on, causer un nettoyage ethnique dans la région.

Mohamed Laagab : Les médias arabes appelés à ne plus offrir de tribunes aux sionistes

Le ministre de la Communication, M. Mohamed Laagab, a appelé hier à Alger, les médias arabes à ne plus offrir de tribunes aux sionistes pour justifier leurs massacres contre le peuple palestinien.

Dans une déclaration à la presse, en marge d'une séance plénière au Conseil de la nation consacrée au débat de la Déclaration de politique générale du gouvernement, M. Laagab a réaffirmé la position de l'Algérie en faveur du peuple palestinien, assurant que l'Etat algérien "n'a jamais abandonné le peuple palestinien, que ce soit financièrement, politiquement, médiatiquement ou diplomatiquement".

Les marches en soutien à la cause palestinienne visent à "dénoncer la brutalité et la barbarie sans précédent auxquelles se livre l'entité sioniste", a-t-il dit. A cette occasion, le ministre a appelé les médias arabes à "ne plus donner la parole aux responsables sionistes criminels pour justifier leurs massacres". Il les a également appelés à "ne pas reprendre les concepts occidentaux et à utiliser les bons concepts en appelant les choses par leurs noms", mettant en garde contre "les velléités de destruction de la civilisation orientale par l'entité sioniste".

"L'entité sioniste est un poste-avancé de la barbarie occidentale pour anéantir la civilisation orientale", a-t-il lancé. A noter qu'une minute de silence a été observée au Conseil de la nation à la mémoire des martyrs palestiniens, brutalement assassinés par l'entité sioniste. Le président du Conseil de la nation, M. Salah Goudjil, a dénoncé les massacres commis contre le peuple palestinien ces dernières 24 heures, soulignant que "l'agression sioniste contre les Palestiniens a franchi toutes les lignes rouges, en violation flagrante des droits de l'Homme". APS

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