Un tir de roquettes de combattants du Hamas a mis, avant-hier, hors d’état de nuire 24 officiers et soldats de l’armée israélienne à Ghaza, ce qui a lourdement aggravé le bilan des militaires tués depuis 110 jours estimé à plus de 200, avec des milliers de blessés lourds. Jour noir, dit-on en Israël, où depuis le 7 octobre dernier, les mythes se sont effondrés un à un face aux nouvelles réalités.
Dès le début de l’offensive terrestre, l’armée israélienne s’est attelée à mettre en avant l’idée que la guerre contre le Hamas allait être une simple guerre éclair, un peu comme en 1967 contre la coalition arabe, et que de toutes les manières, a-t-elle ajouté, rien ne peut résister à l’armée israélienne. Etant l'une des meilleures au monde avec ses avions F16 et ses hélicoptères Apache américains, elle pouvait vite éliminer n’importe quel adversaire, parmi eux les combattants du Hamas qualifiés de vulgaires terroristes et non des militaires dotés de moyens technologiques rudimentaires et dont le seul atout est le réseau d’abris souterrains tissé dans la Bande de Ghaza.
Cette fanfaronnade de l’armée israélienne a été constamment relayée par la propagande sioniste dans le monde, l’un de ses buts étant de faire admettre, en Occident surtout, que l’Etat d’Israël est le seul défenseur des intérêts du «monde libre» dans la sphère arabo-musulmane, nécessairement hostile et agressive, notamment après l’émergence d’Al Qaïda et de Daesch et d’un Iran inflexible, l’historique bête noire de l’Occident.
Même des régimes politiques arabes ont fini par succomber à cette idée de «l’invincibilité» d’Israël et ont tissé pour cela avec lui des liens diplomatiques et économiques, les tout derniers sous forme d’une «normalisation» impulsée par les Etats-Unis.
L’arrogance et la morgue guerrière israéliennes ont été sérieusement ébréchées par l’attaque surprise du 7 octobre sur le territoire israélien même, avec un très lourd bilan. Humiliés, les services de renseignement ont tenté de se «racheter» en ciblant des leaders palestiniens et iraniens dans les pays environnants.
Et contre toute attente, les combattants palestiniens ont tenu bon, jusque-là : ils ne sont que 20 000 face aux 200 000 militaires israéliens déployés contre eux, appuyés par une impressionnante armada guerrière. Après plus de 100 jours, le Hamas n’a perdu qu’entre 20 et 30% de ses combattants, selon le contre-espionnage américain.
Le seul trophée israélien, en fin de compte, c’est la tuerie collective de plus de 25 000 civils ghazaouis, dont les deux tiers sont des femmes et des enfants, et la destruction de 70% des habitations et d’infrastructures de l’enclave. Un morbide et tragique bilan qui a fini par révolter le monde entier et pousser à des ripostes salutaires.
Des manifestations monstres ont lieu régulièrement dans des capitales du monde entier, y compris celles traditionnellement acquises à Tel-Aviv. La conscience mondiale a été ébranlée, ce qui pourrait se traduire par une condamnation d’Israël par la CIJ saisie par l’Afrique du Sud, pays qui a éliminé l’apartheid et mère patrie de Mandela.
Et en même temps pousser le gouvernement israélien à admettre que le temps de la colonisation est fini, que les armes ne peuvent servir de loi, notamment quand il s’agit de se battre contre des combattants aux pieds nus animés d’une conviction libératrice.
Même les alliés d’Israël ont fini par admettre que le moment est venu de régler la question palestinienne dans le fond, c’est-à-dire par la reconnaissance des droits de ce peuple à un Etat libre et indépendant. L’idée diplomatique de «deux Etats» fait de plus en plus son chemin mais rencontre l’hostilité du gouvernement israélien noyauté par l’extrême droite suprématiste et raciste dirigée par Netanyahu.
Cependant avec les pertes militaires sur le terrain et l’impossibilité d’éliminer la direction de Hamas et de libérer les otages, les dirigeants de Tel-Aviv finiront par s’y résoudre.
Et cela va dans le sens de l’histoire irriguée par le sang des dizaines de milliers de Palestiniens tombés en martyrs sous les bombes israélo-américaines.