Le département d’Etat américain a nié toute preuve sur le fait qu’Israël commet un génocide à Ghaza, en réponse au rapport d’un groupe spécial de l’Onu, qui a affirmé le contraire. Pour les experts onusiens, l’armée sioniste a largué plus de 25 000 tonnes d’explosifs sur l’enclave, soit l’équivalent de deux bombes nucléaires. Pour eux, «les destructions massives qui en ont résulté sont conformes aux caractéristiques d’un génocide» et «auront un impact sur la santé des Ghazaouis pendant des générations». Les etats-unis ont déclaré «ne pas avoir constaté de déplacements spécifiques» de civils, qualifiés par HRW de «crime contre l’humanité», et justifié le comportement de l’armée israélienne.
Washington a vite réagi au rapport du Comité onusien d’enquête sur les pratiques israéliennes affectant les droits humains du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés et sur le génocide à Ghaza. il a dénoncé jeudi les conclusions des experts, selon lesquelles les actes d’Israël «correspondent aux caractéristiques d’un génocide», en les qualifiant d’«infondées». Devant un parterre de journalistes, le porte-parole de la Maison-Blanche, Vedant Patel, a affirmé : «c’est quelque chose que nous désapprouvons sans équivoque.
Nous pensons que ce type de formulation et ces types d’accusations sont très certainement infondés.» Par la même occasion, le responsable américain a également rejeté les conclusions de l’ONG Human Rights Watch (HRw), qui, dans un rapport publié le même jour, affirme que «les ordres d’évacuation à répétition» de l’armée israélienne à Ghaza «mènent à des déplacements forcés de population» et constituent «un crime contre l’humanité».
Pour Vedant Patel, le déplacement forcé des Palestiniens «serait une ligne rouge» pour les etats-Unis, mais a toutefois justifié les décisions de l’armée israélienne en affirmant : «c’est complètement cohérent et acceptable de demander aux civils d’évacuer une certaine zone lors de certaines opérations militaires, et ensuite de leur permettre de rentrer chez eux. Nous n’avons pas constaté de déplacements forcés spécifiques.» Des déclarations qui révèlent le soutien indéfectible des USA à la guerre génocidaire contre Ghaza.
Cette réaction intervient après la publication par HRW de son rapport sur la situation à Ghaza, et les conclusions du Comité onusien sur les pratiques de l’armée israéliennes du 7 octobre 2023 au mois de juillet de l’année en cours, période durant laquelle «quelque 25 000 tonnes d’explosifs, l’équivalent de deux bombes nucléaires», ont été larguées sur Ghaza.
Dans le rapport, devant être publié intégralement le 18 du mois en cours, les experts de l’Onu ont affirmé que «les destructions massives qui en ont résulté, ainsi que l’effondrement des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement, la dévastation agricole et la pollution toxique sont conformes aux caractéristiques d’un génocide et auront un impact sur la santé des Ghazaouis pendant des générations».
Pour eux, «le recours par l’armée israélienne au ciblage assisté par l’Intelligence artificielle (IA), avec une surveillance humaine minimale, combiné à des bombes lourdes, souligne le mépris d’Israël pour son obligation de faire la distinction entre civils et combattants et de prendre des mesures de protection adéquates pour éviter les décès de civils». selon le Comité, «par son siège de Ghaza, son obstruction à l’aide humanitaire, ses attaques ciblées et ses meurtres de civils et de travailleurs humanitaires, malgré les appels répétés de l’ONU, les ordonnances contraignantes de la CIJ (Cour internationale de justice) et les résolutions du Conseil de sécurité, Israël provoque intentionnellement la mort, la famine et des blessures graves, en utilisant la famine comme méthode de guerre et en infligeant des punitions collectives à la population palestinienne».
Les auteurs du rapport ont accusé les soldats israéliens «d’avoir un comportement déshumanisant, cruel et humiliant envers les Palestiniens, y compris les femmes et les enfants». Comportement, ont-ils souligné, documenté par «le partage sur les réseaux sociaux des photos de femmes palestiniennes dans le but de les ridiculiser, de les moquer et de les humilier».
«Le comportement déshumanisant, cruel et humiliant des soldats israéliens»
Selon le site de l’Onu, Onu-Info, le comité a été créé en 1968 pour examiner la situation des droits de l’homme dans le Golan syrien occupé, en Cisjordanie, y compris Al Qods, et Ghaza. Les etats membres du Comité, à savoir la Malaisie, le Sénégal et le Sri Lanka, ont exhorté Israël et les groupes armés palestiniens à «accepter d’urgence un cessez-le-feu durable, à libérer tous les otages ainsi que les personnes détenues arbitrairement, à autoriser le Comité international de la Croix-rouge (CICR) à accéder sans entrave aux personnes détenues et à ouvrir tous les points de passage frontaliers pour permettre l’acheminement à grande échelle de l’aide humanitaire vitale vers Ghaza».
Le comité a exprimé sa ferme condamnation de la «campagne de diffamation en cours» contre l’Unrwa, et sa préoccupation par le «silence délibéré des reportages» sur la guerre contre Ghaza. Repris par le site Onu-Info, le comité onusien a par ailleurs déclaré que «l’escalade de la censure des médias» par Israël et la «répression de la dissidence et le ciblage des journalistes» relèvent «d’efforts délibérés pour bloquer l’accès mondial à l’information». Il a aussi dénoncé «la suppression», par les sociétés de médias sociaux, «de manière disproportionnée des contenus pro-palestiniens, par rapport aux messages incitant à la violence contre les Palestiniens».
Les affirmations des membres du Comité rejoignent toutes celles des autres experts et agences de l’Onu sur la situation à Ghaza mais aussi en Cisjordanie occupée. Ainsi, le représentant de l’Ocha (Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires)a affirmé, devant le Conseil de sécurité, que la situation dans les territoires occupés «s’aggrave» et que «les forces israéliennes continuent d’utiliser des tactiques meurtrières, qui semblent aller bien au-delà des mesures standard de maintien de l’ordre».
Le bureau de l’Ocha a affirmé à que «six tentatives d’acheminement d’une aide vitale dans les zones assiégées du nord de Ghaza ont été bloquées rien qu'au cours des deux derniers jours», précisant à ce titre que les missions de mardi et mercredi derniers avaient pour objectif «d’apporter de la nourriture et de l’eau à Jabaliya, Beit Hanoun et Beit Lahiya, ainsi qu’une protection et un soutien psychosocial aux enfants profondément traumatisés par 13 mois de bombardements».
Lui emboîtant le pas, Louise Wateridge a affirmé, au nom de l’Unrwa, que «les gens sont coincés dans des immeubles résidentiels, ils se cachent des opérations militaires en cours autour d’eux, ils manquent de nourriture». Lors de son intervention, elle a fait état de témoignages de membres du personnel et de personnes dans le nord qui ont décrit «des cadavres dans les rues et une absence quasi totale de soins de santé d’urgence, ce qui a forcé les gens à utiliser des charrettes tirées par des ânes pour atteindre des hôpitaux à peine fonctionnels».
Allant dans le même sens, le représentant de l’Ocha a déclaré qu’environ 79% de Ghaza reste sous ordre d’évacuation actif. «Les Palestiniens continuent d’être dirigés vers les zones à l’intérieur et autour d’Al Mawasi, dans le sud de Ghaza, qui manquent d’infrastructures de base et de services essentiels», a affirmé le représentant de l’Ocha. Il rappelle, dans ce sens, que selon les dernières données des autorités sanitaires de Ghaza, «au moins 43 736 personnes ont été tuées et 103 370 blessées dans des attaques militaires israéliennes depuis le 7 octobre 2023, dont 24 Palestiniens tués et 112 blessés au cours des dernières 24 heures» (mercredi et jeudi).
Dans une conférence de presse, animée jeudi dernier, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’Onu, a estimé que «les démolitions se poursuivent également en Cisjordanie, déplaçant des personnes et affectant leurs moyens de subsistance et leur accès aux services essentiels». Cela a été particulièrement prononcé à Jérusalem-Est, a souligné le responsable onusien, précisant qu’entre le 5 et le 11 du mois en cours, «50 des 62 Palestiniens déplacés en raison de démolitions invoquant le manque de permis étaient originaires de Jérusalem-Est, près de la moitié d’entre eux étant des enfants».
Le même responsable a rappelé que, mercredi dernier, les autorités israéliennes ont démoli un immeuble résidentiel dans le quartier d’Al Bustan à Silwan, qui abritait également un centre communautaire. «Cet établissement était une planche de salut pour plus de 1000 personnes, proposant des ateliers, du scoutisme, des activités sportives et culturelles pour les femmes et les groupes de jeunes. La perte de ce centre constitue un coup dur pour cette communauté», a révélé Dujarric.
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