Les corps de 400 palestiniens exécutés par Israël y ont été retrouvés : L’horreur à l’hôpital Al Shifa

02/04/2024 mis à jour: 06:09
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Photo : D. R.

Après deux semaines de siège, de bombardements et d’assaut,  l’armée sioniste s’est retirée tard dans la nuit de dimanche à lundi, du complexe médical Al Shifa, laissant derrière elle  400  corps de Palestiniens tués, dont 300 à l’intérieur de l’hôpital, beaucoup  avaient les mains ligotées. Ces crimes s’ajoutent aux 9000 Palestiniens exécutés par Israël, juste pour avoir franchi, sans le savoir, ces zones interdites, appelées «zones de mort» dont l’existence a été révélée, hier,  par la presse israélienne. L’Etat hébreu multiplie les actes de génocide en innovant dans les méthodes de leur exécution au vu et au su du monde entier.

A l’aube de la journée d’hier, l’armée sioniste  a retiré l’ensemble de son dispositif militaire de l’hôpital Al Shifa – l’un des plus grands et plus anciens complexes médicaux situés à l’ouest de Ghaza – après l’avoir assiégé et bombardé durant deux semaines, faisant des centaines de morts, de blessés et d’arrestations parmi le personnel médical, les malades et les réfugiés.

Les correspondants des chaînes de télévision Al Araby TV et Al Jazeera ont montré des scènes chaotiques et terrifiantes de dévastation et de corps,  jonchant le sol aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’hôpital, certains en début de décomposition ou carbonisés,  d’autres – plus nombreux – ont les mains ligotées ou des parties du corps complètement arrachées. Les images sont insoutenables et ne laissent aucun doute sur le caractère criminel.

Le porte-parole de la Défense civile de Ghaza, avance le nombre de 300 martyrs trouvés à l’intérieur du complexe et une centaine d’autres,  à l’extérieur, avant de préciser que «tous les cas ont été documentés et présentés aux instances concernées».

Pourtant, le porte-parole de l’armée, dans son annonce avant la fin de l’offensive, a déclaré  que «l’opération militaire à l’hôpital s’est déroulée sans causer de dommages aux civils, aux patients et aux équipes médicales», en avouant, toutefois, avoir «tué 200 personnes, arrêté 500 autres,  détenu 900 pour enquête et évacué 6000».

Des chiffres qui donnent froid dans le dos, lorsqu’on sait que de nombreux membres du personnel médical avaient été portés disparus, de même pour des dizaines de civils qui s’étaient réfugiés à l’hôpital, dont le sort n’est toujours pas connu. Les témoignages recueillis sur place par les médias évoquent «des dizaines d’exécutions sommaires» à l’intérieur de l’hôpital.

Confirmant, ainsi, les déclarations officielles, faites il y a quelques  jours,  selon lesquelles, «des dizaines de militants ont été tués à l’intérieur du complexe».

Durant l’offensive militaire,  certains corps avaient été retrouvés et récupérés par leurs proches et les éléments de la Défense civile de Ghaza, mais autant d’autres sont restés gisant  aux alentours de l’hôpital et des bâtiments résidentiels, dans les rues  d’Al Nasr,  d’Al Wahda, de Omar Al Mukhtar, de Izz Al Din Al Qassam, d’Abu Hasira, de Bakr et de Haboush, toutes entourant l’hôpital.

Durant les deux semaines d’offensive militaire, aucune équipe de secours ou d’humanitaires n’a pu accéder à la zone pour évacuer les morts et les blessés. Dès la levée du dispositif, les Palestiniens se sont rués vers l’hôpital à la recherche des leurs restés bloqués à l’intérieur ou aux alentours  et dont ils n’avaient plus de nouvelles.

Des cris, des pleurs et des sanglots de douleur d’un ou des proches fusaient de partout. Les images transmises par les chaînes de télévision et sur les réseaux sociaux, sont poignantes. De nombreuses femmes font le tour de l’hôpital, dévisageant chaque corps, à la recherche d’un ou des enfants,  d’un mari ou des frères et sœurs.

«Zones de mort»

Une véritable tragédie humaine commise au vu et au su du monde entier. Samedi dernier, Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Oms (Organisation mondiale de la Santé), avait exhorté Israël d’ouvrir «un couloir humanitaire, vers le complexe médical et en faciliter l’accès en toute urgence afin que l’Organisation et ses partenaires puissent évacuer et sauver les patients», mais en vain.

Le responsable avait décrit «une situation désastreuse à l’intérieur de l’hôpital», où 107 malades manquent de soins médicaux et des fournitures nécessaires, parmi lesquels 4 enfants et 28 patients dans un état critique.

«Certains souffrent d’infection des plaies, surtout en raison de la rareté d’eau pour les nettoyer», avant d’évoquer les 21 malades morts à l’intérieur de l’hôpital depuis le 18 mars dernier marquant le début de l’assaut.

Selon lui, «il ne restait plus qu’une bouteille d’eau pour 15 personnes et les maladies infectieuses se sont propagées en raison des conditions insalubres et du manque d’eau».

Durant ce siège, les militaires ont également détruit des cimetières temporaires que les Palestiniens avaient improvisé dans le complexe et ont retiré de nombreuses dépouilles, jetées dans différents endroits de l’hôpital.

La découverte des centaines de morts à l’intérieur et aux alentours de l’hôpital, intervient alors qu’hier, le journal israélien Haaretz avait publié une enquête qui fait état de révélations choquantes.  «Selon les données de l’armée, depuis le début de la guerre dans le Sud, environ 9000 terroristes ont déjà été tués.

Cependant, des officiers, des soldats et des membres des services de sécurité déclarent qu’il s’agit souvent de civils qui ne représentaient aucune menace et dont le seul péché était de franchir une ligne imaginaire tracée par les forces - et qui leur donne la permission de tirer.»

Ces lignes sont appelées des «zones de mort» où le seul fait de les franchir, sans le savoir, est synonyme de «condamnation à mort». Les témoignages  recueillis  par le journal auprès des soldats démontrent qu’aucune morale, ni éthique ni règle ne sont respectées dans cette guerre génocidaire contre la population de Ghaza.

«On nous a spécifiquement dit que même si le suspect s’enfuyait dans un bâtiment et qu’il y avait des gens à l’intérieur, alors le bâtiment serait abattu pour tuer le terroriste. Même au prix où d’autres personnes pourraient être blessées (…) la situation dans ces zones est très difficile.

Les gens qui y résident se battent pour se nourrir et pour dormir. C’est devenu une lutte à mort dans laquelle règne la violence et où la gouvernance est absente.»

Durant ces dernières 48 heures, une vidéo montrant des scènes hallucinantes de corps de nombreux Palestiniens tués, jonchant le sol sur une longue distance, filmées par une soldate qui chante, mais dont le visage n’apparaît pas, avant qu’un énorme engin ne vienne les ramasser pour les emmener très loin.

Des images terrifiantes qui donnent vraiment froid dans dos. Jeudi dernier, l’Ong de défense des droits de l’homme,  Euro-Med Monitor, a fait état de «l’exécution de 13 enfants par des tirs directs» dans le complexe médical d’Al Shifa et dans les environs de la ville de Ghaza.

Dans sa déclaration reprise par de nombreux médias, internationaux, elle a  affirmé avoir collecté des «témoignages identiques sur les meurtres et les exécutions d’enfants palestiniens âgés de 4 à 16 ans» à Ghaza.

«Certaines des fusillades mortelles ont eu lieu pendant un siège de l’hôpital Al-Shifa alors que les familles des victimes se trouvaient à l’intérieur de leurs maisons, d’autres se sont produites lorsque les victimes ont tenté de s’échapper par des routes que l’armée israélienne avait désignées comme ‘‘sûres’’ après les avoir évacuées par la force de leurs maisons et de leurs lieux de résidence.»

Ces témoignages constituent une énième preuve accablante sur des crimes de guerre, contre l’humanité et surtout sur des crimes de génocide pour lesquels la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l’Onu, a mis en demeure Israël et lui a fait injonction de prendre des mesures pour les empêcher, une première fois le 26 janvier dernier et une seconde fois, jeudi 28 mars, et ce, en attendant l’examen au fond de la plainte pour génocide, déposée par l’Afrique du Sud, contre l’entité sioniste.

Le Hamas demande une enquête de l’Onu

Dans une déclaration, le Hamas palestinien a dénoncé «ces crimes terrifiants qui confirment la nature de l’entité fasciste (…)» et affirmé  «la responsabilité de l’administration américaine, et de celle du président Biden  dans ces  crimes et massacres ainsi que la destruction des infrastructures civiles  à leur tête les établissements de santé,  commises avec des armes, le soutien et l’appui militaire et politique américains».

Le Hamas a appelé la communauté internationale et l’Onu à «condamner ces actes abominables»  et à « intervenir en urgence à Ghaza pour constater le niveau de dévastation».

De même qu’il a réclamé «aux instances judiciaires internationales, particulièrement la CPI (Cour pénale internationale), d’ouvrir rapidement des enquêtes sur les crimes commis dans le complexe Al Shifa  ainsi que ceux commis depuis plus de 5 mois».

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