Décidément, Emmanuel Macron aime l’anarchie, le désordre. Il vient de le prouver encore une fois lors d’une visite au Maroc. Il a répété ce qu’il a dit dans une lettre adressée au roi Mohammed VI.
Devant le Parlement de Rabat, il a déclaré que le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental est le seul moyen d’instaurer la paix, devant des députés enthousiastes parce qu’ils ont entendu ce qu’ils voulaient entendre. Le président français n’innove pas. Le plan «marocain» en question a été concocté à l’Elysée. Et ce n’est pas la première foi que Paris prend fait et cause pour la politique expansionniste et coloniale du Maroc, en violation du droit international et de la résolution 154 de 1960 de l’Assemblée générale de l’ONU, qui reconnaît au peuple sahraoui le droit à l’autodétermination et à l’indépendance.
Paradoxalement, Paris a toujours voté positivement pour cette résolution lors des réunions du Conseil de sécurité, dont elle est un membre permanent et, à ce titre, doit œuvrer pour la paix et la justice. Les propos de Macron sont en totale contradiction avec la politique onusienne et un total manque de respect pour les nations qui forment l’organisation.
La France a essayé de barrer le chemin du combat du Front Polisario pour son peuple. Paris a manœuvré avec les Espagnols durant le dernier trimestre de 1975, profitant de la maladie d’un Franco agonisant. Au point que Madrid marche dans la combine et cède l’administration du Sahara occidental aux deux pays nouveaux colonialistes, le Maroc et la Mauritanie, le 28 février 1976. Il ne restait au Polisario qu’à entrer en guerre contre les deux apprentis colonisateurs.
Pour l’anecdote, en 1974, le général Franco a proposé de céder le territoire à l’Algérie. Boumediène à l’époque réunit le Conseil de la révolution et lui soumet la proposition espagnole. Il y a eu des pour et des contre. Boumediène tranche alors, précisant qu’il se conforme la Charte de l’OUA qui dit qu’il faut s’en tenir au respect des frontières héritées à l’indépendance, cela pour éviter des guerres fratricides à de jeunes Etats à peine indépendants.
La même proposition a été faite en 1967 par le général de Gaulle qui voulait éviter que la Mauritanie ait une frontière commune avec le Maroc, qui voulait l’avaler pour reconstituer un «grand Maroc» qui n’a existé que dans la propagande de l'Istiqlal, un parti qui revendique une partie de l’Algérie et que la classe politique marocaine rêve d’imposer cette idée un jour ou l’autre. Bien entendu, la proposition du général a été refusée avec politesse, comme la précédente et sur la base des mêmes arguments. La Mauritanie, face aux coups de boutoir du Front Polisario, abandonne sa part, que le Maroc se dépêche d’occuper, au nom du «droit de préemption», une invention qui n’existe que dans le droit commercial.
Valéry Giscard d’Estain occupe l’Élysée
Rapidement, il manifeste son hostilité aux Sahraouis. Des avions Jaguar, fraîchement sortis des usines, bombardent un convoi de réfugiés sahraouis qui se rendaient en Algérie pour fuir la répression dans la zone d'Oum Dreyga. 500 d’entre eux sont tués dans les bombardements et enterrés sommairement. Son successeur, Jacques Chirac, s’est mis lui aussi à défendre les thèses marocaines, mais avait le souci de ménager l’Algérie qui aidait militairement le Front Polisario et accueillait environ 300 000 réfugiés à Tindouf. A une certaine période, il y avait un représentant du Front Polisario, en la personne de Baba, à Paris.
Un jour, il croise le secrétaire général du Quai d’Orsay, René Chaillot, qui l’invite à dîner. Au cours de la discussion, Baba l’interroge sur «le soutien français au Maroc contre le peuple du Sahara occidental». Le diplomate ne fuit pas la question. «C'est parce que le Sahara occidental a une frontière avec l’Algérie.
Si vous étiez ailleurs, nous vous aurions soutenus.» Donc, Emmanuel Macron enfonce des portes ouvertes. Il cherche à redorer son blason. Il a échoué en politique et plongé la France dans une crise profonde. Il a dissous l’Assemblée nationale sans consulter qui que se soit. Malheureusement, pour lui, c’est un échec total. La consultation populaire qui s’ensuit ouvre un boulevard pour le RN, qui devient la première force politique française.
Un désastre ! Il a enfoncé la France dans une crise multidimensionnelle. Il lui reste deux ans pour terminer son mandat. N’ayant plus aucun pouvoir sur le gouvernement, il a décidé de consacrer le temps qui lui reste à faire de la diplomatie. Il a pensé à la question sahraouie, proposant aux Marocains un plan ambitieux. Il croit aussi réussir là où tant d’autres ont échoué, surtout Giscard d’Estaing qui a pourtant mis le paquet sur le plan militaire.
Macron, lui, va d’échec en échec. Il a cru affronter Poutine dans la guerre de l’Ukraine. Malgré des déplacements à Moscou, des entretiens téléphoniques avec le maître du Kremlin, il a trouvé porte close. Il veut, pour laver tous ces affronts, se venger avec un succès sur le dos du peuple sahraoui. La France, pays des droits de l’homme et de la Révolution de 1789 mérite mieux que ça.