Le premier ministre italien à Alger : Un accord gazier de 10 milliards de mètres cubes au menu

11/04/2022 mis à jour: 01:31
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Photo : D. R.

Le nouvel accord énergétique avec l’Italie renforcera globalement la place de l’Algérie en tant que pourvoyeur de gaz à l’Europe, son marché traditionnel. L’avantage du transport par gazoduc est un atout non négligeable pour l’Algérie, face à la poussée des exportations de GNL destinées, via d’autres fournisseurs, aux pays du sud de l’Europe.

L’Algérie et l’Italie doivent sceller aujourd’hui un important accord gazier portant notamment sur la fourniture de près de 10 milliards de mètres cubes supplémentaires au pays du sud de l’Europe, qui cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement dans le sillage de la crise énergétique en Europe.

Les deux pays s’apprêtent ainsi à renforcer, à l’occasion de cette visite, une relation politique et économique qui a toujours été très intense, même au plus fort de la crise qu’a traversée l’Algérie durant la décennie noire. Le pays du sud de l’Europe ayant maintenu, malgré la sombre conjoncture des années 1990, ses entreprises et des relations sans faille avec notre pays.

Sur le plan énergétique, la relation a toujours été soutenue, notamment grâce au gazoduc Transmed, mis en service en 1983 et qui a permis de fluidifier l’acheminement du gaz vers le sud de l’Europe et jusqu’en Slovénie, à partir de l’Algérie, dont les premiers contrats de vente de gaz ont été initiés en 1973.

Le transméditerranéen a permis d’acheminer un total de 22 milliards mètres cubes de gaz en 2021, alors qu’en en 1990, l’Italie avait reçu 10 milliards de mètres cubes.

Le nouvel accord énergétique avec l’Italie renforcera globalement la place de l’Algérie en tant que pourvoyeur de gaz à l’Europe, son marché traditionnel.

L’avantage du transport par gazoduc est un atout non négligeable pour l’Algérie, face à la poussée des exportations de GNL destinées, via d’autres fournisseurs, aux pays du sud de l’Europe.

En plus de sa facilité d’utilisation, le gaz transporté par gazoduc – contrats à long terme – est un meilleur marché par rapport au marché spot, mais aussi en comparaison avec les énormes coûts de transport et de regazéification indispensables pour le traitement du GNL transporté par bateau.

De nouveaux investissements sont cependant nécessaires en Algérie pour booster la production de Sonatrach, et dégager un surplus important pour l’export vers de nombreux pays. L’Italie pourrait, dans ce contexte, garantir d’une part ses approvisionnements et jouer d’autre part le rôle de hub gazier important pour le reste de l’Europe.

Intensification de la coopération Sonatrach-eni

L’accord qui sera signé aujourd’hui à l’occasion de la visite d’une forte délégation italienne menée par le Premier ministre, Mario Draghi, s’ajoutera à d’autres contrats en cours avec les entreprises italiennes.

Il devrait permettre à l’Italie de recevoir, via le gazoduc Transmed, entre 30 et 31 milliards de mètres cubes de gaz dès cette année, contre 21 à 22 milliards de mètres cubes actuellement.

Il est à savoir que l’Italie importe 27% de ses besoins d’Algérie à travers le gazoduc transméditerranéen.

Selon l’ambassadeur d’Algérie à Rome, Abdelkrim Touahria, cité par la presse italienne, «l’Italie pourra compter sur des approvisionnements supplémentaires en gaz algérien au même prix, atteignant, et peut-être dépassant, 30 milliards de mètres cubes dans les mois à venir».

Selon le calendrier de la visite, le Premier ministre Draghi – qui sera accompagné des ministres des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, de la Transition énergétique, Roberto Cingolani, et du président du groupe ENI – arrivera à 13h30 à Alger.

Il rencontrera notamment le président Abdelmadjid Tebboune, en prélude à la cérémonie de signature entre les compagnies Sonatrach et ENI.

Il s’agit d’un contrat important pour l’Italie, qui cherche à trouver diverses sources d’approvisionnement en gaz suite au conflit ukrainien Le pays importe, selon les données officielles du gouvernement italien, environ 95% du gaz qu’il consomme, dont de 40% proviennent de Russie. «Je me rendrai demain avec le Premier ministre, Mario Draghi, en Algérie pour signer un accord sur le gaz.

Malheureusement, nous sommes en retard, car nous aurions dû nous diversifier beaucoup plus tôt, mais nous avons de nombreux partenaires et amis dans le monde», a notamment déclaré, hier, à la presse le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio.

Lors d’une réunion de préparation tenue à Rome par les délégations algérienne et italienne, le ministre des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, avait en outre expliqué que «l’Italie souhaite un accord stratégique avec l’Algérie pour intensifier le dialogue politique et renforcer davantage la coopération économique et énergétique, travailler ensemble pour la stabilité de la Méditerranée».

Au terme des travaux, auxquels ont participé une soixantaine d’experts, l’Italie et l’Algérie ont signé un document qui identifie les principaux domaines dans lesquels les deux pays mèneront des projets communs.

L’accord gazier y figure en tête ainsi qu’une intensification de la coopération entre les groupes Sonatrach et ENI en matière d’énergies renouvelables.

Le PDG d’ENI a fait part récemment de son «très vif intérêt à continuer à investir en Algérie, qui constitue un partenaire confiant et crédible, notamment dans l’amont pétrolier et les énergies renouvelables».

Le voyage de Draghi en Algérie a été précédé, en novembre dernier, de la visite du chef de l’Etat italien, Sergio Mattarella, et du ministre des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, accompagnés du PDG du groupe énergétique Eni, Claudio Descalzi.

Il y a quelques jours, le Premier ministre italien a eu une conversation téléphonique avec le président Abdelmadjid Tebboune avant la  visite d’une forte délégation du groupe énergétique italien Eni à Alger, mené par le PDG de la compagnie italienne.

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