Le gaspillage en Afrique : 40% des denrées alimentaires perdues

19/11/2024 mis à jour: 00:03
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A l’échelle mondiale, environ 14% des aliments produits sont perdus entre la récolte et la vente au détail. Près d’un tiers de la part comestible des aliments destinés à la consommation humaine est perdu ou gaspillé, équivalant à environ 1,3 milliard de tonnes par an.

En Afrique, environ 40% des denrées alimentaires produites sont perdues ou gaspillées avant d’atteindre les consommateurs. L’Afrique subsaharienne est en tête du monde en termes de pertes après récolte, les fruits et légumes touchés jusqu’à 50%. En Afrique du Sud, près d’un tiers des 31 millions de tonnes produites chaque année sont gaspillées.

En Algérie, l’équivalent de 50 millions de dollars en pain, lait, fruits et légumes finissent chaque année aux ordures. Au Nigeria, l’insuffisance des réseaux routiers et le manque d’installations de stockage font perdre jusqu’à 40% des produits agricoles après récolte. Des volumes de pertes et de gaspillage des plus stupéfiants, au seuil de l’intolérable, dans un continent qui doit atteindre la faim zéro et aura pas moins de 1,7 milliard de bouches à nourrir d’ici 2030.

Requérant une approche multidimensionnelle et des solutions ciblées, susceptibles de diminuer d’au moins de moitié les pertes à tous les stades de la chaîne d’approvisionnement, surtout dans les régions où l’insécurité alimentaire est anormalement élevée, la lutte contre ce phénomène sera, justement, au cœur de l’African Agri Investment Indaba (AAII) dont les travaux ont débuté hier, lundi 18 novembre, au Centre international des congrès du Cap, en Afrique du Sud.

A ce grand rendez-vous mondial dédié à l’investissement agroalimentaire en Afrique sont attendus plus de 800 acteurs clés : gouvernements, banques, financiers, investisseurs, institutionnels, maîtres d’ouvrage, développeurs de projets, agriculteurs, commerciaux et industriels de l’agroalimentaire et de la transformation alimentaire, issus du continent et d’ailleurs. L’opportunité leur étant, ainsi, donnée par le Conseil africain de l’agriculture (CAA), l’organisateur, de «mettre en évidence des possibilités d’investissement transformatrices qui peuvent relever certains des défis les plus pressants auxquels le secteur est confronté et de débattre des tendances susceptibles d’influencer l’économie alimentaire et agroalimentaire au cours de la prochaine décennie en Afrique». 
Face à un secteur aux prises avec l’impact, sans cesse grandissant, du changement climatique et l’insuffisance des infrastructures, l’Aaii sera cette plateforme essentielle pour attirer les investissements à grande échelle dans l’agriculture africaine. «Agri Indaba est un rassemblement critique d’acteurs influents dans le secteur agricole.

Notre objectif est de créer des partenariats utiles qui libèrent des possibilités d’investissement dans toute l’Afrique, en particulier dans les domaines qui stimuleront le développement des infrastructures et l’innovation technologique dans l’agriculture.

L’avenir de la sécurité alimentaire africaine dépend d’investissements durables à grande échelle, et nous sommes là pour faciliter cela», souligne, dans une déclaration publique, Ben Leyka, PDG du CAA. A ses yeux, «en tant que plateforme pour des projets de transformation, l’AAII aborde les questions les plus critiques dans l’agriculture africaine : le changement climatique, les déficiences en infrastructures et les obstacles financiers».

Et, «en encourageant les partenariats entre les secteurs public et privé et en mettant en valeur des projets d’investissement prêts, l’Indaba vise à propulser le secteur agricole du continent vers la croissance, en veillant à ce qu’il joue un rôle central dans le renforcement de la sécurité alimentaire et à stimuler le développement économique à travers l’Afrique».

Identifier les points critiques de la chaîne de valeur lorsque ces pertes se produisent pour élaborer des interventions efficaces, tracer une feuille de route pour engager des initiatives communes visant à promouvoir des pratiques agricoles durables, mettre au point des systèmes alimentaires circulaires, améliorer les infrastructures de stockage, de transport et mobiliser des investissements logistiques plus conséquents, les participants à cette nouvelle édition s’attelleront, trois jours durant, à chercher les moyens d’y parvenir.

D’autant que, outre les enjeux socioéconomiques, les pertes et le gaspillage, fléau contre lequel la lutte n’est, pour l’Afrique, pas seulement «un défi agricole mais un impératif moral», qui pèsent près d’un tiers des denrées alimentaires produites chaque année dans un monde où, selon l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), quelque 870 millions de personnes n’ont pas suffisamment à manger, contribuent de manière significative au changement climatique.

Le phénomène a son sinistre actif environ 10% des émissions annuelles de gaz à effet de serre, à peine 2% des nutriments précieux provenant des sous-produits alimentaires étant recyclés. 

 

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