L’Algérie, l’OPEP+ et les taxes de Trump

07/04/2025 mis à jour: 21:30
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L’actuelle chute brutale des prix du pétrole, amplifiée par les tensions commerciales liées aux taxes américaines et les décisions inattendues de l’OPEP+, exige une réponse stratégique de l'Algérie. Les annonces de Trump d’augmenter massivement les droits de douane ont alimenté les craintes d’une récession mondiale, réduisant les anticipations de demande pétrolière. Même si le gaz naturel domine la production énergétique algérienne, la chute des cours pétroliers impactera inévitablement notre économie.

Bien que les décisions de Trump d’augmenter les tarifs douaniers excluent explicitement les produits énergétiques, ces mesures ont déjà impacté les cours du pétrole et pourraient même avoir des effets indirects sur le marché du gaz. Les exportations algériennes de gaz vers les Etats-Unis ne seraient pas directement touchées car les tarifs douaniers annoncés exemptent les importations d’énergie (pétrole, gaz). De plus, les Etats-Unis ne sont pas un marché majeur pour le gaz algérien.

Du côté de l’OPEP+, plusieurs membres ont annoncé une hausse de leur production de 411 000 barils/jour à partir de mai 2025. Cette décision, combinée aux craintes liées aux taxes douanières, a créé une amplification baissière pour les cours, avec une offre excédentaire face à une demande incertaine.

A moyen terme, les experts prédisent la persistance de cette pression baissière des prix du pétrole. Un rebond partiel est toutefois possible, si l’OPEP+ décide de réduire sa production pour stabiliser les prix. Membre actif de l’OPEP+, l’Algérie pourrait plaider pour une révision des quotas de production après la décision surprise d’augmenter l’offre. Un réajustement des volumes exportés est à même de stabiliser les cours.

Sur le plan géopolitique, face à ces tensions liées aux droits de douane américains, l’Algérie mise sur le renforcement de ses partenariats avec l’Europe (notamment l’Italie et l’Espagne, principaux clients) et explore de nouveaux débouchés en Asie ou en Afrique pour réduire sa dépendance aux marchés volatils.

Au-delà des répercussions sur le marché des énergies fossiles, s’ajoute également l’impact sur l’Algérie de la baisse de la valeur du dollar suite aux taxes douanières décidées par Trump. Les exportations d’hydrocarbures étant libellées en dollar, une dépréciation du dollar réduirait leur valeur convertie en dinars algériens, affectant le budget de l’Etat et les réserves de change qui risquent de perdre en pouvoir d’achat face à l’euro et au yuan, rendant les importations en provenance d’Europe ou d’Asie plus coûteuses.

Les autres leviers sont strictement internes : l’Algérie est contrainte, à court terme, de s’astreindre à adopter une discipline budgétaire et à une utilisation stratégique de son Fonds de régulation des recettes (FRR). Conçu pour absorber les chocs pétroliers, le FRR a déjà prouvé son aspect vital lors de crises passées, en servant à couvrir les déficits budgétaires immédiats causés par la baisse des recettes pétrolières. Toutefois, l’utilisation de ce fonds devrait être temporaire, ciblée et prudente pour éviter un épuisement rapide.

Aussi, un tour de vis sur le contrôle des importations s’impose en limitant les importations de biens non essentiels et promouvoir les substituts locaux (agriculture, industries légères), ce qui pourrait préserver les réserves de change. Ces chocs externes pourraient enfin avoir comme avantage d’inciter à accélérer la mise en œuvre des réformes liées à la diversification et à la transition énergétique.   
 

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