La spéculation bat son plein à l’approche de l’Aïd El Adha : Le mouton hors de prix

26/06/2022 mis à jour: 01:13
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Photo : B. Souhil et Sami K.

Dans certains points de vente à la périphérie d’Alger, les prix du mouton commencent de 45 000 DA pour dépasser les 120 000 DA, soit près de 6 fois le Salaire minimum garanti (SNMG). Les éleveurs expliquent cette flambée par les aléas touchant la filière. Des associations, à l’instar d’El Amar, réclament la régulation du secteur.

A moins de vingt jours de la célébration de l’Aïd El Adha, les prix du mouton flambent. Sur les quelques points de vente que nous avons visités à la périphérie de la capitale, les prix oscillent entre 35 000 et 65 000 DA.

«Les moutons ont pratiquement doublé de prix. Nous n’avons pas de mouton à 25 000 DA comme l’année dernière ou celle d’avant. Nous ne sommes que des revendeurs. Nous avons nos fournisseurs de plusieurs wilayas, dont Ain Defla, Tiaret et Djelfa. Nous ne faisons que récupérer nos charges de transport et d’aliment avec une marge de bénéfice qui ne dépasse pas les 2000 à 3000 DA», déclare Dahmane, revendeur de bétail dans la commune de Birtouta, à l’ouest d’Alger.

Chez certains vendeurs les prix commencent de 45 000 DA pour dépasser les 120 000 DA, soit près de 6 fois le salaire minimum garanti (SNMG). M’hamed, fonctionnaire à Boumerdès, déclare avoir trouvé une solution pour faire face à la hausse des prix du mouton : payement par facilité.

«Cela fait deux ans que je n’ai pas procédé au sacrifice. Mes enfants attendent cette année avec impatience et je ne peux pas les décevoir. J’ai commandé mon mouton pratiquement avant le mois de Ramadhan. Depuis le mois de mars, j’ai commencé à faire mes versements à un ami éleveur pour pouvoir finaliser mes paiements durant ce mois de juin. Acheter un mouton par facilité était mon unique solution», souligne ce père de cinq enfants.

Les éleveurs, acculés, expliquent les raisons de la hausse des prix par les aléas de la filière. «Nous sommes, chaque année, accusés à tort de la flambée des prix. Nous comprenons tout à fait ce type d’attitude, étant donné que les gens ignorent les aléas de la filière d’élevage. Un mouton prêt pour le sacrifice est passé par plusieurs étapes tout au long de l’année. C’est un animal qui a besoin de nourriture, de bonnes conditions de vie et de traitement en cas de besoin ou de maladie», souligne Mohamed Boukarabila, membre du bureau national de la Fédération nationale des éleveurs. Comment permettre aux citoyens de sacrifier le mouton de l’Aïd sans grever leur budget ?

Hacène Menouar, président de l’association El Aman, plaide pour une régulation profonde du marché en mettant en place une stratégie qui prend en charge toutes les constantes liées à cette fête, y compris les fluctuations de prix de l’aliment de bétail à l’étranger.

«Installer des cellules d’organisation de la fête»

«Nous avons à peu près 9 millions de ménages qui ont besoin, à la veille de l’aïd, de quelques 5 à 6 millions de têtes pour honorer ce rituel. Ce chiffre prend en considération la présence de la pauvreté qui touche le tiers des familles algériennes. Pour les prix, il faut savoir que nos moutons sont les plus chers de tous nos voisins.

Un mouton algérien coûte le double d’un mouton en Mauritanie ou en Libye», déclare M. Menouar qui appelle les autorités responsables du secteur à installer une cellule d’organisation de cette fête qui prendrait en considération la disponibilité du cheptel, les points de vente et aussi la mise en place des espaces dédié au sacrifice dans les espaces urbains.

Pour le premier point, il propose la transformation des grands parkings, tels que celui des Sablettes (Alger) en espace de vente temporaire, à défaut d’avoir des marchés hebdomadaires de bestiaux. Il propose également d’imposer aux nouveaux promoteurs immobiliers d’inclure dans le projet un espace dédié au sacrifice de moutons.

Il appelle également les autorités à assister les éleveurs toute l’année et accentuer le contrôle pour éviter la multiplication des intermédiaires et de facto la hausse injustifiée des prix. Une oreillette de traçabilité et une facturation sont ainsi obligatoires pour réduire l’impact de la contrebande et de la spéculation. 

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