La présidence suspend le traité d’amitié avec l’Espagne : Alger durcit le ton contre Madrid

09/06/2022 mis à jour: 08:20
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Photo : D. R.

L’Algérie a décidé «de procéder à la suspension immédiate du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération», signé le 8 octobre 2002, a indiqué un communiqué de la présidence de la République, rendu public hier. La crise entre l’Algérie et l’Espagne a été déclenchée par le gouvernement espagnol qui, le 18 mars dernier, avait décidé de considérer que «le plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental est la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend».

Les relations algéro-espagnoles semblent se détériorer de plus en plus. Après le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en Espagne, le 19 mars dernier, à la suite du «brusque revirement» de la position du gouvernement espagnol par rapport au Sahara occidental, l’Algérie a décidé «de procéder à la suspension immédiate du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération», signé le 8 octobre 2002, a indiqué un communiqué de la présidence de la République, rendu public hier.

«Les autorités espagnoles se sont engagées dans une campagne tendant à justifier la position qu’elles ont adoptée sur le Sahara occidental en violation de leurs obligations juridiques, morales et politiques de puissance administrante du territoire qui pèsent sur le royaume d’Espagne jusqu’à ce que la décolonisation du Sahara occidental soit déclarée accomplie par les Nations unies», a indiqué le communiqué.

Pour Alger, ces «mêmes autorités qui assument la responsabilité d’un revirement injustifiable de leur position depuis les annonces du 18 mars 2022, par lesquelles le gouvernement espagnol actuel a apporté son plein soutien à la formule illégale et illégitime de l’autonomie interne préconisée par la puissance occupante, s’emploient à promouvoir un fait accompli colonial en usant d’arguments fallacieux».

Une attitude du gouvernement espagnol qui «s’inscrit en violation de la légalité internationale que lui impose son statut de puissance administrante et aux efforts des Nations unies et du nouvel envoyé personnel du Secrétaire général et contribuent directement à la dégradation de la situation au Sahara occidental et dans la région».

A cet effet, «l’Algérie a décidé de procéder à la suspension immédiate du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération qu’elle a conclu le 8 octobre 2002 avec le royaume d’Espagne et qui encadrait jusqu’ici le développement des relations entre les deux pays», conclut le communiqué de la Présidence.

La crise entre l’Algérie et l’Espagne a été déclenchée par le gouvernement espagnol qui, le 18 mars dernier, avait décidé de considérer que «le plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental est la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend».

Un revirement qui avait surpris plus d’un, vu que l’Espagne, auparavant, et depuis 1975, prônait la neutralité dans ce conflit opposant le Maroc au Front Polisario. Une attitude qui avait, par conséquent, fait réagir le ministère algérien des Affaires étrangères qui, dès le lendemain, c’est-à-dire le 19 mars, a annoncé que l’Algérie a décidé de «rappeler son ambassadeur à Madrid pour consultations, avec effet immédiat».

«Très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental, les autorités algériennes, surprises par ce brusque revirement de position de l’ex-puissance administrante du Sahara occidental, ont décidé le rappel de leur ambassadeur à Madrid pour consultations avec effet immédiat», avait indiqué le département de Ramtane Lamamra dans un communiqué.

Un mois plus tard, l’Envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb au ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Amar Belani, a signalé que «le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Madrid sera tranché souverainement par les autorités algériennes dans le cadre de clarifications préalables et franches pour reconstruire une confiance sérieusement abîmée». Il semblerait que les choses n’ont pas évolué depuis.

D’où, finalement, cette décision prise par les autorités algériennes de suspendre «immédiatement» le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération liant les deux pays. La crise entre l’Algérie et l’Espagne semble donc s’installer dans la durée.

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