Durant toutes les guerres qu’ils ont connues depuis 1948, les Palestiniens ont fait preuve d’un attachement indéfectible à leur culture. Même pendant les pires épreuves sous l’occupation sioniste et les sièges les plus impitoyables, ils ont tenu à leur identité et leurs traditions.
Depuis le 7 octobre dernier, marquant le début d’une guerre haineuse menée par l’Etat sioniste à Ghaza, la culture est devenue l’autre front de la résistance. Artistes-peintres, poètes, nouvellistes, romanciers, cinéastes, comédiens, documentaristes, critiques et autres acteurs culturels témoignent, chaque jour à travers leurs œuvres, des atrocités commises contre la population civile.
Dans ce contexte de guerre, le ministère de la Culture palestinien, dirigé par l’écrivain Atef Abu Seif, qui s’est retrouvé lui-même à Ghaza dès les premiers bombardements, publie régulièrement des textes tirés du vécu quotidien reflétant la résistance pour la survie, mais aussi les actes de militantisme culturel.
Lors de ces durs mois, la culture a aussi connu ses moments les plus tristes, avec la disparition tragique de 41 martyrs. Dans un récent communiqué paru sur son site officiel, le même ministère a rappelé que les bombardements ont causé d’importants dégâts aux édifices culturels à Ghaza, dont 24 centres culturels, 195 bâtisses historiques, 10 mosquées et églises, 8 maisons d’édition et imprimeries et 3 studios de production audiovisuelle.
Conscients de leur importance pour faire connaître au monde la justesse de leur cause, les Palestiniens, regroupés en organisations bénévoles et mécènes, multiplient les initiatives pour enseigner et transmettre aux jeunes les valeurs culturelles de leur pays. Des actions qui sont porteuses de messages politiques dénonçant les conséquences de l’occupation israélienne.
Elles expriment surtout une volonté très forte de s’affirmer, malgré les contraintes imposées par l’Etat sioniste à travers les myriades de contrôles et le refus d’accorder les autorisations de sortie aux artistes invités à représenter la culture de leur peuple dans diverses manifestations à l’étranger.
Dans des villes palestiniennes, dont la plupart existent depuis l’Antiquité, des associations militent pour la sauvegarde du patrimoine culturel à travers l’ouverture d'écoles de musique, des galeries d’art, des ateliers de danse et de théâtre ainsi que des bibliothèques pour enfants dans des maisons historiques restaurées, ce qui fait partie aussi d’un plan de préservation du patrimoine bâti.
Il y a également le phénomène des cafés littéraires ayant connu un essor favorisant le travail primordial des conteurs, dont le rôle est essentiel pour la sauvegarde de la mémoire collective. Il faut dire que pour un peuple qui a connu tous les drames des guerres, la culture demeure l’une de ses armes capitales.
Chose qui a fait dire à Nabil El Haggar, réfugié palestinien et acteur culturel en France : «Aux Palestiniens, il ne reste que la culture et l’éducation pour rester debout, se sentir individuellement responsable et penser leur humanité afin de pouvoir la préserver ; cette résistance artistique et culturelle devient le socle sur lequel la société palestinienne devrait poser son projet pour lutter contre l’occupation et construire son avenir.»