Malgré la multitude de mesures prises, que ce soit pour agir directement sur les prix, en déstockant des quantités non négligeables ou en luttant contre la supposée spéculation, en procédant à la saisie de certaines quantités stockées, parallèlement à l’adoption d’une loi anti-spéculation, le marché reste instable et les prix maintiennent toujours leur hausse.
Les prix des produits alimentaires, notamment les fruits et légumes, sont toujours en hausse. Si les tensions autour de l’huile de table, un produit qui a nécessité, entre autres, la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire, se sont dissipées ces derniers temps, ce n’est pas le cas de la pomme de terre, par exemple, dont le prix tourne ces derniers jours au niveau de plusieurs régions du pays, dont la capitale, autour de 130 DA. Plusieurs autres produits agricoles connaissent la même tendance haussière.
Hormis le cas de quelques rares produits, comme la carotte et l’oignon, qui sont proposés à près de 50 DA le kilogramme, tous les autres sont affichés à plus de 100 DA. On citera, par exemple, les tomates et le poivre à 130 DA, la courgette entre 100 et 120 DA, l’aubergine à 150 DA ou les petits pois entre 130 et 150 DA.
Pour ce qui est des fruits c’est pire encore. Si l’orange est proposée à près de 120 DA, les prix de tous les autres fruits de saison sont affichés à plus de 200 DA. La banane a même atteint ces derniers jours un pic de 450 voir 500 DA.
Pour revenir à la pomme de terre, un produit de très large consommation, il est clair aujourd’hui que toutes les mesures prises par les autorités n’ont eu jusque-là que très peu d’effet. C’est vers le mois d’octobre dernier que son prix avait atteint les 120 DA.
Le ministère du Commerce, qui avait évoqué la spéculation, avait pris certaines mesures, notamment le déstockage d’importantes quantités, outre les opérations de contrôle qui ont ciblé les dépôts de stockage et les marchés de gros, et ce, afin de faire baisser les prix jusqu’à 60 DA. Une opération qui a coïncidé avec l’entrée sur le marché de la production de certaines régions du pays, comme El Oued, ce qui avait contribué à stabiliser plus ou moins les prix.
Or, cela n’a finalement pas duré longtemps. Depuis trois semaines, son prix est reparti graduellement à la hausse pour s’établir ces derniers jours autour de 120-130 DA le kilogramme. Un véritable problème pour beaucoup de ménages, d’autant plus que le mois de Ramadhan, où la pression est encore plus importante sur les produits alimentaires, approche.
Le 11 février dernier, le directeur de l’organisation des marchés et des activités commerciales au ministère du Commerce avait indiqué que son département «envisage de prendre des mesures rigoureuses» à l’encontre des agriculteurs qui refusent de procéder au ramassage de leurs récoltes.
Des ultimatums ont été lancés. Celui-ci a même rappelé le contenu de la loi sur la spéculation récemment adoptée, qui prévoit des peines de prison à l’encontre des spéculateurs. Mais sans effet palpable. Le dérèglement du marché des fruits et légumes dure donc depuis plusieurs mois.
Des membres du secrétariat général de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA) ont indiqué, le 1er mars, dans une déclaration reprise par l’agence officielle, que la «spéculation dans les prix» est due au «nombre important d’intermédiaires».
Dans tous les cas de figure, malgré la multitude de mesures prises, que ce soit pour agir directement sur les prix, en déstockant des quantités non négligeables, ou en luttant contre la supposée spéculation, en procédant à la saisie de certaines quantités stockées, parallèlement à l’adoption d’une loi antispéculation, le marché reste instable et les prix maintiennent toujours leur hausse.
Les ménages algériens sont soumis à une forte pression depuis plusieurs mois en raison de cette tendance haussière qui touche les prix de quasiment tous les produits, hormis ceux qui sont plafonnés bien entendu, même si ceux-là connaissent aussi épisodiquement (huile) ou plus fréquemment (lait en sachet) des problèmes de disponibilité.
En somme, les récentes mesures prises pour freiner l’érosion du pouvoir d’achat, comme la réduction de l’IRG sur les salaires, ne suffisent pas, selon plusieurs syndicats, pour compenser le préjudice subi à cause de cette inflation galopante.