Le rejet de la normalisation des relations avec Israël a été exprimé par les manifestants, mettant les dirigeants dans une mauvaise posture.
La nouvelle agression de Ghaza par l’occupant israélien met à mal les pays arabo-musulmans ayant normalisé leurs relations avec l’Etat hébreu. Elle a aussi refroidi ceux qui s’apprêtaient à rejoindre le club des «normalisateurs». En effet, l’exacerbation du conflit et l’ampleur des crimes de guerre commis par les Israéliens, comme souligné par de nombreuses ONG internationales, dont Amnesty International, commencent à changer la donne concernant les rapports entre les pays arabes et Israël.
Le premier signe de ce changement apparaît avec la décision de l’Etat juif de retirer ses diplomates dans les pays où il dispose de représentations officielles. Selon plusieurs médias étrangers, Israël a demandé à ses diplomates en poste en Turquie, aux Emirats arabes unis, en Jordanie, au Maroc, de rentrer à Tel-Aviv par «mesure de sécurité».
«Il s’agit d’une mesure temporaire et qui devrait être de courte durée», a insisté une source citée par l’agence de presse française (AFP). Israël, ajoute la même source, avait appelé, mercredi dernier, ses ressortissants à quitter la Turquie «dès que possible pour leur propre sécurité, évoquant des ‘‘menaces terroristes’’ croissantes pour ses concitoyens à l’étranger, selon le consulat de l’Etat hébreu à Istanbul».
Selon cette source, l’alerte sécurité pour les voyageurs israéliens en Turquie a été «élevée au niveau 4, le plus élevé». «A la lumière de la montée continue des menaces terroristes contre les Israéliens à l’étranger (…), tous les Israéliens séjournant en Turquie doivent partir au plus tôt», avait également mis en garde le Conseil national de sécurité israélien dans un communiqué officiel.
Ces décisions interviennent dans un contexte marqué par la colère des opinions publiques des pays arabo-musulmans suscitée par les massacres des Palestiniens dans la bande de Ghaza. Lors de manifestations organisées depuis le 7 octobre dans plusieurs pays ayant normalisé leurs relations avec Israël, les manifestants ont dénoncé ouvertement le maintien des rapports avec ce pays. C’était le cas au Maroc, en Egypte, en Jordanie et en Turquie.
Dans ces deux derniers pays, les manifestants ont assiégé les consulats et les ambassades d’Israël et ont demandé leur fermeture, surtout après le bombardement d’un hôpital à Ghaza. Le rejet de la normalisation des relations avec Israël a été également exprimé par les manifestants dans ces pays, mettant leurs dirigeants dans une mauvaise posture.
Ils donnent, en tout cas, l’impression d’être complètement groggy, au point de ne plus savoir quelle position prendre devant ce génocide avéré. Il n’y a ni rupture des relations ni condamnation ouverte des massacres israéliens. Même lors des réunions interarabes, ces pays font le forcing pour mettre l’agresseur et l’agressé sur le même pied d’égalité.
C’était le cas lors de la dernière réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, où certains pays ont réussi à introduire dans le communiqué final «la condamnation des massacres de civils des deux côtés».
Cette nouvelle agression semble avoir également freiné d’autres pays qui étaient en négociations avancées avec l’Etat hébreu pour une normalisation des relations, à l’instar de l’Arabie Saoudite. Mais ils ne sont pas allés jusqu’à annoncer ouvertement l’abandon de ce projet.