Le 11 mai dernier, le Programme alimentaire mondial (PAM) annonçait qu’en juin 60% des personnes assistées par l’agence en Palestine, soit 200 000 personnes, seront privées de cette aide faute de financements. Fin mai, le Conseil de sécurité de l’ONU réagit au cri de détresse de cette organisation onusienne et promet une solution dans les meilleurs délais, mais rien ne fut.
Des milliers de familles nécessiteuses de Ghaza et de Cisjordanie n’ont pas reçu en effet les 100 dollars par personne, qu’ils reçoivent mensuellement pour subvenir à leurs besoins alimentaires de base. Pire. La même source a annoncé sur son site internet que «d’ici au mois d’août, le PAM sera contraint de suspendre complètement ses opérations en Cisjordanie et à Gaza s’il ne reçoit pas de fonds».
En Palestine, 1,84 million d’individus, soit 35 % de la population, se trouvent dans une situation d’insécurité alimentaire. L’aide du PAM représente en moyenne près de la moitié de ce que les gens dépensent pour se nourrir. Si cette aide est coupée, le tiers de la population n’aura plus de quoi manger.
La situation est particulièrement grave à Ghaza où le chômage touche 45% de la population, et où deux personnes sur trois ont du mal à mettre de la nourriture sur la table, indique le PAM. «Aux temps désespérés, il faut des mesures désespérées. Nous n’avons pas d’autre choix que d’utiliser les ressources limitées dont nous disposons pour répondre aux besoins des familles les plus vulnérables.
Elles souffriront de la faim sans aide alimentaire», a déclaré Samer Abdeljaber, représentant du PAM et directeur de pays en Palestine. Le PAM a besoin d’urgence de 51 millions de dollars pour maintenir son aide alimentaire et financière en Palestine jusqu’à la fin de l’année.
«Le soutien continu des donateurs nous a permis de fournir une bouée de sauvetage aux Palestiniens et de mettre en place des solutionsalimentaires durables en Palestine. Nous devons maintenant, plus que jamais, veiller à ce que le travail ne s’arrête pas», a déclaré M. Abdeljaber.
Au moment où l’économie palestinienne est neutralisée par la guerre totale que mène l’armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés, les sanctions arbitraires infligées par le gouvernement de Benyamin Netanyahou et l’inflation mondiale, la guerre en Ukraine complique davantage la situation en réduisant les fonds accordés par les pays occidentaux au peuple palestinien.
En effet, l’aide financière occidentale est concentrée depuis une année sur l’Ukraine à l’exclusion de la Palestine et d’autres pays où les peuples sont en souffrance. La guerre est prioritaire pour les Européens notamment. Des diplomates s’exprimant sur les colonnes du journal israélien Haaretz ont affiché ce cynisme en déclarant la priorité accordée désormais à Kiev et au financement des armées des pays membres de l’OTAN. Un malheur ne vient jamais seul pour les Palestiniens.
De son côté, l’agence de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) se trouve au bord de l’effondrement financier. A la prochaine rentrée scolaire, l’agence ne sera pas capable de rouvrir les 140 établissements scolaires qu’elle dirige ni les 70 centres de santé, toujours faute de financements.
Une catastrophe pour les centaines de milliers de Palestiniens concernés. Lors de la conférence sur l’avenir de la Syrie organisée cette semaine à Brussel par l’Union européenne, l’un des responsables de l’UNRWA, Karim Amer, a pressé les participants à inclure dans leur assistance les quelque 450 000 Palestiniens réfugiés sur le territoire syrien.
Les détenus administratifs en grève de la faim à partir de dimanche
Les détenus administratifs palestiniens ont décidé d’entamer une grève de la faim à partir de dimanche, pour dénoncer l’injustice et les graves violations de leurs droits par l’administration pénitentiaire de l’entité sioniste.
Dans un communiqué relayé par l’agence de presse Wafa, l’Association des détenus administratifs palestiniens (Addameer) a indiqué que cette action a aussi pour but d’attirer l’attention de la communauté internationale, afin de contraindre l’occupant sioniste à mettre un terme à sa politique odieuse.
«Cette pratique de détention oppressive des Palestiniens dans les prisons d’occupation n’est pas un cas isolé mais plutôt un pilier d’une politique systématique. Une telle politique ouvre la voie à l’emprisonnement arbitraire de Palestiniens sans inculpation ni procès», a, en outre, écrit l’Association, appelant «les personnes éprises de justice à travers le monde à aider à faire entendre la voix des détenus administratifs palestiniens et à faire connaître leur cause».
«Ecrivez à vos représentants et demandez à vos gouvernements respectifs de faire pression (sur l’entité sioniste) pour interdire et mettre fin à cette politique systématique d’oppression contre les Palestiniens», a-t-elle ajouté.
Selon l’Addameer, la détention administrative des Palestiniens a connu des niveaux jamais égalés au cours de ces deux dernières décennies. «Il y a, en effet, 1083 Palestiniens, dont 19 enfants, qui croupissent dans les geôles de l’occupation en vertu de cette politique», a noté l’Association. (APS)