Des experts de l’Unesco l’ont recommandée : Création d’une agence unique pour sauver La Casbah

22/02/2022 mis à jour: 03:55
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80% du cadre bâti de La Casbah est classé en zone rouge, selon le CTC

Des experts de l’Unesco, réunis en 2018 lors d’une rencontre internationale sur la conservation et la revitalisation de La Casbah d’Alger, ont préconisé la création d’une agence unique chargée de la gestion du dossier de La Casbah d’Alger en vue d’améliorer ses performances à travers une vision basée sur le développement durable. 

La cheffe d’unité des Etats arabes au Centre patrimoine mondial de l’Unesco, Nada El Hassan, a présenté, les recommandations issues de ce forum, notamment la création d’une instance unique destinée à la gestion de la vieille cité en plus de réduire la bureaucratie et d’accélérer sa réhabilitation.

 Aux yeux des experts de l’Unesco, l’agence préconisée devrait être dotée d’un «pouvoir de décision rapide» et regrouper toutes les disciplines en une «structure unique» afin que les opérations de réhabilitation ne soient plus «fragmentaires», mais inscrites dans un plan d’ensemble cohérent. 

La gestion du dossier de la restauration et de réhabilitation de La Casbah d’Alger était sous la tutelle du ministère de la Culture avant son transfert en 2016 à la Wilaya d’Alger qui assure, depuis, la gestion de ce dossier du patrimoine matériel. Le ministère continuait, cependant, d’assurer l’appui et le suivi techniques. En 2018, les experts de l’Unesco réunis à Alger avaient relevé «la perte d’un temps précieux et de moyens humains et financiers importants» engagés depuis des années, «sans résultat» dans les différentes opérations de sauvegarde. 

Fin 2020, un conseil interministériel a été consacré à l’examen du dossier relatif à la sauvegarde de la Casbah d’Alger en présence de plusieurs ministres, notamment ceux de la Culture, de l’Habitat et du Tourisme ainsi que du wali d’Alger. L’ancien Premier ministre, Abdelaziz Djerrad, avait insisté sur l’importance à accorder au volet institutionnel dédié à la gestion du programme de réhabilitation et de sauvegarde de La Casbah d’Alger dont l’organisation doit être en «capacité à répondre aux exigences de la coordination permanente des différents intervenants» dans ce programme. La participation des associations de la société civile dans l’approche des objectifs des programmes d’investissements et de l’évaluation de leur réalisation a été également soulignée lors de cette réunion interministérielle. 

Ilôt d’espoir

Après de longues années d’attente, de déboires administratifs et de fragilisations du centre historique habité de La Casbah d’Alger, le plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur commence, pour la première fois cette année, à se concrétiser dans la zone habitée grâce aux efforts du bureau d’architecture «Mehdi Ali-Pacha» spécialisé dans le patrimoine. Cette agence d’architecture a livré récemment un premier ilôt de quatre maisons entièrement restaurées selon les normes d’usage, comprenant la demeure historique de la famille Bouhired M’barek dans La Casbah d’Alger, un haut lieu historique qui a servi de refuge à des figures emblématiques de la guerre de libération nationale. Pour ce premier chantier en œuvre d’ilot, tous les matériaux utilisés, allant de la brique aux boiseries, sont produits en Algérie dans différentes régions du pays. 

La priorité a été donnée aux artisans de La Casbah d’Alger dans un souci de proximité et d’encouragement pour la prise en charge de la céramique, des pièces en cuivre et autre matériau. Dans cet îlot, le résultat se rapproche simplement de la renaissance de ruines menaçantes par leurs murs éventrés et étayées par des poutre en bois ou en métal, à de belles demeures mauresques ou mixtes, solides, authentiques et arborant fièrement une nouvelle parure de céramique, de marbre, de boiserie et même un mobilier. Quatre maisons qui démontrent qu’il est possible d’avancer et de restaurer La Casbah d’Alger en comptant sur des compétences algériennes. 

Plan de sauvegarde

La Casbah d’Alger avait bénéficié d’un plan permanent de sauvegarde et de valorisation (PPSMV) approuvé par le gouvernement en février 2012, en vue de réaménager le site historique de la ville, classé en 1992, patrimoine universel de l’humanité par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). 

Ce plan considéré comme modèle aux autres secteurs sauvegardés en Algérie, avait bénéficié d’une première enveloppe de 26 milliards de dinars, sur un budget global de 90 milliards de dinars. Il vise à restituer à La Casbah d’Alger son visage authentique et à proposer des solutions définitives pour la protection de ce centre historique et culturel et pour le maintien d’une partie de ses habitants dans leurs demeures. Ce même plan prévoit, conformément aux normes, de reconstruire quelque 400 vieilles maisons détruites, avant de passer à l’étape de la restauration des maisons, des mosquées ou encore des constructions datant de l’époque coloniale. 

La Casbah d’Alger compte plus de 1800 constructions, dont celles de l’époque «coloniale» et plus de 550 douirette. Près de 80% de la globalité ont été classées en zone rouge, selon un rapport du Contrôle technique de la construction (CTC). 

De nombreuses opérations avaient permis de restaurer des palais ottomans comme Dar Mustapha Pacha, Dar Khedaoudj El Amia, Dar El Kadi ou Dar Essouf, des mosquées comme celle de Ali Betchine, Sidi Ramdane, une des plus anciennes de La Casbah, ou plus récemment la célèbre mosquée Ketchaoua. 

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