Conflit russo-occidental sur l’Ukraine : Les Etats-Unis et l’Europe mènent leur guerre du gaz contre Moscou

26/03/2022 mis à jour: 02:24
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La Commission européenne cherche à diminuer des deux-tiers les importations européennes de gaz russe dès cette année

Les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) ont annoncé hier la création d’un groupe de travail visant à réduire la dépendance de l’Europe envers les énergies fossiles russes, rapporte l’AFP. Washington s’efforcera, en coopération avec «des partenaires internationaux» de fournir à l’Europe 15 milliards de mètres cubes supplémentaires de Gaz naturel liquéfié (GNL) en 2022, dans le cadre de cette initiative dévoilée par le président américain Joe Biden et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, selon un communiqué.

 La Commission européenne cherche à diminuer des deux-tiers les importations européennes de gaz russe dès cette année, et à s’en affranchir complètement «bien avant 2030», grâce à des obligations de remplissage des réserves, des économies d'énergie, des achats groupés de gaz et une diversification des fournisseurs. 

Dans le cadre du groupe de travail annoncé vendredi, l’Exécutif européen travaillera avec les Etats membres «dans le but de garantir, au moins jusqu'en 2030, une demande d'environ 50 milliards de m3 par an de GNL américain supplémentaire». «Cette task force s'emploiera à assurer la sécurité énergétique de l’Ukraine et de l’UE en prévision de l’hiver prochain et du suivant», a indiqué également le communiqué commun. 

L’UE est pressée par Kiev et par certains Etats membres, dont les pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) et la Pologne, d’adopter des sanctions sévères pour stopper les importations d’hydrocarbures russes et priver de ce fait la Russie de sa principale ressource économique. 

Washington a déjà imposé un embargo sur le gaz et le pétrole, le 8 mars. Mais de nombreux Etats européens y restent opposés, en raison de la forte dépendance du continent : quelque 45% des achats européens de gaz viennent de Russie, c’est le cas pour 55% des importations allemandes, ainsi que l’essentiel des approvisionnements de Finlande, Hongrie et République tchèque. 

Moscou fournit environ 150 milliards de mètres cubes de gaz chaque année à l’UE, dont environ 15 milliards de m3 de GNL. 

«Guerre hybride totale»

Les Etats-Unis n’ont représenté au premier semestre 2021 que 6,3% des importations européennes totales de gaz, mais ils sont déjà le plus grand fournisseur de gaz naturel liquéfié à l’UE. «Nous avons été capables de prendre cette décision (d'un embargo), alors que d'autres ne le pouvaient pas, parce que nous sommes un exportateur net d’énergie, avec un secteur puissant (dans les hydrocarbures)», a indiqué J. Biden devant la presse vendredi. 

Washington «salue l'ambitieux engagement de l'UE à réduire sa dépendance au gaz russe, et nous nous sommes entendus sur un plan d'action commun pour contribuer à cette objectif (…)», a-t-il ajouté. 

Un peu plus tard, le président américain est arrivé en Pologne pour une visite de deux jours en provenance de Bruxelles où il a pris part la veille à trois sommets (Otan, UE et G7).

De son côté, le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a estimé hier que les dirigeants européens ont adopté contre la Russie une attitude hitlérienne. 

«On nous a déclaré une véritable guerre hybride totale. Ce terme qu'utilisait l'Allemagne hitlérienne est désormais prononcé par beaucoup de politiciens européens lorsqu'ils expliquent ce qu'ils veulent faire de la Russie», a-t-il affirmé, lors d’une réunion avec des représentants d’une fondation diplomatique russe. 

«Ils ne cachent pas leurs objectifs : détruire, casser, anéantir, étouffer l’économie et la Russie dans son ensemble», a poursuivi le diplomate. 

Pour sa part, le Kremlin a accusé le président américain de vouloir «détourner l’attention» du programme d’armement chimique et biologique américain en Ukraine avec ses déclarations sur un possible recours par la Russie aux armes chimiques en Ukraine.

«Il est clair que les Américains tentent de détourner l’attention en parlant d’une prétendue menace russe, sur fond du scandale provoqué (...) par les programmes de développement des armes chimiques et biologiques que les Etats-Unis ont mis en place dans plusieurs pays, y compris en Ukraine», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. 

Joe Biden a promis jeudi une réaction de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) en cas d’utilisation d’armes chimiques par la Russie en Ukraine. Le chef de la diplomatie russe a assuré de son côté que les Américains «mènent ces activités dans le plus grand secret» en créant des laboratoires «tout au long du périmètre de la Russie et de la Chine». 

Plus tard, le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan, a déclaré à bord d’Air Force One que les Etats-Unis «n’ont pas l’intention d’utiliser des armes chimiques quelles que soient les circonstances», c’est-à-dire même si la Russie en emploie en Ukraine. 

Pour sa part, le président russe, Vladimir Poutine, a comparé la déprogrammation dans les pays occidentaux de personnalités et d’événements culturels russes aux autodafés orchestrés par les nazis. 

«La dernière fois, ce sont les nazis en Allemagne, il y a près de 90 ans, qui ont mené une telle campagne de destruction d›une culture indésirable. On se souvient bien des images des livres brûlés sur les places publiques», a-t-il dit, lors d’une rencontre avec des personnalités de la culture.

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