Bataille diplomatique

21/04/2024 mis à jour: 05:58
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Les réunions du Conseil de sécurité de l’ONU se suivent et se ressemblent, coincées structurellement dans un paramétrage inégalitaire des pouvoirs d’arbitrage et de décision. L’entrain de certains de ses membres non permanents arrive cependant à faire bouger les lignes.

 L’Algérie réalise à ce titre un parcours des plus remarqués depuis son accession, début janvier dernier, au club des 15 (5 membres permanents et 10 non permanents), bousculant l’agenda du cénacle et imposant avec régularité un ordre du jour qui parvient à dépasser la partition figée de l’organe exécutif de la mère des institutions internationales.

 L’introduction par la mission diplomatique algérienne, à la fin de la semaine dernière, d’un projet de résolution de l’Assemblée générale de l’ONU, portant sur l’adhésion de l’Etat de la Palestine comme membre à part entière de l’institution, et sa soumission à débat et au vote au sein du Conseil de sécurité, illustre cette volonté d’aller au-delà du cycle itératif de réactions à des événements qui, de toute façon, ne sont que trop rarement influencés, encore moins déterminés, par les délibérations. 

La demande a bien évidemment été rejetée, malgré le vote favorable d’une douzaine de membres, dont quatre permanents, par ce recours prévisible du parrain américain d’Israël au maudit veto. 

Le Conseil a certes «échoué» à adopter la résolution, comme titré par de nombreux organes médiatiques dans le monde, mais l’occasion a eu le mérite de mettre dans l’embarras une diplomatie américaine qui aurait bien préféré s’épargner un énième alignement circonstancié sur les intérêts de Tel-Aviv au moment où elle déploie de grands efforts pour soigner son image écornée sévèrement par le sponsoring de la guerre livrée depuis plus de six mois aux Palestiniens. 

En mars dernier, la même mission diplomatique algérienne avait multiplié les initiatives et finalement réussi à porter au niveau du même Conseil un projet de résolution sur un cessez-le-feu à Ghaza, après l’échec de plusieurs tentatives antérieures initiées par d’autres membres de l’institution.

 La résolution validée par le vote favorable de quatorze membres, les Etats-Unis avaient cette fois consenti l’abstention pour ne pas entraver son adoption. La formule proposée par la délégation algérienne avait été travaillée de manière à anticiper l’argumentaire d’opposition au texte, si bien que le rejet ne pouvait être assumé qu’assorti d’un mépris caractérisé de la Charte des Nations unies et du droit international.

 Ce que Washington a évité de se permettre pour ne pas aggraver son isolement diplomatique et ses conséquences majorées, par ailleurs, par son incapacité patente à infléchir la politique sanguinaire de son protégé israélien. 

L’on se souvient que le gouvernement de Tel-Aviv, son excitée extrême droite notamment, avait vertement réagi à ce qui fut perçu comme un renoncement des Etats-Unis à leurs fondamentaux diplomatiques au Moyen-Orient en laissant passer une résolution à la défaveur de l’Etat hébreu, en période de guerre qui plus est. Sur les 86 veto dégainés par les Etats-Unis depuis la création de l’ONU en effet, plus de la moitié ont été consacrés à préserver Israël et à lui garantir l’impunité. 

Les réunions du Conseil de sécurité se suivent et se ressemblent compte tenu de l’énorme déséquilibre structurel en matière de représentation internationale et de l’hégémonisme historique des «fondateurs».

 Les marges de manœuvre qui restent à ses membres non permanents, pour étroites qu’elles sont, peuvent permettre des parenthèses qui remettent en force sur la table la problématique du droit international et confondre les limites imposées à sa mise en œuvre. Et l’Algérie arrive à le faire avec beaucoup d’inspiration et de réussite jusqu’à présent. 

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