L’aide acheminée vers la bande de Ghaza est insuffisante pour l’ONU, qui veut 100 camions par jour pour les 2,4 millions de Ghazaouis privés de tout.
Un premier convoi d’aide humanitaire, venant d’Egypte, est entré, hier, à Ghaza, au 15e jour de l’agression israélienne, alors que le nombre des martyrs ne cesse d’augmenter. L’aide est sortie d’Egypte à bord de 20 camions, selon l’ONU, via le terminal de Rafah, la seule porte de Ghaza qui ne soit pas aux mains d’Israël, après un accord annoncé, mercredi dernier, par le président américain, Joe Biden.
Côté palestinien, 36 semi-remorques se sont dirigés vers la partie égyptienne du terminal, pour charger les premières cargaisons. Mais l’aide acheminée est insuffisante pour l’ONU qui veut 100 camions par jour pour les 2,4 millions de Ghazaouis privés de tout. L’entrée de 20 camions convenue entre Le Caire et Washington n’est qu’une «goutte d’eau dans l’océan des besoins», avait mis en garde, à Genève, Michael Ryan, directeur des urgences de l’Organisation mondiale de la santé.
Plus d’une centaine de camions chargés de tonnes d’aide internationale, dont près d’un millier de tonnes de produits alimentaires d’urgence du PAM (Programme alimentaire mondial) sont massés depuis des jours entre l’Egypte et Ghaza. Le patron de l’ONU, Antonio Guterres, a réclamé, hier, un «cessez-le-feu humanitaire» pour «mettre fin au cauchemar». «Les Ghazaouis ont besoin de beaucoup plus, un acheminement massif d’aide est nécessaire», a-t-il précisé lors du Sommet pour la paix organisé au Caire.
L’ONU a notamment pointé le besoin de livrer du carburant, vital pour le territoire palestinien où s’entassent quelque 2,4 millions d’habitants. La porte du terminal de Rafah a été refermée du côté égyptien, après le passage d’un premier convoi humanitaire alors que plusieurs dizaines de binationaux attendent par ailleurs du côté palestinien l’autorisation de gagner l’Egypte.
Les Etats-Unis ont exhorté «toutes les parties de laisser le point de passage de Rafah ouvert pour que soit acheminée de manière continue une aide indispensable au bien-être de la population de Ghaza», a déclaré le secrétaire d’Etat Antony Blinken.
Preuves de crimes de guerre (ONG)
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a réclamé, hier, «un accès humanitaire durable et ininterrompu par le poste-frontière de Rafah», après le passage du premier convoi humanitaire. L’aide humanitaire comprend «des médicaments, du matériel de traumatologie pour 1200 personnes et des kits de traumatologie portables pour stabiliser jusqu’à 235 personnes blessées», a souligné l’OMS dans un communiqué.
Sur le terrain, le bombardement incessant de la bande de Ghaza par l’armée d’occupation israélienne s’est poursuivi dans la nuit de vendredi à samedi. Elle a annoncé avoir touché «des centres de commandement, des lanceurs de missiles antichars et des infrastructures stratégiques du Hamas», ainsi que des tireurs et des observateurs postés dans des immeubles.
Dans la bande de Ghaza, le ministère de la Santé a fait état, hier, de 4385 Palestiniens, majoritairement des civils, tombés en martyrs dans les bombardements meurtriers menés par l’armée israélienne. Parmi eux figurent, selon lui, 1756 enfants. Il a dénombré, en outre, 13 561 blessés. L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a indiqué qu’au moins 17 de ses employés figurent parmi les victimes.
L’aviation israélienne a bombardé, ces dernières heures, plusieurs positions du Hezbollah au Liban Sud, en réponse à des tirs de roquettes et de missiles antichars, selon l’armée israélienne, qui n’a pas avancé de bilan. L’ONG Amnesty International a annoncé, hier, avoir relevé «des preuves accablantes» de crimes de guerre commis, selon elle, par les forces israéliennes dans la bande de Ghaza.
«Nous ne partirons pas !»
«Attaquer un immeuble résidentiel rempli de civils, au cœur d’un quartier densément peuplé, pourrait constituer une attaque indiscriminée. Les attaques indiscriminées qui tuent et blessent des civils sont des crimes de guerre», a-t-elle dénoncé. Après la libération des deux otages américaines, le Hamas a réitéré sa promesse de relâcher les étrangers qu’il détient dans la bande de Ghaza «lorsque les circonstances le permettent».
Sur le plan diplomatique, les dirigeants palestinien, jordanien et égyptien réunis au Caire aux côtés, notamment, des dirigeants européens Charles Michel et Josep Borrell, ont, pour leur part, plaidé pour un «cessez-le-feu» et une «solution» à 75 ans de conflit israélo-palestinien.
Abdallah II de Jordanie a réclamé «un cessez-le-feu immédiat». «C’est un message très dangereux. Le monde arabe l’entend clairement : les vies palestiniennes valent moins que les vies israéliennes. Nos vies valent moins que d’autres vies (...) les droits humains ont des limites : ils s’arrêtent aux frontières, aux races et aux religions», a-t-il fustigé.
Pour sa part, le président égyptien, Abdel Fattah Al Sissi a, lui, affirmé que «l’unique solution à la question palestinienne est la justice», affirmant le «droit» des Palestiniens «à établir leur Etat». De son côté, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a réclamé «la fin de l’occupation des Territoires palestiniens par Israël et la solution à deux Etats» avec, pour les Palestiniens, Jérusalem-Est actuellement occupée et annexée par Israël comme capitale. «Nous ne partirons pas, nous ne quitterons pas la Palestine. Nous resterons sur notre terre», a-t-il insisté.
A noter que le président algérien Abdelmajid Tebboune a décliné l’invitation de son homologue égyptien, Abdel Fattah Al Sissi de participer à ce sommet. Le président américain, qui ne participe pas à ce sommet, tout comme Israël, avait indiqué lors d’une visite-éclair, mercredi à Tel-Aviv, que la guerre entre Israël et le Hamas renforçait sa «détermination» pour une solution à deux Etats.
Depuis plusieurs jours, l’Egypte et la Jordanie ont dénoncé l’ordre israélien d’évacuer les Palestiniens du nord de la bande de Ghaza vers le sud frontalier de l’Egypte. Ils y voient un premier pas vers «un déplacement forcé» des Palestiniens vers le Sinaï égyptien, ce qui équivaudrait à «une deuxième Nakba», selon
Mahmoud Abbas.