Adhésion de la palestine à l'onu : Guterres, avocat de la Ligue arabe ?

02/11/2022 mis à jour: 18:54
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Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations unies

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, présent aux travaux du Sommet arabe d’Alger en qualité «d’invité d’honneur» a reconnu, mardi, dans une déclaration à la presse à l’issue de l’audience que lui a accordée le président Abdelmadjid Tebboune, que sa présence au Sommet se veut l’expression, à la fois des sentiments de «solidarité» et de «gratitude» à l’endroit de l’Algérie et de la volonté de l’instance onusienne de nouer « un partenariat très important » avec la Ligue des Etats arabes dans la perspective de «la réalisation de la sécurité, de la paix et du développement dans le monde». C’est par ces quelques mots, diplomatiques, que le secrétaire général de l’ONU a commenté le sens et la portée de sa présence, doublement symbolique, à ses yeux, au Sommet d’Alger dont la tenue coïncide avec la célébration du 60e anniversaire du déclenchement de la Guerre de Libération nationale. En mars 2019, Antonio Guterres faisait part devant les dirigeants arabes, réunis au 30e sommet de la Ligue des Etat arabes, à Tunis, de la même volonté des Nations unies de «soutenir les aspirations (…) de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient dans un esprit de solidarité et d’unité pour construire la paix et la prospérité » tout en réaffirmant «les liens étroits entre l’ONU et les peuples du monde arabe». Lors de ce sommet de Tunis, le SG de l’ONU a appelé les dirigeants arabes à œuvrer pour «éviter de laisser la région vulnérable aux ingérences de parties étrangères ayant des effets déstabilisateurs, à défendre les droits de l’homme pour tous, les libertés fondamentales et les valeurs démocratiques». Sur le conflit du Moyen-Orient, il avait évoqué, sans ambages, «l’impératif d’une solution à deux Etats, vivant côte à côte, dans des frontières sûres et reconnues, avec Jérusalem comme capitale des deux Etats». Tout ou presque a été dit lors de ce sommet : sur «les vents turbulents » qui soufflent sur le Yémen, la Syrie, la «montée et la chute de Daesh», et le «déni persistant du droit du peuple palestinien à l’autodétermination». Trois ans plus tard, au Sommet d’Alger, le secrétaire général de l’ONU s’est montré peu prolixe, ses propos sont lénifiants, prudents et, quasiment, de circonstances. Il s’est contenté de professions de foi, soulignant la nécessité de mettre fin à «la souffrance persistante» en Palestine, pour que « la paix avance et que cesse l’occupation », exhortant à intensifier l’aide aux réfugiés palestiniens dans le cadre de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui traverse une crise financière « menaçant son existence ». Le contexte géopolitique arabe miné par les divisons entre ses membres - des divisions qui se sont dangereusement exacerbées, à l’ombre du processus de normalisation des relations de certaines capitales arabes avec l’entité sioniste -, les conflits interarabes au Yemen, au Sahara occidental, mais aussi en Syrie , en Libye sur lesquels il n’y a pas de plans de règlement consensuel sont autant de facteurs qui expliquent le ton mesuré du SG de l’ONU. Cependant, si l’organisation onusienne est réellement soucieuse de jeter les bases de relations fécondes avec le monde arabe, tel que souhaité par son secrétaire général à Alger, l’opportunité est offerte par le Sommet d’Alger qui a tracé le cadre et la voie de cette coopération, à travers les décisions et les recommandations des chefs d’Etat, des souverains et représentants des Etats membres de la Ligue arabe. A commencer par l’annonce faite par le président Tebboune de la mise en place d’une commission arabe en vue de soutenir et d’accompagner une demande de la Ligue arabe auprès du Conseil de sécurité de l’ONU visant l’admission de l’Etat de Palestine en tant que membre à part entière au sein de l’organisation onusienne. Que peut faire le secrétaire général de l’ONU , connaissant ses prérogatives, face au pouvoir régalien du Conseil de sécurité par rapport aux délibérations sur les dossiers internationaux qui lui sont soumis ? Sa marge de manœuvre est, certes, limitée, mais elle n’est pas à sous-estimer. C’est tout l’intérêt autour du débat sur les réformes de l’organisation onusienne auxquelles appellent des pays, comme l’Algérie, qui aspirent à une démocratisation des relations internationales et de la prise de décision au sein de l’ instance onusienne phagocytée par certaines puissances qui en font un instrument au service de leur hégémonisme et de leurs intérêts . Plus de 50 Etats membres des Nations unies n’ont jamais siégé au Conseil de sécurité. C’est tout dire. La demande de l’élargissement des membres du Conseil de sécurité à des espaces géographiques qui en sont exclus, dans la composante actuelle, s’inscrit dans une perspective d’équité entre les membres de la communauté internationale, pour prendre en main le destin de l’humanité, dans un esprit de saine coopération et de solidarité qui constituent la raison d’être et la vocation des organisations internationales et régionales . 

Sur bien des dossiers : sur les conflits du Sahara occidental, du Moyen-Orient, force est de constater que l’Union africaine a montré qu’elle est plus à l’avant-garde que l’ONU qui est censée être l’organisation super-structurelle de gestion des relations internationales. On a vu le sort réservé à la tentative soutenue par le Maroc d’imposer l’admission de l’entité israélienne au sein de l’UA en tant que membre observateur ! La Ligue des Etats arabes gagnerait aussi à s’inspirer et à suivre l’exemple de l’UA et de ses avancées notables sur les questions de décolonisation et des droits de l’homme. O. B.


 

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