Le ministère du Commerce et celui de l’Industrie travaillent de concert pour définir les critères de répartition du quota de véhicules, basés principalement sur les besoins du marché, la préservation des réserves de change, les demandes des opérateurs et leur engagement dans l’acquisition et la distribution des quotas.
La relance du secteur automobile en Algérie, amorcée par un projet gouvernemental de restructuration, connaît un rythme à deux vitesses. Si les hautes autorités misent sur le pari d’un projet industriel automobile accompagné d’un écosystème de sous-traitance local, le volet lié à l’importation de véhicules neufs, censé combler l’urgence du marché, ne semble pas connaitre le même sort.
En arrière-plan de ce renouveau qui contraste avec une hibernation de plusieurs années, il y a l’exercice de 2024 qui a été du moins décevant, jalonnée de rebondissements, d’annonces sans lendemain et qui s’est soldé par une chute vertigineuse de l’offre en véhicules neufs. Cet inénarrable dossier d’importation de véhicules neufs, qui a tant nourri les débats, n’a toutefois pas encore connu son épilogue, et personne ne sait à quoi s’en tenir.
Seule une certitude laisse entendre qu’il apparait aujourd’hui comme une nécessité absolue de lever la suspension sur ce dossier pour booster le marché, qui n’est au demeurant qu’un retour à la normale. Certes, l’annonce s’éternise, et les échéances du nouveau quota n’ont pas été communiquées, néanmoins le «niet catégorique» n’a pas été officiellement prononcé par les responsables du secteur. Pour les acteurs de la scène automobile et les observateurs avertis, cette hypothétique laisse les voies ouvertes au dénouement de la situation.
Politique économique
Pour preuve, les concessionnaires automobiles ont reçu durant la fin de l’année écoulée une notification via la plateforme numérique du ministère de l’Industrie, les invitant à déposer leur programme prévisionnel d’importation pour l’année 2025. La directive ministérielle reçue par les concessionnaires automobiles vise à finaliser les derniers détails du quota d’importation pour 2025. De son côté, le ministre du Commerce, Tayeb Zitouni, a précédemment affirmé que l’importation des voitures dépendra de quatre critères essentiels. Ces éléments tiendront en considération les besoins du marché et la performance des concessionnaires pour assurer une régulation efficace du marché.
Le volume des besoins du marché sera évalué pour répondre à la demande locale. En outre, les concessionnaires devront démontrer leur capacité à importer et distribuer les quotas alloués en 2023. Entre autres, il y a les capacités financières des opérateurs qui seront prises en compte afin de garantir leur fiabilité.
Le département du commerce semble vouloir tabler sur une poursuite de la courbe décroissante de la facture d’importation. Des conditions «qui reflètent l’adoption d’une politique économique intégrée et contrôlée, et non une politique d’austérité», comme l’a annoncé le ministre du Commerce Tayeb Zitouni, lors d’une séance plénière au sénat en 2024.
Le responsable avait confirmé également qu’un quota a été défini pour satisfaire les besoins croissants du marché local. Il a, en outre, assuré que son ministère travaillait en étroite collaboration avec celui de l’Industrie pour définir les critères de répartition du quota, basés principalement sur les besoins du marché, la préservation des réserves de change, les demandes des opérateurs et leur engagement dans l’acquisition et la distribution des quotas de l’année.
A cet égard, il faudrait donc s’attendre à une baisse dans le volume du quota accordé. Si l’exercice de l’année 2023 a enregistré un volume de 180 000 véhicules répartis sur les 24 concessionnaires agréés pour une facture de 1,9 milliard de dollars, tout porte à croire qu’il n’en serait pas le cas pour celui de cette année.
En octobre 2024, l’ancien ministre de l’Industrie, Ali Aoun, avait clairement répondu au courrier du député Abdelkader Berriche que «la rareté actuelle de véhicules incite effectivement à assurer l’approvisionnement du marché national en recourant à l’importation, et ce, en attendant le développement des activités locales de production automobile». Il a également demandé quelles solutions seraient appropriées, ainsi que le calendrier de la reprise des importations pour les quotas de 2024 et 2025, compte tenu des besoins des citoyens en voitures et de la hausse des prix des voitures d’occasion, qui a perturbé l’équilibre du marché automobile en Algérie.
Le ministre de l’Industrie, Sifi Gherieb, qui devra intervenir dans les prochains jours en réponse au courrier formulé le 16 février par un parlementaire au sujet de citoyens n’ayant pas reçu leurs véhicules commandés depuis 16 mois chez le concessionnaire Geely, donnera certainement plus de visibilité sur les contours de ce dossier. A ce sujet, la direction de Geely précise que sur 28 000 commandes enregistrées durant l’exercice de 2023 (sur un quota accordé de 39 000 véhicules), seul 11 000 clients ont été livrés. A fortiori, rien que ce pourcentage laisse deviner le potentiel qui reste encore à exploiter. L’espoir reste donc permis en 2025.