Hier, dernière journée de cotation de la semaine, les cours de l’or noir ont ouvert en hausse par rapport à la clôture de jeudi, mais demeuraient très instables durant la séance. Les indices Brent et WTI étaient en voie d’enregistrer des baisses hebdomadaires respectives d’environ 3% sur la semaine, après avoir tous deux perdu environ 11% la semaine dernière, dans le sillage des «hostilités commerciales» lancées par l’administration américaine.
A l’ouverture de la séance matinale, le Brent s’échangeait à 63,57 dollars, en légère hausse par rapport au prix de 63,22 dollars affiché jeudi, alors que le pétrole américain (WTI) progressait en début de séance européenne à 60,14 dollars le baril, en hausse par rapport au seuil de 59,85 dollars affiché à la clôture de jeudi. Les contrats à terme sur le brut Brent ont ensuite augmenté à 63,71 dollars le baril en milieu de matinée, tandis que ceux sur le brut américain West Texas Intermediate progressait à 60,45 dollars. Durant l’après-midi, le Brent est passé sous les 63 dollars le baril tandis que le WTI était coté à peine au-dessus de 59 dollars. Les valeurs restaient très instables. Le Brent, qui est passé sous la barre des 60 dollars le baril mercredi en cours de cotation, son plus bas niveau depuis février 2021, reste depuis très fragilisé, les cours passant du vert au rouge par saccades.
Une situation très inquiétante pour le marché pétrolier. La Chine a annoncé, hier, qu’elle imposerait un tarif de 125% sur les produits américains à partir d’aujourd’hui, contre 84% annoncés précédemment, après la décision du président américain, Donald Trump, d’augmenter les tarifs à la Chine à 145%. Trump a suspendu les lourds droits de douane imposés à des dizaines de partenaires commerciaux, mais un conflit prolongé entre les deux plus grandes économies du monde est susceptible de réduire les volumes d’échanges mondiaux et de perturber les routes commerciales, pesant sur la croissance économique mondiale et réduisant la demande de pétrole.
Certains analystes s’attendent, selon Reuters, à ce que les prix restent sous pression, alors que les investisseurs évaluent les négociations commerciales en cours et les tensions croissantes entre Washington et Pékin. L’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) a abaissé, le 10 avril 2025, ses prévisions de croissance économique mondiale et a averti que les droits de douane pourraient peser lourdement sur les prix du pétrole. Elle a également revu à la baisse ses prévisions de demande pétrolière américaine et mondiale pour cette année et l’année prochaine. L’impact des tarifs douaniers pourrait être «catastrophique» pour les pays en développement, a déclaré pour sa part le directeur de l’Agence commerciale des Nations unies.
La persistance de la chute des prix du pétrole durant les semaines à venir, au vu de l’imprévisibilité des décisions américaines et des ripostes de ses rivaux commerciaux, risque de nuire également aux pays producteurs, dont les économies sont basées sur le commerce pétrolier.
Quels risques pour les pays pétroliers ?
Les risques touchent y compris les plus gros producteurs, dont l’Arabie Saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, dont le prix d’équilibre budgétaire est de 91 dollars le baril, selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI). «Alors que les prix du Brent ont chuté à 63 dollars le baril, les principaux producteurs de la région du Golfe, ainsi que le Brésil et le Nigeria cherchent à contenir les conséquences de la chute des prix. La Banque centrale russe a déjà signalé que la baisse des prix du pétrole pourrait affecter son économie.»
Selon Oil Price, un baril de pétrole à 60 dollars est inférieur de 20 à 30 dollars environ au prix dont ont besoin de nombreux grands exportateurs de pétrole du Golfe pour équilibrer leur budget.
Pour notre pays, les risques économiques sont également présents. Ils pourraient s’aggraver au cas où la chute des prix du pétrole se poursuit et conduit, durant une longue période, à des valeurs trop basses, comme ce fut le cas la semaine dernière, lorsque le Brent a chuté brièvement en dessous de 60 dollars le baril.
La loi de finances pour l’année 2025 a été établie sur la base d’un prix de référence du pétrole brut à 60 dollars/baril sur la période 2025-2027, alors que le prix du marché du baril a été maintenu à 70 dollars sur la même période. Face à cette situation l’Opep+ – qui a décidé la semaine dernière, en pleine tourmente commerciale mondiale, de remettre sur le marché, plus rapidement que prévu, les quantités de pétrole soustraites volontairement par huit de ses membres – n’a pas encore réagi. La prochaine réunion ordinaire de l’Organisation et de ses alliés est prévue le 5 mai 2025. Zhor Hadjam