Ils interpellent le Premier ministre : Des députés dénoncent «une grave pénurie» de médicaments

18/09/2023 mis à jour: 08:22
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Photo : D. R.

Les ruptures qui touchent plusieurs produits pharmaceutiques font aussi bouger les députés. Dénoncée par des professionnels depuis des mois, la situation devient intenable, comme la décrit un groupe de 51 parlementaires qui ont adressé, le 14 septembre, une question orale au Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane.

Dans le document, posté sur les réseaux sociaux par le délégué des signataires, en l’occurrence Abdelouahab Yacoubi, il est fait état d’une «grave pénurie» qui concerne une liste de 132 médicaments, dont certains indispensables pour les patients atteints de maladies chroniques. «Aujourd’hui, en tant que délégué de 51 députés de l’Assemblée populaire nationale, j’ai soumis une interpellation du gouvernement concernant la pénurie des médicaments nécessaires à la préservation de la vie des citoyens, et j’ai joint une courte liste de 132 médicaments indisponibles», écrit l’élu sur la page Facebook, en joignant le texte adressé au premier responsable de l’Exécutif.

Le document cite une partie des produits qui sont en rupture depuis des mois, dont le Flucotrac 50 (pour l’hyperplasie congénitale des surrénales), le Glucagon (diabète), le Sintrom, le Lasilix 500 mg et son générique Fursan 500 mg (maladies cardiaques), le Nivolumab (oncologie), la Phyntanyle (anesthésiant) et les anesthésiants dentaires.

Les signataires déplorent, lit-on dans le texte, «la dégradation du niveau des soins et de la santé publique pour les Algériens en général, et en particulier ceux à revenus faibles et moyens, car ils constituent le groupe dominant de la société». «Nous assistons à une perturbation majeure de l’approvisionnement du marché du médicament (pharmacies et établissements hospitaliers) en produits préventifs pour traiter les maladies chroniques et incurables», insistent les 51 parlementaires.

Ces derniers évoquent une «situation déplorable» qui «n’est que le résultat logique de la restriction drastique des importations, qui a été adoptée sans étude préalable de ses effets sur la nation et le citoyen, jusqu’à ce que la situation atteigne une situation qui ne peut être tolérée de l’exposition de la vie des citoyens au danger».

«Préservation de la santé du citoyen»

«La préservation de la santé étant l’un des droits fondamentaux les plus importants des citoyens et l’un des devoirs constitutionnels les plus obligatoires de l’Etat envers ses citoyens», rappellent-ils.

En insistant sur «la gravité de cette pénurie», les auteurs soulignent «ses conséquences désastreuses sur la santé des citoyens, en plus du nombre croissant de plaintes et d’amertumes» ainsi que «le sentiment d’abandon vécu par les patients et de leurs familles». Ils relèvent aussi les «conséquences psychologiques et sociales qui en découlent». «Nous tirons la sonnette d’alarme, car il y a devoir d’assistance à personnes en danger en activant ce mécanisme de contrôle constitutionnel d’interpellation du gouvernement sur cette situation critique», précisent-ils.

L’alerte des députés intervient après celle des professionnels qui n’ont pas cessé, depuis plusieurs semaines, d’interpeller les autorités. Durant la semaine dernière, le président de l’Ordre national des dentistes algériens, Mohamed Réda Dib, a décrit, dans une lettre au chef de l’Etat, une «situation chaotique» induite par les faibles quantités importées d’anesthésiants dentaires qui ne suffisent pas à couvrir la demande. Des pharmaciens interrogés à Alger affirment également que cette pénurie concerne aussi des produits ophtalmiques qui ne sont plus disponibles depuis des mois.

Pour sa part, le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) avait saisi, en juillet dernier, le président Abdelmadjid Tebboune pour lui faire part des préoccupations des différents corps de la santé publique impactés par ces pénuries. Ce syndicat fait état «de pénuries et de ruptures de stock de plusieurs médicaments et matériels médicaux, comme les antibiotiques, les anesthésiants dentaires, les abaisse-langues et les traitements pour maladies chroniques».

Le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, a, à maintes reprises démenti l’existence de pénuries de médicaments en Algérie. Il s’est exprimé, depuis le début de cette année, sur l’indisponibilité de l’anesthésie dentaire et de l’insuline. Il a affirmé, début 2023, en séance plénière de l’APN, que «la fin 2021 a enregistré une pénurie de près de 400 médicaments» et que «la fin 2022 n’a pas connu de pénurie»

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